Offensive turque en Syrie : pourquoi le traité de Sèvres qui accordait un Etat aux Kurdes n’a-t-il jamais été respecté ?

Publié le 14 octobre 2019 à 22h57, mis à jour le 14 octobre 2019 à 23h04

Source : JT 13h Semaine

EXPLICATIONS - Malgré une histoire séculaire, les Kurdes ne disposent pas de pays à proprement parler. Un traité datant de 1920 leur permettait pourtant de revendiquer un Etat kurde indépendant : il s'agit du traité de Sèvres, qui n'a jamais été respecté. Pour quelles raisons ? Eléments de réponse.

Forts d'un peuple de plus de 25 millions de personnes, les Kurdes n'ont pourtant jamais bénéficié de la création d'un Etat indépendant. Dès 1695 pourtant, ce peuple d'origine indo-européenne, à majorité musulmane sunnite, a revendiqué sa création, mais celle-ci a toujours été considérée comme une menace à l'intégrité des pays qui traversent la région du Kurdistan. En effet, les Kurdes sont majoritairement présents en Irak, en Iran, en Turquie et enfin en Syrie. Ailleurs dans le monde, on compte des communautés kurdes en Azerbaïdjan, en Arménie, au Liban, et en Europe, notamment en Allemagne. 

Au fil des siècles, les Kurdes ont préservé leur culture, leurs langues et leurs traditions au sein d'une organisation clanique qui n'a jamais trouvé écho dans les discussions diplomatiques. Reste qu'il était quasiment acquis, dès 1920, que ces derniers allaient pouvoir bénéficier d'un Etat indépendant, ou, du moins, ouvrir la voie à la mise en place de celui-ci. Sauf que rien ne s'est déroulé comme prévu... 

Un traité annulé par un autre

La question d'un Etat kurde remonte à un vieux traité, signé il y a cent ans avant d'être remis en question : à la suite de l'effondrement de l'Empire ottoman, à l'issue de la Première Guerre mondiale, le traité de Sèvres ouvrait ainsi la voie à la création d'un Kurdistan indépendant. Les Kurdes faisaient alors partie de l'Empire ottoman et se voyaient pour la première fois octroyée la possibilité de devenir une nation semblable à d'autres. Dans les faits cependant, le traité, paraphé par le sultan Mehmed VI, n'a jamais été ratifié ni appliqué. 

Le territoire alors attribué aux Kurdes se situaient dans les parties orientales de l'Anatolie, faisant voler en éclat la géographie de la Turquie historique. Une idée insupportable pour Mustafa Kemal Ataturk, à l'époque général, qui partit en guerre, d'abord contre les Arméniens, puis contre les Grecs. 

Victorieux, il put imposer un nouveau traité, celui de Lausanne qui remplacera celui de Sèvres, dont les accords se brisèrent au même moment. Signé entre le gouvernement du parlement turc dirigé par le père de la Turquie moderne et les puissances signataires du traité de Sèvres à l'issue d'une conférence de paix organisée de novembre 1922 à juillet 1923 en Suisse, le traité de Lausanne a défini de nouvelles frontières turques, permettant au pays de récupérer des territoires sur la Grèce, tout en mettant fin aux privilèges économiques et financiers de certains Etats étrangers. 

Une consécration de la domination turque qui reconnaît par ailleurs l'existence des minorités juive et chrétiennes (Arméniens et Grecs), "privilège" que n'obtiendront pas les Kurdes. 

Le traité de Lausanne consacra alors la domination de la Turquie, de l'Iran, du Royaume-Uni (pour l'Irak) et de la France (pour la Syrie) sur les populations kurdes.


La rédaction de TF1info

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