TENSIONS - Entre point Godwin, chasse aux sorcières et mépris quasi-total, Donald Trump s'est déjà mis les renseignements américains à dos. Voilà qui promet pour les quatre années à venir.
Il n'est pas encore président et déjà, la relation entre Donald Trump et les services américains de renseignement semble vouée au divorce. D'abord, il y a l'affaire du piratage du Parti démocrate en pleine campagne présidentielle. La CIA assure que les Russes sont derrière, avec pour intention de mettre des batons dans les roues de Hillary Clinton, et donc de favoriser Trump.
Personne ne dit que les Russes ont fait gagner Donald Trump, mais lui le prend comme ça. Et il tire à vue, niant le hacking russe : "J’ai gagné l'élection facilement et des opposants véreux essaient de dénigrer notre victoire avec des FAUSSES INFORMATIONS", tweetait-il encore mercredi 11 janvier, oubliant tout de même que son adversaire avait recueilli plus de trois millions de votes de plus que lui.
I win an election easily, a great "movement" is verified, and crooked opponents try to belittle our victory with FAKE NEWS. A sorry state! — Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 11 janvier 2017
Pourtant, plus tôt ce mercredi, à l'occasion de sa première conférence de presse en tant que "president-elect", Donald Trump le reconnaît (enfin) au détour d'une phrase : "Je pense que c’était la Russie". Mais dans toutes les situations, dès qu'on remet une pièce dans la machine, Trump renchérit.
"C'est le genre de choses que l'Allemagne nazie faisait"
Il y a une autre affaire qui met de l'électricité entre Donald Trump et les renseignements : 35 pages de notes alléguant de liens de longue date entre son entourage et le Kremlin, publiées par BuzzFeed. Là encore, il nie en bloc : "Ce sont des fausses informations. C'est bidon. Ces choses ne se sont jamais passées."
Ces notes, CNN affirme que les chefs du renseignement américain en avaient présenté un résumé de deux pages ce vendredi lors d'une rencontre avec Trump. A nouveau, il dément : "Je pense que c'est scandaleux, scandaleux, que les agences de renseignements aient permis (la publication) d'une information qui s'est révélée être erronée et fausse", a-t-il dit.
"C'est le genre de choses que l'Allemagne nazie faisait". Comparer les renseignements américains et la Gestapo, il fallait oser. La réponse, cinglante, de l'administration sortante ne s'est pas fait attendre : ces critiques sont "très malavisées", a lâché le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest.
Intelligence agencies should never have allowed this fake news to "leak" into the public. One last shot at me.Are we living in Nazi Germany? — Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 11 janvier 2017
Trump et la "chasse aux sorcières"
Toujours concernant ses supposés liens avec la Russie, Donald Trump n'a pas hésité de parler de "chasse aux sorcières". Pour un Républicain, c'est une première... Ce genre de commentaires, ou encore le fait qu'il ait refusé d'avoir un briefing quotidien de la part des renseignements, mettent ces derniers dans une posture bien délicate.
FAKE NEWS - A TOTAL POLITICAL WITCH HUNT! — Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 11 janvier 2017
Un ancien de l'agence, Henry Crumpton, qualifiait la façon de parler de Trump de "dédaigneuse et insultante". Il ajoute : "Le président est le premier client des informations de la CIA. Si le président ne les prend pas en compte, cela risque de mettre en doute la crédibilité de l'agence face aux services de renseignements étrangers".
Mais rien ne semble entamer la confiance de Donald Trump en lui-même. "Les médias mentent pour faire croire que je suis contre le renseignement, alors qu'en fait je suis un grand fan", tweetait-il en ce début d'année. Pas sûr que cela suffise à restaurer la confiance, alors que le "president-elect" n'est même pas encore investi.