Pourquoi les Etats-Unis et Israël quittent l'Unesco, l'organisation mondiale pour l'éducation, la science et la culture

Publié le 12 octobre 2017 à 16h54, mis à jour le 12 octobre 2017 à 18h41
Pourquoi les Etats-Unis et Israël quittent l'Unesco, l'organisation mondiale pour l'éducation, la science et la culture
Source : LOIC VENANCE / AFP

DIPLOMATIE - Les Etats-Unis ont officialisé jeudi leur sortie de l'Unesco, l'organisation de l'Onu pour la culture, dont ils furent les cofondateurs en 1946. Un divorce sur fond de désaccord ancien autour d'Israël, qui va également quitter l'Unesco.

Le divorce est consommé. Les Etats-Unis ont officialisé ce jeudi leur départ de l'Unesco, l'organisation mondiale pour l'éducation, la science et la culture qu'ils avaient confondée en 1946 avec vingt autres Etats, dont la France. Le départ effectif aura lieu le 31 décembre 2018.

L'annonce a été faite par l'Unesco elle-même, dont la directice générale Irina Bokova a "regretté profondément" la décision américaine, soulignant que "l'universalité est essentielle à la mission de l'Unesco pour construire la paix et la sécurité internationales face à la haine et à la violence, par la défense des droits de l'homme et de la dignité humaine". Depuis l'après-guerre, l'Unesco soutient des programmes mondiaux en faveur de l'éducation, des sciences, de la culture ainsi que de l'information. 

Dans la foulée, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a annoncé qu'Israël avait à son tour engagé les procédures nécessaires en vue de son retrait de l'Unesco. La décision américaine est "courageuse et morale", a dit le chef du gouvernement israélien, selon un communiqué. Il a donné instruction à son ministre des Affaires étrangères de préparer le retrait de l'Etat Hébreu, qui était membre de l'organisation des Nations unies depuis 1949.

Israël au coeur de la discorde

Le retrait des Etats-Unis, qui accuse l'organisation d'être "anti-israélienne", constitue l'épilogue d'un long et ancien désaccord. Le dernier en date remonte à juillet 2017, lorsque l'Unesco avait choisi de reconnaître la vieille ville d'Hébron (Cisjordanie), au sud de Jérusalem, comme "site du patrimoine mondial palestinien", en y incluant le Tombeau des Patriarches, site religieux important pour l'ensemble des religions monothéistes, dont le judaïsme. 

La décision avait suscité l'ire des Etats-Unis, dont l'ambassadrice à l'Onu avait dénoncé un "affront à l'Histoire", prévenant que Washington évaluerait "le niveau approprié de son engagement continu à l'Unesco". Plus tôt, en octobre 2016, l'organisation internationale avait déjà adopté en conseil exécutif une résolution à propos de Jérusalem-Est, ne faisant référence qu'aux noms musulmans des sites religieux. Six pays, dont les Etats-Unis, s'y étaient opposés, et 24 autres, dont la France, avaient fait le choix de s'abstenir. Candidat à l'élection américaine, Donald Trump avait alors jugé que l'Onu tentait "de nier le lien plurimillénaire entre le peuple juif et Jérusalem", estimant que cela constituait "une preuve de plus du puissant parti pris anti-israélien de cette instance". La directrice de l'Unesco elle-même avait pris ses distances avec le texte, soutenu par plusieurs pays arabes. 

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Un conflit ancien

Mais ce désaccord entre les Etats-Unis et l'Unesco remonte aussi à plus longtemps. En 2011, sous la présidence de Barack Obama, le premier allié d'Israël avait ainsi gelé sa participation financière lorsque l'organisation avait choisi d'intégrer parmi ses membres la Palestine -la législation américaine stipule que les Etats-Unis ne peuvent financer des organisations internationales reconnaissant la Palestine comme Etat-membre.

Rappelons aussi que les Etats-Unis s'étaient déjà retirés de l'Unesco sous la présidence de Ronald Reagan, en décembre 1984, au motif que l'organisation était trop proche du bloc communiste, en pleine guerre froide. 

La décision américaine de jeudi intervient précisément alors que l'Unesco va procéder, mi-octobre, à la désignation de son nouveau directeur général. Sur huit candidats en lice, pour moitié issus de pays arabes, il en reste trois à départager : le candidat du Qatar, Hamad Bin Abdulaziz Al-Kawari, la candidate de l'Egypte, Moushira Khattab, et la candidate de la France, l'ancienne ministre de la Culture Audrey Azoulay


Vincent MICHELON

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