Les dirigeants africains et les "biens mal acquis" en France

Publié le 23 avril 2016 à 13h10
Les dirigeants africains et les "biens mal acquis" en France

JUSTICE - Dans l'enquête des "biens mal acquis", des biens immobiliers appartenant à la famille Bongo, au pouvoir au Gabon depuis 1967, ont été saisis en France.

L'enquête dite des "biens mal acquis", qui porte sur les conditions d'acquisition de riches patrimoines en France par des chefs d'Etat africains, a conduit à la saisie de biens immobiliers appartenant à la famille de l'ex-président gabonais Omar Bongo et de son successeur et fils Ali Bongo. "Enfin le chapitre Bongo s'ouvre. Il ne fait que commencer.", s'est félicité Maître Bourdon, avocat de Transparency International France.

Les juges ont récemment saisi une société civile immobilière, la SCI Émeraude, selon des sources judiciaire et proches du dossier. Selon plusieurs sources, cette SCI est propriétaire d'une villa à Nice et d'un hôtel particulier à Paris, rue Dosnes (XVIe arrondissement). Par ailleurs, un bien immobilier appartenant à la famille de Denis Sassou Nguesso, président du Congo, et situé dans le XVIIe arrondissement à Paris, a également été saisi par les juges, ont indiqué vendredi 22 avril au soir des sources judiciaire et policière.

Détournements de fonds publics

Cette enquête des "biens mal acquis" a pour origine les plaintes déposées à partir de 2007 par plusieurs associations anticorruption, comme Sherpa ou Transparency International. Elles dénonçaient des détournements de fonds publics ayant permis à des chefs d'Etat africains de se constituer d'importants patrimoines en France. Elles visaient le Gabon, présidé à l'époque par Omar Bongo, le Congo et la Guinée-Equatoriale.

"Le président (Ali Bongo) l'a répété à plusieurs reprises, il ne possède pas de biens à titre personnel en France", avait affirmé la présidence gabonaise en mars 2013, après des perquisitions en France. Des saisies avaient déjà eu lieu concernant la famille de Denis Sassou Nguesso, qui cumule plus de 32 ans à la tête du Congo, et celle du président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, au pouvoir depuis 1979, mais il s'agit des premières concernant le Gabon, selon William Bourdon, également président de Sherpa.

Plusieurs centaines de millions d'euros

Les juges ont mis en examen la gérante française de la SCI Émeraude, pour recel de blanchiment de détournement de fonds publics. Les juges d'instruction, aidés par les enquêteurs de l'Office central de répression de la grande délinquance financière (OCRGDF), ont listé de nombreux autres biens appartenant à la famille Bongo.

Selon un document sur les "biens mal acquis" publié en 2009 par Transparency International France, la famille Bongo et ses proches possédaient à l'époque en France "33 propriétés, la plupart dans les quartiers les plus chics de Paris, les autres sur la Côte d'Azur". Les contours de l'héritage d'Omar Bongo, dont Ali Bongo est légataire universel, sont encore mal cernés, mais les actifs identifiés s'élèveraient à plusieurs centaines de millions d'euros.

A LIRE AUSSI
>>  "On n'est pas couché" : pourquoi la petite phrase de Valls passe mal au Gabon
>>
Messi taclé par la Fondation des droits de l’homme pour son "soutien" au "dictateur" Ali Bongo


La rédaction de TF1info

Tout
TF1 Info