Pêche : le ton monte entre Emmanuel Macron et Boris Johnson à la veille d'une rencontre en marge du G20

Publié le 29 octobre 2021 à 22h09, mis à jour le 30 octobre 2021 à 12h44

Source : JT 20h Semaine

CRISE DIPLOMATIQUE - Le président français Emmanuel Macron a estimé ce vendredi soir que la "crédibilité" du Royaume-Uni était en jeu dans les différends post-Brexit. Londres a brandi des menaces de représailles, Boris Johnson promettant vendredi de "défendre les intérêts" de son pays.

C'est un entretien musclé qui attend ce weekend Emmanuel Macron et Boris Johnson. Le président français et le Premier ministre britannique doivent s'entretenir en marge du G20, à Rome. Et les sujets de discorde s'accumulent entre les deux voisins : l'épineux dossier de la pêche, mais aussi l'immigration illégale par la Manche ou les conséquences du Brexit en Irlande du Nord. Preuve des tensions entre les deux pays, les deux hommes se sont fendus d'une mise au point dès ce vendredi.

"Ne vous y méprenez pas, ça ne concerne pas que les Européens mais tous leurs partenaires. Car quand vous passez des années à négocier un traité et que, quelques mois plus tard vous faites l'opposé de ce qui a été décidé sur les aspects qui vous conviennent le moins, ce n'est pas une grande preuve de votre crédibilité", a déclaré Emmanuel Macron au Financial Times. Le président français a aussi assuré qu'il n'y avait eu ni "provocation" ni "tension" sur la question des droits de pêche, mais "nous devons nous respecter" mutuellement et "respecter la parole qui a été donnée".

Que reproche la France au Royaume-Uni ? Très exactement d'accorder en trop petit nombre des licences de pêche post-Brexit à ses pêcheurs. Elle a promis d'interdire dès mardi aux navires de pêche britanniques de débarquer leur cargaison dans les ports français et de renforcer les contrôles douaniers de camions, si la situation ne s'améliorait pas d'ici-là.

Loin de s'apaiser avant la rencontre au sommet de Rome, la tension est encore montée vendredi avec la menace de Londres de mettre en œuvre des "contrôles rigoureux" sur les bateaux européens frayant dans ses eaux, si Paris met effectivement ses menaces à exécution, a annoncé vendredi un porte-parole du gouvernement britannique. Ce dernier envisage en outre "de lancer une procédure de règlement des contentieux" prévue par l'accord commercial post-Brexit, entré en vigueur au début de l'année.

"Nous ferons le nécessaire pour défendre les intérêts britanniques", a déclaré Boris Johnson aux journalistes dans l'avion à destination de Rome. "La France est l'un de nos meilleurs, de nos plus vieux, de nos plus proches alliés, amis, partenaires" et "les liens qui nous unissent, qui nous lient, sont bien plus forts que les turbulences actuelles dans notre relation".

Samedi, le Premier ministre britannique a assuré être prêt à activer, pour la première fois, un outil de règlement des conflits prévu dans les accords post-Brexit avec l'UE. "Non, bien sûr que non, je ne l'exclus pas", a-t-il déclaré à la chaîne Sky News en marge du G20. "S'il y a une violation du traité (par la France, ndlr) ou si nous pensons qu'il y a une violation du traité, alors nous ferons ce qui est nécessaire pour protéger les intérêts britanniques". "Mais je crois que ce que tout le monde veut, c'est la coopération entre les alliés européens et Emmanuel Macron", a-t-il ajouté. 

"Et je partage l'opinion commune selon laquelle le changement climatique est un désastre pour l'humanité et que nous avons les moyens de l'affronter", a-t-il affirmé en amont du sommet de la COP26 la semaine prochaine à Glasgow. Le conflit sur la pêche "est franchement du pipi de chat, accessoire, en comparaison avec la menace contre l'humanité à laquelle nous sommes confrontés"

L'ambassadrice de France au Royaume-Uni convoquée vendredi

À Londres, l'ambassadrice de France au Royaume-Uni, Catherine Colonna, a été convoquée vendredi, une démarche rarissime entre pays alliés. Elle est repartie sans un mot après seulement 20 minutes d'entretien au Foreign Office, où la secrétaire d'Etat Wendy Morton lui a "exprimé sa déception concernant le ton de confrontation employé de manière constante par le gouvernement français, qui ne rend pas la situation plus facile à résoudre", selon le compte rendu britannique.


La rédaction de TF1info

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