Maroc : deux Français condamnés pour terrorisme sur la base d'"aveux" douteux, dénoncent des ONG

Publié le 23 novembre 2016 à 13h49
Maroc : deux Français condamnés pour terrorisme sur la base d'"aveux" douteux, dénoncent des ONG
Source : SIPA / Illustration

JUSTICE - Des ONG accusent des tribunaux marocains d'avoir condamné dans des affaires distinctes deux citoyens français sur la base d'"aveux" écrits en arabe. Une langue que les deux hommes ne savent pas lire. L'un d'eux est rejugé en appel ce mercredi.

Lors de procès séparés, Thomas Gallay et Manuel Broustail ont été récemment condamnés par la justice marocaine à respectivement six et quatre ans de prison. En cause : des accusations liées au terrorisme. C'est en tout cas ce que prétendent les tribunaux marocains, dont la procédure a été critiquée lundi par des ONG. Les deux hommes ont en effet été condamnés sur la base d'"aveux" écrits en arabe. Une langue qu'ils ne savent pas lire.

Le procès en appel de l'un d'entre eux, Thomas Gallay, est prévu ce mercredi. Devant ses juges, le jeune homme devrait retracer son parcours depuis son arrivée au Maroc en décembre 2014. Ingénieur en micro-électronique, il avait obtenu le feu vert de son employeur pour travailler depuis l'étranger. En quête d'un logement, il fait la rencontre d'un Marocain avec lequel il va se nouer d'amitié. "Cet ami n’avait pas de famille autour de lui, et il peinait un peu à s’en sortir. Mon fils a eu un peu pitié de lui, il l’a laissé utiliser sa ligne internet, son ordinateur, et comme il gagne bien sa vie, il l’a aussi dépanné financièrement de quelques dizaines d’euros", a raconté à l'Obs la mère de Thomas Gallay. Les relations entre les deux hommes vont se distendre dans la foulée des attentats de janvier 2015 en France, que le jeune Marocain estime justifiés.

"Prétendues déclarations"

En février dernier, tout bascule pour Thomas Gallay. Il est interpellé à son domicile dans le cadre du démantèlement d'une prétendue cellule terroriste. La police lui refuse la présence d'un avocat et la possibilité de joindre sa famille. Mais surtout, il signe un procès-verbal, écrit en arabe, de ses "prétendues déclarations", toujours sans son avocat. En juillet, Thomas Gallay est reconnu coupable de fournir un soutien financier à des personnes - l'ami rencontré à son arrivée et à une connaissance de celui-ci- ayant voulu commettre des actes terroristes. "Au Maroc, même si la police vous empêche de lire 'vos aveux' ou qu'ils sont rédigés dans une langue qui vous est incompréhensible, une fois que vous les signez, vous voilà embarqué sur un train fou, destination prison", dénonce aujourd'hui Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du nord à Human Rights Watch (HRW).

"Ces affaires illustrent une pratique récurrente des tribunaux marocains qui est de se baser sur des déclarations qui auraient été faites à la police" pour prouver la culpabilité des suspects, rappellent également HRW, la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) et Amnesty international dans un communiqué. "Les tribunaux ont l’habitude d’ignorer ou de rejeter d’office les arguments de la défense qui plaide que les policiers ont utilisé des méthodes douteuses pour obtenir des aveux (...)". 

JT 20H - Il y a quelques semaines, le Maroc était dans la rue après la mort atroce d'un vendeur de poissonSource : JT 20h Semaine
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Thomas GUIEN

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