Mexique : comment les familles des 43 étudiants enlevés ont réussi à faire parler l'ADN

Publié le 7 décembre 2014 à 18h33
Mexique : comment les familles des 43 étudiants enlevés ont réussi à faire parler l'ADN

ENQUÊTE - Parmi les fragments d'os découverts dans une fosse commune de Cocula, dans l'Etat du Guerrero, se trouvent ceux d'Alexander Mora, l'un des 43 étudiants enlevés par la police locale fin septembre. C'est ce que vient de montrer un groupe d'experts argentins, qui mène une enquête indépendante à la demande des familles des victimes.

Triste nouvelle pour les familles des 43 étudiants disparus au Mexique le 26 septembre. Une analyse ADN réalisée sur des fragments d'os retrouvés par les enquêteurs dans une décharge et au bord d'une rivière de Cocula (Etat du Guerrero), près du lieu de leur enlèvement, atteste que l'un des cadavres est bien celui d'Alexander Mora, 19 ans, l'un des "43".

Cette avancée décisive dans l'enquête n'est hélas pas à mettre au crédit des autorités mexicaines, mais à la persévérance des parents des victimes. Depuis qu'elles savent que des policiers corrompus de la ville d'Iguala, où étaient partis manifester leurs enfants, sont impliqués dans leur enlèvement aux côtés de narcotrafiquants, les familles ont pris leur distance vis-à-vis de l'enquête officielle. Le 5 octobre, elles ont ainsi demandé à des experts du Groupe argentin d'anthropologie légale ( EAAF ) de mener une enquête scientifique indépendante.

Incertitude sur des cadavres

Créée en 1984, cette ONG intervient dans le monde entier dans des affaires similaires et a déjà aidé, au Mexique, à identifier des restes humains liés à plusieurs disparitions de femmes à Ciudad Juarez , en 2006 et 2007. Dans l'affaire des 43 étudiants enlevés, les experts de l'EAAF ont été chargés de déterminer si oui ou non, les six fosses communes découvertes début octobre autour d'Iguala – à Cerro Pueblo Viejo, La Parota et Cocula – contenaient les restes de certains étudiants. Car beaucoup au Mexique estiment que les autorités étaient allées un peu vite en besogne en déclarant mi-octobre que ces sites ne contenaient aucun corps des "43" .

Après avoir envoyé des morceaux humains à un laboratoire américain pour analyse – les résultats, négatifs, ont été communiqués mi-novembre –, le groupe argentin en a ensuite expédié d'autres à un laboratoire autrichien. Cette fois, l'ADN prélevé sur les échantillons correspondait à celui d'un des étudiants. Une fois l'EAAF informée, les proches des disparus ont été parmi les premiers à être mis au courant.

"Nous allons retrouver les 42 qui manquent"

Cette nouvelle ne marque pas pour autant la fin de l'enquête. Les autorités soutiennent que les étudiants ont tous été tués, sur la base des aveux de trois membres présumés d'un groupe criminel , mais la mort des 42 autres n'a pas été prouvée. Et les familles, qui ont toujours cru que les jeunes apprentis enseignants pouvaient être vivants, continuent à rejeter la version officielle. "S'ils croient que nous allons nous mettre à pleurer parce que l'ADN d'un de nos garçons a été trouvé, ils se trompent. Nous allons retrouver les 42 qui manquent", a indiqué le porte-parole des parents des victimes.

Pour le moment, rien ne prouve que les 43 ont été assassinés au même endroit. Mais, si c'est le cas, il sera difficile de le démontrer : parmi les restes humains retrouvés à Cocula, très peu sont scientifiquement exploitables, et la plupart ont déjà été analysés. Cela dit, de nouveaux éléments seront peut-être apportés par le procureur général du Mexique lors d'une conférence de presse qui doit avoir lieu dimanche en fin d'après-midi.

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La rédaction de TF1info

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