Nouveau drame au Liban : au moins 28 morts dans l'explosion d'une citerne d'essence

Publié le 15 août 2021 à 8h51, mis à jour le 15 août 2021 à 11h26
Une citerne confisquée a explosé après des heurts entre des résidents qui voulaient se procurer de l'essence.
Une citerne confisquée a explosé après des heurts entre des résidents qui voulaient se procurer de l'essence. - Source : AFP

CRISE - Le Liban est en proie à une grave crise politique et économique. À Akkar, dans le Nord du pays, un réservoir d'essence confisqué par l'armée a explosé après des heurts entre des résidents qui s'étaient attroupés pour se procurer du carburant. Un nouveau bilan du ministère de la Santé, ce dimanche matin, fait état de 28 morts.

Le bilan s'alourdit. Ce dimanche matin, le ministère de la Santé libanais fait état d'au moins 28 morts  et près de 80 blessées après l'explosion d'une citerne d'essence dans la nuit de samedi à dimanche. Elle a eu lieu alors que des résidents tentaient désespérément de s'approvisionner en carburant, en pénurie dans un pays en plein effondrement. 

L'explosion, qui réveille le terrible souvenir de celle du port de Beyrouth le 4 août 2020 (plus de 200 morts), s'est produite dans la région du Akkar, dans l'extrême nord du pays, d'après la Croix-Rouge libanaise et les médias.

Elle intervient alors que l'armée libanaise s'était déployée samedi dans des stations-service, face aux pénuries de plus en plus aiguës en carburant, dans un pays englué dans l'une des pires crises économiques au monde depuis 1850, selon la Banque mondiale.

"Nos équipes ont évacué 20 cadavres (...) depuis le lieu de l'explosion (...) vers les hôpitaux de la région", a indiqué la Croix-Rouge sur Twitter, précisant que 79 personnes avaient aussi été blessées. 

L'agence nationale d'information (ANI) a indiqué qu'une citerne confisquée par l'armée avait explosé après des heurts entre des résidents qui s'étaient attroupés pour se procurer de l'essence. L'armée n'était pas présente sur les lieux, a-t-elle ajouté.

Un "massacre", selon Saad Hariri

Les images circulant sur les réseaux sociaux montrent des scènes d'horreur. Au moins sept corps et des dizaines de personnes brûlées ont été transférés dans un hôpital du Akkar, a indiqué un employé, Yassine Metlej.

Mais "les cadavres sont tellement carbonisés qu'on ne peut pas les identifier", a-t-il dit à l'AFP. "Certains n'ont plus de visage, d'autres plus de bras". L'hôpital a dû refuser la plupart des blessés car il n'est pas équipé pour soigner les grands brûlés, a-t-il encore ajouté. Certaines victimes ont été emmenées à 25 km de là, à l'hôpital Al-Salam de Tripoli, le seul de la région équipé pour prendre en charge des personnes grièvement brûlées.

L'ancien Premier ministre Saad Hariri a comparé l'explosion à celle qui a ravagé le port de Beyrouth il y a un an, tuant plus de 200 personnes et détruisant des pans entiers de la capitale. "Le massacre du Akkar n'est pas différent du massacre du port", a-t-il écrit sur Twitter. "Si ce pays respectait son peuple, ses responsables démissionneraient, du président jusqu'à la toute dernière personne responsable de cette négligence", a-t-il ajouté.

Le président Michel Aoun a appelé la justice à ouvrir une enquête sur les circonstances ayant conduit à l'explosion - celle du port de Beyrouth n'a abouti à aucun résultat à ce jour -, tandis que le ministre intérimaire de la Santé, Hamad Hassan, a ordonné à tous les hôpitaux du pays "d'accueillir les blessés de cette douloureuse tragédie aux frais du ministère".

Le Liban est aux prises à un effondrement économique depuis fin 2019, et connaît des pénuries en tous genres, notamment en carburants, qui affectent l'approvisionnement en biens de première nécessité. Elle se double d'une crise politique sans fin : le gouvernement sortant a démissionné au lendemain de l'explosion du port de Beyrouth en août 2020 et les différentes forces politiques se sont montrées incapables à ce jour d'en former un nouveau, malgré les pressions internationales.


La rédaction de TF1info avec AFP

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