Migrants morts noyés à Calais : la guerre des mots entre la France et le Royaume-Uni est (re)déclarée

Publié le 26 novembre 2021 à 15h58, mis à jour le 26 novembre 2021 à 16h22
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Source : TF1 Info

FRICTIONS- Les échanges s'enveniment entre le Royaume-Uni et la France, après un courrier du Premier ministre anglais demandant à l'Hexagone de récupérer les migrants qui traversent la Manche. "Nous ne sommes pas des lanceurs d'alerte", a dénoncé le président français.

Rien ne va plus entre Londres et Paris. La guerre des mots a repris de plus belle ce vendredi, après l'annulation par Gérald Darmanin de son homologue britannique, Priti Patel, à une réunion de crise sur les migrants prévue ce dimanche. En cause : une lettre de Boris Johnson, publiée hier soir sur Twitter, demandant à la France de reprendre les immigrés arrivant en Grande-Bretagne. La proposition n'a guère été appréciée côté français.

Des méthodes anglaises "pas sérieuses"

Dans un message à la ministre anglaise, Gérald Darmanin s'est dit "déçu" des exigences exprimées par le Premier ministre britannique à Emmanuel Macron et a jugé "encore pire" qu'il les publie. "En conséquence je dois annuler notre rencontre dimanche à Calais, je suis sûr que vous comprenez pourquoi", a conclu le ministre de l'Intérieur.

En visite à Rome ce vendredi, Emmanuel Macron a lui aussi tancé le Boris Johnson arguant des méthodes "pas sérieuses". "On ne communique pas d'un dirigeant à l'autre sur ces questions-là par tweets et par lettres qu'on rend publiques. Nous ne sommes pas des lanceurs d'alerte", a-t-il déclaré en conférence de presse.

Macron sur la crise avec le RU : "Je suis surpris des méthodes quand elles ne sont pas sérieuses"Source : TF1 Info
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Les Français "n'ont pas agi à la hauteur de la situation"

La mort, mercredi au large de Calais, d'au moins 27 migrants qui tentaient de rejoindre les côtes anglaises a relancé les tensions entre les deux pays. Quelques minutes après l'annonce du drame, Boris Johnson a reproché aux Français de ne pas "agir à la hauteur de la situation." Le lendemain, les tabloïds anglais ont publié des unes incendiaires, montrant des "policiers français restant les bras croisés". 

Ce courrier du Premier ministre anglais demandant "un accord de réadmission des migrants" par la France est la goutte de trop. Cette lettre est "indigente sur le fond et déplacée sur la forme. Elle ne reconnait pas tout le travail fourni par la France", a jugé le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal.

C'est à se demander maintenant si Boris Johnson ne regrette pas d'avoir quitté l'Europe
Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement en France

Mais malgré les propos très fermes des autorités françaises, Boris Johnson dit ne pas regretter son message, selon son porte-parole, qui a évoqué une lettre écrite dans une volonté de "coopération". Londres a d'ailleurs demandé à Paris de rétablir l'invitation pour la réunion prévue dimanche à Calais avec les ministres chargés de l'immigration belge, allemand, néerlandais et la Commission européenne. 

"Aucune nation ne peut s'attaquer à (ce problème) seule. J'espère que les Français vont reconsidérer (leur décision). C'est dans notre intérêt. C'est dans leur intérêt", a déclaré le ministre des Transports, Grant Shapps, sur la BBC.

La réunion est "maintenue" mais "sans les Britanniques", a toutefois confirmé le ministère de l'Intérieur. "Le gouvernement britannique choisit de faire de la politique intérieure à un moment où notre seule priorité devrait être d’éviter de nouveaux drames dans la Manche. Nous le regrettons", a regretté l'entourage du ministre.

"Il y en a marre des doubles discours et de l'externalisation permanente des problèmes" par Londres, a renchéri Gabriel Attal. "C'est à se demander maintenant si Boris Johnson ne regrette pas d'avoir quitté l'Europe, parce que dès qu'il a un problème il considère que c'est à l'Europe de le gérer !"

Crise des sous-marins, droits de pêche...

La question des traversées, qui attise régulièrement les tensions bilatérales, est délicate pour le gouvernement conservateur britannique, qui a fait de la lutte contre l'immigration son cheval de bataille dans la foulée du Brexit. Au 20 novembre, 31.500 migrants avaient quitté les côtes depuis le début de l'année et 7.800 avaient été sauvés. Avant le naufrage de mercredi, le bilan humain depuis janvier s'élevait à trois morts et quatre disparus.

Outre la question des traversées, les deux capitales se disputent notamment autour des droits de pêche dans les eaux britanniques. Depuis septembre, Paris reproche aussi à Londres d'avoir négocié en secret avec les Etats-Unis et l'Australie un accord de partenariat stratégique qui a précipité l'annulation d'un méga-contrat de vente de sous-marins français à Canberra.


La rédaction de TF1info avec AFP

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