Meurtre de Michael Brown : l'affaire qui secoue les Etats-Unis en 5 questions

Publié le 18 août 2014 à 15h39
Meurtre de Michael Brown : l'affaire qui secoue les Etats-Unis en 5 questions

DECRYPTAGE – La tension ne retombe pas à Ferguson, dans le Missouri, qui a connu dimanche soir sa neuvième nuit de révolte après le meurtre d'un jeune noir, tué par un policier alors qu'il était désarmé. Metronews fait le point sur cette affaire qui secoue les Etats-Unis.

Quelle est la situation actuelle à Ferguson ?
Cette petite ville de la banlieue de Saint-Louis, dans le Missouri (centre des Etats-Unis), est le théâtre de violents affrontements entre manifestants et forces de l'ordre depuis le meurtre d'un jeune Afro-Américain par un officier de police le 9 août dernier. Des rassemblements pacifiques ont lieu tous les soirs mais ils sont régulièrement entachés par des débordements, tels que des tirs de cocktails Molotov et des pillages de magasins. En riposte, la police de Ferguson, lourdement armée, tire des gaz lacrymogènes et des fumigènes en direction de la foule. Plusieurs arrestations et des dizaines de blessés sont à déplorer, mais aucun bilan officiel n'a été communiqué. Malgré un couvre-feu instauré samedi soir, de nouveaux affrontements ont eu lieu dans la nuit de dimanche , ce qui a poussé le gouverneur de l'Etat du Missouri à faire appel au renfort de la garde nationale lundi.

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Des dizaines de policiers lourdement armés ont été déployés dans la ville depuis le début des évènements. Lundi, la garde nationale a été appelée en renfort par le gouverneur du Missouri. 
Des dizaines de policiers lourdement armés ont été déployés dans la ville depuis le début des évènements. Lundi, la garde nationale a été appelée en renfort par le gouverneur du Missouri.  - AFP

 Que s'est-il vraiment passé ce soir du 9 août à Ferguson ? 

Deux versions s'opposent  : celle de la police et celle de l'ami qui accompagnait Michael Brown ce jour-là. Selon ce témoin, le jeune homme de 18 ans, qui allait rendre visite à sa grand-mère, marchait dans la rue quand l'agent de police s'en est pris à lui et l'a abattu, alors qu'il avait les mains en l'air. D'après la police, en revanche, le jeune homme et son ami "marchaient au milieu de la rue, bloquant la circulation", quand Michael Brown a agressé un policier et tenté de lui prendre son arme, avant de se faire abattre. Selon une autopsie réalisée à la demande de la famille et dont le contenu a été révélé dimanche par le New York Times , la victime a reçu au moins six balles dont deux dans la tête . Une de ces deux balles est entrée par le haut du crâne, ce qui signifierait que Michael Brown avait la tête baissée au moment du tir. Selon le rapport, les balles ne semblent pas avoir été tirées à bout portant.

Michael Brown, jeune homme tranquille ou petit malfrat ?

Décrit par ses proches comme un "gentil géant" et surnommé "Big Mike", il devait faire sa rentrée lundi dernier au Vatterott College pour étudier la musique et le métier d'ingénieur du son, a expliqué sa grand-mère à la presse. Charles Ewing, oncle du jeune homme, a indiqué qu'il mesurait 1,95 m et pesait 136 kg. Selon lui, Brown était "très timide", et ne voulait pas jouer au football américain malgré sa carrure "parce qu'il ne voulait blesser personne. Il ne voulait frapper personne".

La police, en revanche, tente de dresser un tout autre portrait du jeune homme. Arguant que c'est lui qui a provoqué l'altercation, elle l'accuse d'avoir participé à un braquage, peu avant les faits. La police a diffusé une vidéo de surveillance de quelques secondes filmées dans une épicerie où l'on voit un jeune Noir, présenté comme Michael Brown, voler une boîte de cigares et bousculer violemment un employé. La police affirme que des preuves du vol avaient été retrouvées sur le jeune homme abattu.

Que sait-on du policier qui a tiré ?


La police avait refusé de donner son nom, avant de changer d'avis vendredi, sous la pression de la rue. Le tireur s'appelle Darren Wilson. Comme presque tous les agents de police de Ferguson, l'homme est blanc. Agé de 28 ans, il sert dans la police depuis six ans, dont 4 dans cette ville. Il est originaire de cette région, où il a toujours habité, selon le chef de la police Thomas Jackson. "Aucune plainte" n'a jamais été déposée contre lui ni aucune procédure disciplinaire engagée, a-t-il affirmé. "C'est un agent doux, tranquille. C'est un excellent agent" qui est "totalement effondré" et "n'a jamais voulu que se passe ce qu'il s'est passé". L'homme aurait été blessé lors de sa confrontation avec Michael Brown. Menacé de mort, il est depuis placé sous protection policière et mis en lieu sûr.

 Pourquoi l'affaire connaît un tel retentissement ?

La mort de Michael Brown ravive le spectre du racisme en Amérique et met en relief les tensions raciales entre les autorités majoritairement blanches et la communauté noire. A Ferguson, la foule de manifestants est en effet composée en majorité par la communauté noire de la ville (elle représente les deux tiers de la population), face à des policiers blancs. On compare souvent l'affaire à celle de Trayvon Martin. En 2012, en Floride, un jeune Noir de 14 ans avait été abattu par un membre de la patrouille de surveillance de son quartier, George Zimmerman. Ce dernier, qui estimait que le jeune homme avait un "comportement suspect", avait tué le jeune Trayvon d'une balle dans le ventre. La victime, désarmée, ne tenait à la main qu'un paquet de bonbons. Le président Barack Obama lui-même avait alors dénoncé la "défiance" des autorités à l'égard des Afro-Américains dans le pays et promettait du changement.

Mais un an plus tard, c'est un très mauvais signal que la justice américaine a envoyé a la communauté noire des Etats-Unis : Georges Zimmerman (qui avait plaidé la légitime défense) fut acquitté et son arme rendue. Une décision qui conforte à leurs yeux la présomption raciste de l'accusé : un jeune noir qui traîne dans les rues est plus suspect qu'un blanc. La révolte de Ferguson s'inscrit dans ce sentiment d'injustice et de révolte, avec l'arrière goût amer de l'épilogue de l'affaire Trayvon Martin.

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La rédaction de TF1info

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