CHAOS - Un manifestant blessé par balle par un policier, un homme transformé en torche humaine, la circulation paralysée dans toute la ville... Hong Kong a connu ce lundi une des journées les plus violentes et chaotiques en cinq mois de mobilisation pro-démocratie.
L'ex-colonie britannique vit depuis cinq mois sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997, avec des manifestations quasi quotidiennes, et de plus en plus brutales. Ce lundi en est la démonstration la plus édifiante avec une succession d'événements tragiques, laissant augurer du pire pour les jours à venir.
Les manifestants, qui avaient multiplié les actions pour bloquer les transports au début de la semaine de travail, ont vivement réagi, lundi 11 novembre, à la vidéo, diffusée en direct sur Facebook et très largement reprise sur les réseaux sociaux, montrant l'un des leurs touché dans la matinée par un tir quasi à bout portant d'un policier dans le quartier de Sai Wan Ho, dans le nord-est de l'île de Hong Kong. La police a indiqué que l'homme se trouvait actuellement à l'hôpital, dans un état critique.
Un homme transformé en torche
Autre scène choquante, captée par des téléphones, ayant fait le tour des réseaux sociaux : celle d'un homme aspergé par un autre avec un liquide inflammable, transformé en torche humaine. Autant de visions de chaos.
Le porte-parole de la police John Tse a précisé lors d'une conférence de presse que l'homme transformé en torche dans le quartier de Ma On Shan, à une vingtaine de kilomètres au nord du quartier financier de Hong Kong, avait lui aussi été hospitalisé dans un état critique.
La police a accusé un manifestant d'être responsable de cette attaque, en accusant aussi des "émeutiers" de divers autres actes de violence, comme le fait d'avoir jeté un cocktail Molotov dans un train. De leur côté, de nombreux manifestants ont encore dénoncé un recours excessif à la force de la part de la police.
Cette fusillade de Sai Wan Ho n'a fait qu'attiser une situation déjà explosive. Une tension qui s'était déjà accrue après le décès vendredi d'un homme de 22 ans, Alex Chow, tombé cinq jours plus tôt dans des circonstances floues d'un parking à étages lors d'affrontements dans le quartier de Tseung Kwan O.
La propagation de cette vidéo du manifestant touché dans la matinée par un tir de policier des tirs a poussé de nombreux employés à se révolter et à descendre dans les rues au moment de leur pause déjeuner dans le quartier commerçant de Central, qui abrite nombre de grandes entreprises étrangères et de boutiques de luxe.
A feu et à sang
De là où nous sommes, via les réseaux sociaux, on assiste impuissant à des visions d'embrasement délétère qui rendent compte de l'état de Hong Kong en pleine convulsion sociale. A travers les vidéos à des personnes sur place et largement relayées, on peut voir des grenades lacrymogènes et des balles en caoutchouc tirées par la police dans de nombreux quartiers pour tenter de disperser les protestataires, et notamment sur des campus.
香港の金融とビジネスの中心地セントラルで、催涙弾が発射され、逃げ出す香港市民。 警察は命と安全を無視し、ただただ香港人を殺したいようにしか見えません。 pic.twitter.com/WrdAHnr26h — 周庭 Agnes Chow Ting 😷 (@chowtingagnes) November 11, 2019
Hong Kong right now. My friend who is there now sent me this video... #HongKong #HongKongProtest pic.twitter.com/Ssv1ugysf4 — 일리야 (@astra_on_t) November 11, 2019
Citizens covered a black clad girl who was almost caught by riot police in Central with their bodies, despite rounds of pepper spray in super close range. pic.twitter.com/jtymh3WKio — Xinqi Su 蘇昕琪 (@XinqiSu) November 11, 2019
De nombreux secteurs de la mégapole ont vu s'ériger des barrages sur les routes, alors que des radicaux vandalisaient des stations de métro et des sociétés accusées de faire le jeu du gouvernement local ou de Pékin. L'ensemble a eu pour conséquence de paralyser la circulation, créant un casse-tête pour les employés tentant d'aller au travail.
En dépit de 24 semaines consécutives de manifestations, l'exécutif local comme le gouvernement chinois persistent à refuser toute concession aux manifestants qui demandent notamment des réformes démocratiques et une enquête sur le comportement de la police. "#Tiananmen2019 a lieu à Hong Kong maintenant", s'exclame @ccccchp sur Twitter, en retweetant une vidéo où la police s'en prend violemment aux manifestants.