POLÉMIQUE - Le ministère italien de l'Intérieur a annoncé samedi l'envoi de policiers italiens pour patrouiller à la frontière française afin d'empêcher les refoulements de migrants. Une décision prise après s'être insurgé contre un épisode vendredi à Clavière, pourtant qualifié de normal par la France.
Le ton monte entre Matteo Salvini et les autorités françaises. Le ministre italien de l'Intérieur a annoncé samedi l'envoi de policiers italiens pour patrouiller à la frontière. Leur objectif ? Empêcher les refoulements de migrants de la part de leurs homologues.
Cette décision a été prise après une scène filmée par un habitant de Clavière, agrémentée d'une musique dramatique. Elle montre la voiture de la police française déposer les migrants côté italien et repartir vers la France, à une vingtaine de mètres de là. "Sans explications rapides, complètes et convaincantes, nous nous trouverons face à une provocation et à un acte hostile", avait commenté vendredi Matteo Salvini en diffusant la vidéo sur son compte Twitter.
++ 🔴Video incredibile! Condividi il più possibile! ++ Girato questa mattina a Claviere, sul confine Italia-Francia. Anche questa auto della polizia francese aveva sbagliato strada??? Macron, rispondi! pic.twitter.com/7qeLmwO2NL — Matteo Salvini (@matteosalvinimi) 19 octobre 2018
Une procédure normale, selon la France
De l'autre côté de la frontière, on a aussitôt réfuté ces accusations. La préfecture des Hautes-Alpes a fait valoir dans un communiqué qu'il s'agissait d'"une procédure de non-admission à la frontière en tous points conforme à la pratique agréée entre la police française et la police italienne ainsi qu'au droit européen". Selon la préfecture, les trois personnes avaient été refusées faute de documents valables au point de passage de Montgenèvre, 500 mètres plus loin, et le commissariat de Bardonnecchia, le plus proche, avait été informé.
Selon Matteo Salvini, le commissariat a bien été informé vendredi matin, mais 20 minutes après le moment où la vidéo a été tournée. "Et ce n'est pas tout. Il n'y a pas d'accord bilatéral Italie-France, écrit et officiel, qui permette ce type d'opération. Si (le président français Emmanuel) Macron parle de "pratique habituelle", c'est le gouvernement qui nous a précédé qui doit en répondre", a dénoncé le ministre italien. "Maintenant les temps ont changé et nous n'acceptons pas que des étrangers arrêtés en territoire français soient amenés en Italie sans que nos forces de l'ordre puissent vérifier leur identité", a-t-il ajouté.
L'énième abus des autorités françaises
Matteo Salvini
"L'énième abus des autorités françaises, qui ont aussi profité de la bonne foi de notre police, aura des conséquences : des voitures de patrouille ont été envoyées à Clavière pour contrôler et garder la frontière", a écrit Matteo Salvini ce samedi sur les réseaux sociaux. Son annonce s'accompagne de photos montrant des policiers italiens montant la garde à l'endroit même où une voiture de police française a déposé trois migrants vendredi matin.
Réagissant aux propos du ministre italien, les autorités françaises ont proposé samedi de tenir "dans les meilleurs délais" une rencontre "pour améliorer la coopération entre les services" chargés de la surveillance de la frontière franco-italienne. Une réunion qui serait organisée au niveau préfectoral, a indiqué la préfecture des Hautes-Alpes dans un communiqué, précisant que cette proposition est faite à la demande du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.
Chaque année, des milliers de migrants cherchant à passer en France sont interceptés et reconduits à la frontière italienne. L'AFP a constaté l'hiver dernier que nombre d'entre eux étaient déposés directement par la police française devant la gare de Bardonecchia. Ces refoulements sont une procédure distincte des centaines de demandeurs d'asile que la France renvoie chaque année en Italie en application des accords de Dublin, qui obligent à déposer sa demande d'asile dans le premier pays européen traversé.