L'otage John Cantlie est-il devenu le reporter des islamistes pour survivre ?

Publié le 16 novembre 2014 à 17h08
L'otage John Cantlie est-il devenu le reporter des islamistes pour survivre ?

SYRIE – Alors que l'État Islamique a annoncé la décapitation d'un nouvel otage occidental, l'un des prisonniers des djihadistes a trouvé une solution pour échapper au sort de ses compagnons de cellule.

C'est une nouvelle mise en scène sordide qu'ont découverte les occidentaux dimanche. Dans une vidéo publiée sur Internet, les terroristes de l'Etat Islamique affirment avoir exécuté une vingtaine d'otages, dont l'américain Peter Kassig . De quoi réduire encore un peu plus les espoirs des derniers otages aux mains de Daesh (le nom arabe du groupe djihadiste).

"Il savait que son gouvernement ne négocierait pas"

L'un d'entre eux semble toutefois avoir trouvé une solution pour assurer - pour l'instant - sa survie : Devenir la voix et les visages de ses geôliers aux yeux du monde occidental. John Cantlie, un journaliste britannique de 43 ans capturé le 22 novembre 2012, s'est ainsi mué au fil du temps en grand reporter au service de la propagande de l'Etat Islamique. Pour Didier François, reporter pour Europe 1 et ancien compagnon de cellule de Cantlie, c'est avant tout une mesure de survie. "Il savait que son gouvernement ne négocierait pas. Il nous a dit : 'il faut que je trouve une autre solution'. Ce n'est pas un intello, mais quelqu'un qui s'inscrit d'emblée dans la survie", explique-t-il à Paris-Match .

C'est d'ailleurs ce que disait le Britannique lui-même dans la première de ses vidéos , publiée le 18 septembre : "Vous pensez : 'il fait cela car il est prisonnier, il a un pistolet sur la tempe et a été forcé de faire ça.' Et bien c'est vrai. Je suis prisonnier, je ne peux pas le nier. Mais voyant que j'ai été abandonné par mon gouvernement et que mon sort repose entre les mains de l'Etat Islamique, je n'ai rien à perdre."

Mise en scène d'un véritable reportage

Depuis, il est apparu cinq autres fois à l'écran. Et si, à ses débuts, il portait la tenue orange réservée aux otages et se contentait de lire un texte assis derrière un bureau, la situation a radicalement changé dans la dernière vidéo, mise en ligne le 27 octobre : en chemise noire, le journaliste, qui a collaboré notamment avec le Sun et le Sunday Telegraph, s'adresse aux spectateurs devant des bâtiments en ruine présentés comme la ville de Kobané, théâtre d'une âpre bataille entre les djihadistes et les milices kurdes. L'ensemble est monté comme un véritable reportage, alternant plan serré sur le journaliste et images aériennes prises au moyen d'un drone.

Une chose est sûre pour l'instant : cette opération de propagande lui a permis d'acquérir une forte popularité auprès des membres de Daesh. Reste à savoir si elle lui permettra d'échapper au sort funeste des autres otages occidentaux.


La rédaction de TF1info

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