Mort d’une journaliste à bord d'un sous-marin au Danemark : l'énigme Peter Madsen, inventeur en eaux troubles

M.V
Publié le 22 août 2017 à 17h23, mis à jour le 24 août 2017 à 16h48
Mort d’une journaliste à bord d'un sous-marin au Danemark : l'énigme Peter Madsen, inventeur en eaux troubles

ENQUÊTE - Peter Madsen, le concepteur danois d'un sous-marin artisanal, le Nautilus, a avoué avoir jeté à la mer le corps d'une journaliste suédoise qui était portée disparue depuis le 11 août. Selon son récit, la jeune femme qui réalisait un reportage sur lui serait morte accidentellement à bord de son submersible.

Au Danemark, on le surnomme "Rocket-Madsen". Peter Madsen, 46 ans, est passionné de sous-marins et de fusées. Après avoir construit en 2008 le plus gros sous-marin artisanal du monde, cet inventeur danois ambitionnait de se lancer dans l’exploration spatiale. Il rêvait de devenir le premier homme à explorer le monde dans une fusée fait-maison. Mais ce n’est pas pour ce projet un peu fou que l'ingénieur-amateur fait aujourd’hui la une des journaux. Le propriétaire du sous-marin Nautilus a reconnu lundi avoir jeté à la mer le corps de Kim Wall, une reporter suédoise, après sa mort accidentelle à bord de son submersible. 

Kim Wall et Peter Madsen s’étaient rencontrés dans le cadre d’un reportage qu’elle réalisait sur lui. Le 10 août dernier, à 19 heures, la journaliste de 30 ans monte à bord du sous-marin dont il est propriétaire. Une courte vidéo réalisée par un témoin montre la jeune femme souriante, en haut de la tour du submersible. C'est la dernière image d'elle vivante. Un peu plus tard, dans la nuit du 10 au 11 août, son compagnon inquiet de ne pas avoir de ses nouvelles alertera la police. 

"Cette malédiction, c'est moi"

La défense danoise qui s’est mise à la recherche du sous-marin le localise le lendemain avec Peter Madsen à son bord. L’homme sort précipitamment tandis que le submersible sombre mystérieusement. L’ingénieur-amateur explique qu’il a eu un problème technique. Où est Kim Wall ? Il n’en a aucune idée. Selon son récit aux enquêteurs, il l'a simplement déposée sur la pointe de l'île de Refshaleøen, à Copenhague, la veille vers 22h30. Mais la police est persuadée que le Nautilus a été coulé délibérément. Peter Madsen finit par avouer "qu’il y a eu un accident à bord du sous-marin qui a conduit à la mort de Kim Wall", qu’il a alors jetée à la mer dans la baie de Køge, à environ 50 kilomètres au sud de la capitale danoise. Depuis, le torse de la jeune femme près de ladite baie a été retrouvé, lesté par un morceau de métal, la tête et les membres sciemment coupés. Le capitaine maintient la version d'un accident. 

Cet homme avait entamé des études d'ingénieur avant de les abandonner un peu plus tard estimant qu'il en savait assez. Il avait construit le Nautilus, long de 18 mètres, avec l'aide de bénévoles, décrits sur le site internet dédié à l'appareil comme des "amateurs de sous-marins". Mais ces volontaires avaient eu un différend avec lui en 2015. Alors que plusieurs d'entre eux avaient participé à la construction du Nautilus, Peter Madsen avait récupéré l'entière jouissance du sous-marin. Durant cette période, le quadragénaire leur avait envoyé des textos en assurant qu'il existait "une malédiction sur le Nautilus". "Cette malédiction, c'est moi. Il n'y aura jamais de sérénité sur le Nautilus, tant que j'existerai". Et d’asséner : "Vous ne vous sentirez jamais bien dans ce sous-marin... Ne mettons pas davantage de vies en péril dans ce bâtiment". 

Homicide involontaire par négligence

De Peter Madsen, on sait finalement peu de choses. Si sa passion pour les projets incroyables était connue de tous, sa personnalité et sa vie privée restent plus énigmatiques. Si certains de ses proches le décrivent comme non violent, qui "ne boit pas ni ne se drogue", d'autres se montrent plus nuancés avançant son tempérament erratique et son refus de la contradiction.

C’est peut-être pour percer ce mystérieux personnage que Kim Wall avait décidé de faire son portrait. Selon The Guardian, elle souhaitait vendre son article au magazine américain Wired. "Je lui avais parlé il y a deux semaines, et elle n’avait rien mentionné. Mais cela semblait être une histoire pour Kim. Elle était toujours fascinée par les histoires de gens insolites, différents, les endroits cabossés", raconte à Libération la journaliste italienne Caterina Clerici. Journaliste indépendante, Kim Wall avait collaboré avec The Guardian et The New York Times. Son entourage a décrit dans les médias suédois une jeune femme "invincible", "ambitieuse" et "voyant toujours quelque chose de bon chez une personne", explique l'AFP. Le personnage de sa dernière enquête est aujourd’hui accusé de son "homicide involontaire par négligence".


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