Mali : un village dogon "rasé" par des assaillants, une centaine de morts

Publié le 11 juin 2019 à 7h40
Mali : un village dogon "rasé" par des assaillants, une centaine de morts
Source : SEYLLOU / AFP

MASSACRE - Au moins 95 habitants ont été tués dans la nuit de dimanche à lundi dans un village dogon du centre du Mali. Un nouveau drame dans cette région en proie aux violences, deux mois et demi après un massacre de 160 Peuls.

Le Mali à nouveau touché par un massacre d'une rare cruauté. Deux mois et demi après un massacre de 160 Peuls, le village de Sobane-Kou, dans le centre du pays, a été "rasé" par des hommes armés non identifiés, selon un élu local. Le bilan est lourd : au moins une centaine d'habitants ont été tués parmi les 300 que compte habituellement cette localité.

"Nous avons pour le moment 95 civils tués, les corps sont calcinés, nous continuons de chercher des corps", a déclaré sous le couvert de l'anonymat un élu de la commune où se situe le village de Sobane-Kou. "Selon les civils, ce sont des hommes armés qui sont venus tirer, piller et brûler. C'est vraiment la désolation". "C'est un village dogon qui a été quasiment rasé", a expliqué une source sécuritaire malienne. De son coté, l'association de chasseurs dogons Dan Nan Ambassagou "a constaté (lundi) avec beaucoup d'indignation l'attaque barbare et ignoble commise sur le village de Sobane" et "condamne avec la dernière énergie cet acte terroriste et génocidaire intolérable".

 "Ce n'est pas à un cycle de vengeance, de vendetta, que ce pays doit être conduit", a déclaré à la télévision publique ORTM le président malien, en Suisse pour le centenaire de l'Organisation internationale du travail (OIT), annonçant qu'il écourtait son séjour. "IBK" (ses initiales) a appelé au contraire à des "retrouvailles" entre  Maliens, "qui seules vont nous permettre de rebondir et permettre à notre nation de survivre. Car nous sommes en question de survie", a-t-il estimé.

"C'est un choc, une tragédie"

Pour le chef de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma), ce drame illustre l'impuissance de l'Etat malien à empêcher les affrontements interethniques sur son sol. "C'est un choc, une tragédie" qui se produit "alors qu'on discute du renouvellement du mandat", a déclaré lundi au siège des Nations unies à New York le chef de la Mission, Mahamat Saleh Annadif. Une réunion sur les pays contributeurs de troupes à la Minusma est prévue mercredi après-midi aux Nations unies, dont le Conseil de sécurité doit se prononcer le 27 juin sur le mandat de cette force. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, recommande qu'elle ne soit pas réduite, malgré les appels des Etats-Unis.

Depuis l'apparition en 2015 dans le centre du Mali du groupe djihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l'agriculture, qui ont créé leurs "groupes d'autodéfense".  

Depuis janvier 2018, la Minusma a recensé 91 violations des droits humains commises par des chasseurs traditionnels contre des membres civils de la population peule, dans les régions de Mopti et de Ségou, ayant fait au moins 488 morts et 110 blessés. Inversement, des groupes armés d'autodéfense de la communauté peule ont commis 67 violations des droits humains contre la population civile de la région de Mopti dans la même période, ayant causé 63 morts et 19 blessés. Elles ont culminé le 23 mars avec le massacre à Ogossagou, près de la frontière burkinabè, de quelque 160 villageois peuls par des membres présumés de groupes de chasseurs dogons. Au lendemain de cette tuerie, le gouvernement malien avait prononcé la dissolution de "Dan Nan Ambassagou". Le groupe a démenti toute implication dans la tuerie mais son chef militaire, Youssouf Toloba, a rejeté cette dissolution et refusé de "déposer les armes".


La rédaction de TF1info

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