Mali : que sait-on des soldats à l'origine du coup d'Etat ?

par Cédric STANGHELLINI
Publié le 19 août 2020 à 12h45, mis à jour le 19 août 2020 à 15h44

Source : JT 13h Semaine

MUTINERIE - Après avoir pris le contrôle d’un camp militaire à proximité de Bamako et arrêté le président Ibrahim Boubacar Keïta et son Premier ministre, des militaires ont pris le pouvoir au Mali. Qui sont les hommes forts de ce coup d'Etat ?

La crise institutionnelle est totale au Mali. Le président Ibrahim Boubacar Keïta a présenté sa démission dans la nuit de mardi à mercredi, et le pouvoir est désormais assuré par des militaires du "Comité national de salut du peuple". Ces derniers ont annoncé qu'ils assuraient la continuité de l'Etat et des services publics. Un couvre-feu a également été instauré. 

Qui sont ces chefs de l'armée malienne désormais à la tête du pays ? Quelles sont leurs motivations ? Explications.

Qu'est-ce que le Comité National de Salut du Peuple ?

Les militaires putschistes sont rassemblés sous la bannière du CNSP, le Comité national de salut du peuple. Cette formation, qui n'existait pas avant le coup d'Etat, assure l'exercice du pouvoir après la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta, arrêté le 18 août.

Pour expliquer les motivations de ces mutins, un porte-parole du CNSP a dénoncé la dégradation de la sécurité dans le pays. "Des villages entiers sont brûlés, des paisibles citoyens massacrés. Nous déplorons tous les jours la perte de nos compagnons d'armes. L'horreur est devenue le quotidien des Maliens qui sont devenus des réfugiés dans leur propre pays en proie à toutes les difficultés existentielles".

"Les bases d'un Mali nouveau"

Le CNSP appelle les différentes forces politiques du pays à se rallier à son projet. "La société civile et les mouvements socio-politiques sont invités à nous rejoindre pour ensemble créer les meilleures conditions d’une transition politique civile conduisant à des élections générales crédibles pour l’exercice démocratique qui jettera les bases d’un Mali nouveau".    

Il assure ne pas vouloir mettre en place un régime militaire et veut programmer l'organiser de prochaines élections démocratiques. Mais aucune échéance n'a encore été communiquée à ce sujet. 

Qui sont les principaux leaders ?

Parmi les leaders du putsch, deux personnes occupaient une place importante à la base militaire de Kati, d'où est partie la mutinerie : le colonel Malick Diaw (chef-adjoint du camp) et le colonel Sadio Camara (ancien directeur de l'académie militaire). Selon la BBC, Malick Diaw aurait récemment participé à un entraînement en Russie et aurait adressé la demande de démission au président Keïta. Sadio Camara, présenté comme "le nouvel homme fort du Mali" par le site Mali Actu, s'était également rendu en Russie en début d'année.

Autre putschiste, le général Cheick Fanta Mady Dembele. C'est un ancien élève de l'école Saint-Cyr en France, également titulaire d'une licence en histoire de l'université Panthéon-Sorbonne. Il a été nommé en 2018 au poste de chargé de la gestion des conflits et de la planification stratégique à la Commission de paix et de sécurité de l'Union africaine, basée à Addis-Abeba, en Éthiopie.

Enfin, le colonel-major Ismaël Wagué est présenté comme le porte-parole du CNSP. C'est lui qui a lu la déclaration des putschistes à la télévision publique malienne. Il avait bénéficié d'une promotion dans l'armée en mars 2019 après un limogeage de nombreux militaires décidé par le désormais ancien président Keïta.  

Lors de la déclaration publique diffusée dans la nuit de mardi à mercredi, cinq personnes étaient présentes devant les caméras. Pour le moment, la répartition des rôles entre les hommes forts du putsch, ainsi que le processus de décision au sein du CNSP sont encore inconnus. 


Cédric STANGHELLINI

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