Mort de George Floyd : le chef de la police de Minneapolis accable Derek Chauvin

A.P
Publié le 6 avril 2021 à 10h10
Mort de George Floyd : le chef de la police de Minneapolis accable Derek Chauvin
Source : Bryan R. Smith / AFP

VIOLENCES POLICIÈRES - Ce lundi, le chef des forces de l'ordre de Minneapolis a accablé son ancien agent Derek Chauvin, en déclarant devant les jurés qu'il avait "violé les règles" et "les valeurs" de la police lors de l'interpellation de George Floyd.

Cette fois-ci, les policiers refusent de faire bloc derrière l'un de leurs confrères. Ce lundi, le chef des forces de l'ordre de Minneapolis a accablé son ancien agent Derek Chauvin - jugé pour le meurtre de George Floyd. Devant les jurés, Medaria Arradondo s'est montré direct et sans ambiguïté. Venu témoigner en uniforme, il a déclaré que l'accusé avait "violé les règles" et "les valeurs" de la police lors de l'interpellation de l'Afro-Américain de 46 ans. S'agenouiller sur le cou du quadragénaire noir "pouvait être raisonnable dans les premières secondes pour le contrôler, mais pas après qu'il eut cessé d'exercer une résistance, et surtout pas après qu'il se fut évanoui", a-t-il souligné au sixième jour de ce procès hors-norme. 

Le 25 mai, le policier blanc Derek Chauvin et trois de ses collègues avaient voulu arrêter George Floyd, soupçonné d'avoir écoulé un faux billet de 20 dollars. Pour le maîtriser, ils l'avaient menotté et plaqué au sol. Derek Chauvin s'était ensuite agenouillé sur son cou et avait maintenu sa pression pendant près de dix minutes. "Cela ne fait pas partie de notre politique, de notre formation et n'est certainement pas conforme à notre éthique, à nos valeurs", a asséné Medaria Arradondo, qui dirige depuis trois ans la police de la métropole du nord des Etats-Unis.

Face au tollé mondial, il avait rapidement licencié les agents impliqués, tout en critiquant fermement leur action. "La mort tragique de George Floyd n'était pas due à un problème de formation (...) C'était un meurtre", avait-il écrit dans un communiqué début juin. Lundi, son attaque fut plus indirecte en condamnant vivement les actions de son confrère. Par ailleurs, il a aussi insisté sur l'importance pour les 700 agents en service à Minneapolis de faire preuve de "compassion et dignité".

Je nie avec véhémence qu'il y ait eu un usage approprié de la force
Medaria Arradondo, le chef des forces de l'ordre de Minneapolis

Des mots d'autant plus forts qu'ils sont rares dans la bouche d'un agent. Aux Etats-Unis, les policiers qui font un usage excessif de la force sont rarement lâchés par leur hiérarchie. Au contraire, ils bénéficient de contrats collectifs, négociés par leur syndicat, très protecteurs. Ils sont également très rarement poursuivis en justice et encore moins souvent déclarés coupables. 

Dans la foulée, le chef de la police de Minneapolis a rappelé que l'usage de la force devait uniquement être réservé aux crimes violents. Or, utiliser un billet contrefait n'entrait pas dans cette catégorie. Il a aussi reproché à Derek Chauvin de ne pas avoir "réévalué" l'état de santé de George Floyd au cours de son intervention. 

Pour toutes ces raisons, "je nie avec véhémence qu'il y ait eu un usage approprié de la force dans cette situation", a-t-il affirmé. 

De son côté, Derek Chauvin assure notamment avoir suivi une procédure conforme à sa formation pour maîtriser un suspect récalcitrant. Inculpé pour meurtre, le quadragénaire plaide non-coupable.

Par ailleurs, le chef de la police de Minneapolis n'était pas le seul à s'insurger ce lundi. L'ancienne responsable de l'Académie de police de Minneapolis, Katie Blackwell, a, elle aussi, porté lundi un coup dur à cette ligne de défense. Appelée à commenter une photo du drame, où l'on voit Derek Chauvin à genou sur le cou de George Floyd, elle a déclaré, lapidaire : "Je ne sais pas quel genre de position il a improvisé, mais ce n'est pas quelque chose que nous enseignons." L'audience reprendra mardi et devrait encore durer deux ou trois semaines. Les jurés rendront leur verdict fin avril ou début mai. Les trois anciens collègues de Derek Chauvin seront, eux jugés pour complicité de meurtre en août.


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