Népal : après le séisme, la crainte d'une recrudescence du trafic d'enfants

Publié le 18 juin 2015 à 18h46
Népal : après le séisme, la crainte d'une recrudescence du trafic d'enfants

HUMANITAIRE - Chaque année, des milliers d'enfants, victimes de trafiquants, sont contraints de franchir illégalement la frontière avec l'Inde et le Népal. Un trafic en hausse depuis le dramatique séisme du 25 avril, qui a tué plus de 8700 personnes.

Près de deux mois après le séisme de magnitude 7,8 qui a tué plus de 8700 personnes, le Népal panse tant bien que mal ses plaies. Les répliques sont quotidiennes, et des dizaines de milliers de personnes demeurent sans-abri. Notamment des enfants qui, esseulés, se retrouvent à la merci des trafiquants d'êtres humains.

Une situation que connait bien Ramsey Ben Achour. Basé à Katmandou, ce spécialiste de la protection de l'enfance pour l’Unicef nous explique qu’ils seraient chaque année environ 11.000 à franchir illégalement la frontière entre l’Inde et le Népal. "Les filles se retrouvent exploitées sexuellement, les garçons pour travailler dans des usines." Autre piège dans lequel environ 15.000 gamins sont pris : les orphelinats. Ou plutôt, des établissements népalais qui s’y apparentent. "Ils vont chercher les enfants dans les villages en expliquant aux familles qu’ils vont les soigner, les nourrir et les éduquer. En réalité, ils sont exploités".

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"Depuis le tremblement, 245 enfants ont été découverts"

Cette exploitation serait en pleine recrudescence depuis le séisme du 25 avril et la situation de crise dans laquelle se trouve la population. "Depuis le tremblement, 245 enfants ont été découverts. Environ 200 autres auraient été recueillis à la frontière", assure Ramsey Ben Achour. Et celui-ci de détailler l’action de l’Unicef : "Nous avons lancé un programme avec 116 travailleurs sociaux, répartis dans différentes régions à la recherche de deux catégories d’enfants : ceux qui sont seuls et ceux qui, au sein d’une famille vulnérable, sont susceptibles d’être confiés à un orphelinat."

Fin mai, les autorités népalaises avaient également annoncé que les adoptions étaient suspendues pour une durée de trois mois. Le gouvernement avait ajouté que les enfants devront désormais être accompagnés par leurs parents ou leur tuteur légal pour leur déplacement dans le pays. Il faut dire que, quelques jours auparavant, la police avait retrouvé dans des bus deux groupes d'enfants, accompagnés d'adultes sans aucun lien de parenté avec eux.

Du côté de l’Inde, des check-points ont aussi été mis en place, permettant de vérifier l’identité de chaque enfant qui quitterait le pays. Mais difficile de réguler une frontière qui avoisine les 3000 km de long. Sans parler des aléas climatiques qui rendent compliqué le travail des ONG : après les séismes, tous les regards se tournent désormais vers le ciel : "La mousson arrive, s’inquiète Ramsey Ben Achou. Notre prochain problème, ce sont les glissements de terrain en montagne."

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Thomas GUIEN

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