Moins d'appels à SOS-Suicide, plus de produits de luxe : ces étranges effets de la crise grecque

Publié le 16 juillet 2015 à 18h43
Moins d'appels à SOS-Suicide, plus de produits de luxe : ces étranges effets de la crise grecque

CRISE DE LA DETTE – Les déboires de la Grèce, contrainte de céder devant ses créanciers pour éviter une sortie de l'euro, peuvent avoir des effets paradoxaux sur le moral de ses habitants.

Depuis la fin du mois de juin, la Grèce a connu un regain de tensions financières. Entre les négociations pour un troisième plan d'aide, le référendum du 5 juillet et les menaces de faillites bancaires, le pays est passé par toutes les émotions. On aurait légitimement pu penser les Grecs abattus, épargnant le moindre euro pour se préparer à un hypothétique Grexit. Pourtant chez certains, c'est exactement le contraire qui semble s'être produit.

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Pour éviter de voir leurs économies réduites à peau de chagrin en cas d'abandon de l'euro, des Grecs ont ainsi eu la fièvre acheteuse : "Jusqu'au week-end dernier, les gens ont acheté beaucoup de choses pour protéger leur argent", explique à un journaliste de l'AFP Andréas Triantaphylidis, vice-président de l'Association des commerçants d'Athènes. Entre le 27 juin et le 10 juillet, les ventes d'appareils électroniques et de produits de luxe ont selon lui grimpé de 30 % par rapport à l'an dernier. Beaucoup de clients, qui ne peuvent plus accéder à leurs économies puisque les banques sont toujours fermées, ont choisi d'utiliser leur carte bancaire pour convertir autant que possible leur épargne en biens tangibles. "La semaine dernière, nous avons eu beaucoup de clients. Ils voulaient acheter tout ce qu'ils pouvaient, de peur de perdre la moitié de leurs économies", témoigne une employée de bijouterie d'Athènes dans le même reportage.

Les Grecs ont-ils retrouvé le moral ?

Autre effet inattendu que rapporte Le Monde , les Grecs semblent, paradoxalement, moins déprimer depuis que les banques ont fermé leurs portes. Le nombre d'appels de détresse reçus par SOS-Suicide est ainsi en chute libre : - 40 % en l'espace de 15 jours. Une situation d'autant plus surprenante à expliquer que, depuis 2010, le taux de suicide s'est envolé en Grèce. Entre 2010 et 2011, il a augmenté de 26 %, avant de grimper à nouveau de 35 % entre 2011 et 2012. Ceci dans un pays où, historiquement, il est plutôt faible. Avant la crise, on n'en dénombrait que quelques centaines chaque année pour 11 millions d'habitants, tandis qu'en France on en dénombre environ 10.000 pour une population six fois plus nombreuse.

Comment l'expliquer ? A en croire certains observateurs, c'est l'organisation du référendum qui aurait permis d'inverser la tendance. "Inconsciemment, il a donné de l'espoir", analyse dans les colonnes du Monde Dimitri Ploumpidis, professeur de Psychiatrie à Athènes. L'issue du référendum, qui malgré le "non" des électeurs a abouti à un important plan d'austérité, pourrait cependant faire repartir le nombre de suicides. "Lorsqu'un espoir est déçu les choses sont mentalement pires que si rien ne s'était passé", avertit Dimitri Ploumpidis.

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La rédaction de TF1info

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