Les services de renseignements russes démentent tout projet d’invasion de l'Ukraine

par Maëlane LOAËC
Publié le 22 novembre 2021 à 17h28
Retrouvez le replay de l’émission Le Grand Jury du 21 novembre 2021 avec Jean-Yves Le Drian
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ESCALADE - Accusée de mobiliser des troupes à la frontière de l’Ukraine, la Russie a assuré lundi que ces déclarations étaient erronées, affirmant que ce déplacement de forces militaires “ne représente de menace pour personne”.

Alors que les pays occidentaux montent au créneau et partagent leur préoccupation, Moscou tente de dissiper les inquiétudes. Les informations selon lesquelles le pays préparerait une invasion de l’Ukraine seraient "absolument fausses", a affirmé lundi 22 novembre le service de renseignement extérieur de la Russie (SVR), s’en prenant en particulier aux États-Unis.

C’est en effet Washington qui a sonné l’alerte en premier, le 30 octobre dernier. Des responsables américains se sont inquiétés dans les colonnes du Washington Post d’un "nouveau renforcement" de la présence militaire russe aux frontières est de son voisin ukrainien. Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a ainsi réitéré samedi que les États-Unis avaient "de sérieuses inquiétudes sur les activités militaires inhabituelles de la Russie à la frontière avec l'Ukraine".

“Des informations absolument fausses”

"Les Américains brossent un tableau terrifiant avec des hordes de chars russes s'apprêtant à écraser des villes ukrainiennes, assurant qu'ils ont des ‘informations fiables’ sur de telles intentions de la Russie", a réagi le SVR dans un communiqué transmis aux agences de presse russes. Mais ces affirmations transmises aux alliés de Washington restent selon lui "des informations absolument fausses sur une concentration de forces sur notre territoire en vue d'une invasion militaire de l'Ukraine". Moscou avait déjà plusieurs fois démenti toute ambition d’invasion, le Kremlin dénonçant dimanche une "hystérie" américaine.

Ces déclarations, inhabituelles de la part des services secrets russes, tentent d’éteindre l’incendie, alors que l’escalade des tensions entre Moscou et les pays occidentaux se poursuit, six mois après le retour de mouvements de forces russes et d’exercices militaires à la frontière ukrainienne. L’Otan et l’Union européenne ont aussi exprimé ces dernières semaines leurs inquiétudes face à la mobilisation de troupes russes autour de l’Ukraine.

Invité du Grand Jury LCI-RTL-Le Figaro (voir la vidéo en tête de cet article), le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a indiqué dimanche que la France était “préoccupée de l’accumulation de forces aux frontières de l’Ukraine, à la limite du Donbass”, dans l’est du pays. “Nous avons prévenu que toute violation de la frontière ukrainienne et toute intrusion auraient des conséquences extrêmement graves pour la suite”, a-t-il mis en garde, décrivant “un voisin encombrant, parfois insupportable, mais avec lequel il faut parler”. 

Une guerre toujours en cours dans l’est de l’Ukraine

Les inquiétudes sont d’autant plus marquées que Kiev est en guerre depuis 2014 contre des séparatistes prorusses présents dans l’est du pays, que la Russie est accusée de soutenir militairement, ce qu’elle nie. Le conflit, qui avait éclaté peu après l'annexion de la Crimée par Moscou, a fait plus de 13.000 morts à ce jour.

"Tout mouvement de troupes russes dans les limites de notre territoire ne représente de menace pour personne et ne devrait inquiéter personne", a tenté de rassurer lundi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Avant d’allumer un contre-feu : il a en retour accusé l'Ukraine de "provocations croissantes", affirmant que le pays avait recours à "l’utilisation d'armes fournies (à Kiev) par des pays de l'Otan".

Ce n’est pas la première déclaration russe en ce sens. La semaine passée, le président russe Vladimir Poutine avait reproché aux Occidentaux d'attiser selon lui les tensions le long des frontières orientales de l'Ukraine et en mer Noire en y menant des exercices militaires. Il a également affirmé que des bombardiers occidentaux avaient approché à 20 km de la Russie. 

Au-delà du front ukrainien, les crispations se multiplient entre Washington et Moscou, notamment après un tir anti-satellite russe le lundi 15 novembre dernier qui a déstabilisé la station spatiale internationale, jugé "dangereux et irresponsable" par le gouvernement américain. Et ce, en dépit de la volonté d’apaisement affichée par Vladimir Poutine et son homologue américain Joe Biden.

Les tensions grimpent aussi entre le Kremlin et ses voisins européens, qui l’accusent, toujours aux côtés des États-Unis, d’avoir laissé la Biélorussie acheminer des milliers de migrants à la frontière polonaise pour déstabiliser l’Europe, voire d’avoir encouragé cette manœuvre, étant le principal soutien de Minsk.


Maëlane LOAËC

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