TENSIONS - Malgré le couvre-feu instauré dans plusieurs grandes villes des États-Unis, de violents heurts ont opposé manifestants et forces de l'ordre, près d'une semaine après le décès de George Floyd. A Washington, la police a tiré du gaz lacrymogène pour disperser la foule, rassemblée devant la Maison Blanche.
Nouvelle nuit de tensions aux États-Unis. Les manifestations d'indignation, faisant suite de la mort de George Floyd, un homme noir de 46 ans décédé après son interpellation par la police de Minneapolis, se sont poursuivies dimanche 31 mai. Plusieurs milliers de personnes ont pris part à travers le pays à ces rassemblements contre les brutalités policières et le racisme. À Washington, la capitale américaine soumise à un couvre-feu jusqu'à 6h du matin, une foule s'est massée devant la Maison Blanche en scandant des slogans, en allumant des feux et en brandissant des pancartes. La police a utilisé du gaz lacrymogène pour disperser des manifestants n'ayant pas respecté le couvre-feu instauré par les autorités.
Les violences avaient gagné dès samedi soir de nombreuses villes, dont New York, Philadelphie, Dallas, Las Vegas, Seattle, Des Moines, Memphis, Los Angeles, Atlanta, Miami, Portland, Chicago et Washington. Le déploiement de la Garde nationale n'a pu empêcher de nouveaux débordements. Des pilleurs se sont attaqués à des magasins d'un centre commercial huppé à Santa Monica, en Californie. À Philadelphie, sur la côte Est, plus de cinquante personnes ont été arrêtées pour pillages, selon la police. A travers le pays, des routes ont été coupées, des voitures et des commerces incendiés et les forces de l'ordre, déployées en grand nombre, ont répliqué par des gaz lacrymogènes et dans certains cas avec des balles en caoutchouc.
BREAKING: Cops just started tear gassing the #JusticeForGeorgeFloyd protestor in front of the White House—and immediately got a taste of their own medicine as a cannister was hurled right back at them pic.twitter.com/4O5FugTzPo — Wyatt Reed (@wyattreed13) May 31, 2020
Le président Trump aggrave les choses
Keisha Lance Bottoms, la maire d'Atlanta
Alors que Donald Trump, confronté aux désordres civils les plus graves de son mandat, a fustigé les instigateurs des émeutes, qualifiant les "antifas" de terroristes, promettant de "stopper la violence collective", nombre de responsables locaux ont exhorté les manifestants à la retenue "S'il vous plaît, rentrez chez vous tôt, restez à la maison (...). Nous devons revenir à l'urgence qu'est la construction de la justice, pas brûler une ville", a plaidé sur CNN le maire de Los Angeles Eric Garcetti.
Appelant à cesser les émeutes, la maire d'Atlanta Keisha Lance Bottoms avait plus tôt comparé la situation aux affrontements de Charlottesville, où des heurts entre militants suprémacistes blancs et antifascistes avaient fait un mort et des dizaines de blessés en août 2017. Donald Trump avait alors jugé qu'il y avait "des gens très bien" des deux côtés. "Le président Trump aggrave les choses", a-t-elle indiqué sur CBS. "Sa rhétorique ne fait qu'enflammer les choses et il devrait juste se taire". Dimanche, le président américain a notamment retweeté le message d'un animateur de radio conservateur affirmant : "Cela ne s'arrêtera que si les gens bien se montrent prêts à faire usage d'une force écrasante contre les méchants".
Une vague de colère mondialisée
À Saint-Paul, ville qui jouxte Minneapolis, des milliers de personnes ont par ailleurs continué de manifester contre le racisme et pour que les policiers impliqués dans la mort de George Floyd rendent tous des comptes. Seul l'un d'eux, Derek Chauvin, a été arrêté et inculpé d'homicide involontaire. C'est lui que l'on voit dans une vidéo virale maintenir pendant de longues minutes son genou sur le cou du quadragénaire, qui se plaint de ne pouvoir respirer. Il doit comparaître lundi devant un tribunal.
L'émotion et l'indignation liées au décès de George Floyd a largement dépassé les frontières des États-Unis. À Londres, des centaines de personnes ont manifesté dimanche. En Europe, plusieurs sportifs engagés dans la lutte anti-raciste ont fait part de leur solidarité, à l'instar de Kylian Mbappé, Tony Yoka ou Marcus Thuram, fils du champion du monde 1998 Lilian Thuram, qui a mis un genou à terre. Un geste contre les violences policières popularisé par le joueur de NFL Colin Kaepernick.