Les feux de forêt y sont catastrophiques : pourquoi l'Amazonie brûle-t-elle depuis le mois de juillet ?

Publié le 23 août 2019 à 8h26, mis à jour le 27 août 2019 à 11h31

Source : Sujet TF1 Info

#PRAY FOR AMAZONIA - Les incendies qui ravagent l'Amazonie depuis le mois de juillet ont empiré ces derniers jours. "C'est une crise internationale", estime Emmanuel Macron. Sur Twitter, le hashtag #PrayforAmazonia est devenu viral. Le Brésil, qui possède 60 % de la surface amazonienne, est le pays d'Amérique latine le plus touché par les incendies.

L'Amazonie brûle sans discontinuer depuis le début du mois de juillet. Et la situation, qui touche plusieurs Etats du Brésil (Mato Grosso, Rondonia, Amazonas, Roraima) s'est aggravée ces derniers jours. Lundi 19 août, une épaisse couche de fumée a ainsi recouvert la ville de Sao Paulo, la plongeant dans le noir pendant près d’une heure. La mégalopole se situe pourtant au sud-est du pays, à plus de 2 700 km des Etats d'Amazonas et du Rondonia. 

Cette situation dramatique pour la forêt tropicale, vaste de 7 millions de km2, provoque l'émoi au Brésil, mais aussi ailleurs. "Notre maison brûle. Littéralement. L'Amazonie, le poumon de notre planète qui produit 20 % de notre oxygène, est en feu",a écrit le chef de l'Etat qui évoque  "une crise internationale." À tel point que le hashtag #PrayforAmazonia est devenu viral sur Twitter, où les utilisateurs disent leur consternation face à l'absence de réaction sur ce problème environnemental. "L'Amazonie brûle depuis 16 jours et personne n'en parle ?", peut-on lire ici et là. 

Sécheresse et déforestation

L’institut national de recherche spatiale (INPE), qui évalue la déforestation amazonienne grâce à un système d’images par satellite, suit de près l'étendue des feux de forêt. Selon ses chiffres, 72.843 départs de feu ont été enregistrés au Brésil sur les sept premiers mois de 2019, contre 39.759 sur l'année 2018, soit une hausse de 83 %, faisant du Brésil le pays d’Amérique du Sud le plus touché par les incendies. 52 % de ces feux de forêt concernent l'Amazonie. Une hausse significative, après deux années de baisse consécutive des feux dans la forêt tropicale.

S’ils sont rares presque toute l’année, les incendies augmentent de manière significative avec l’arrivée de la sécheresse. Le mois de mai marque le début de la saison sèche dans le pays, prévue pour durer jusqu’en août-septembre. Ce mois de mai signe aussi la reprise du déboisement et d’activités agricoles plus intenses, comme l’avait expliqué à LCI Cécile Leuba, chargée de campagne Forêts pour l’association Greenpeace. Car une fois déforestées, les zones sont  défrichées en étant brûlées, afin d’obtenir un terrain favorable à la culture et l’élevage. En saison sèche, il est alors difficile, voire impossible, de maîtriser ces départs de feu volontaires.

"Ce à quoi nous assistons est la conséquence de l'augmentation de la déforestation révélée par les chiffres récents", estime ainsi auprès de l’AFP Ricardo Mello, du programme Amazonie du Fond Mondial pour la Nature-Brésil. En effet, les dernières données mensuelles publiées par l’INPE évaluent la destruction de la forêt amazonienne à 739 km2 en mai dernier (en hausse de 34 % par rapport à mai 2018), à 920 km2 en juin (+ 88 %). Soit plus de 4 700 km2 de boiseries partis en fumée sur les six premiers mois de l’année 2019. Un chiffre plus récent a été publié par l'INPE, celui du mois de juillet, où 2 255 km2 ont été déforestés, soit une hausse de... 278 %. 

En prévention, l’Etat de Mato Grosso (centre-ouest) a interdit les feux agricoles du 15 juillet au 15 septembre et s’emploie à sensibiliser les agriculteurs sur ce sujet. Pour autant, il est le plus touché des Etats brésiliens couvrant la forêt amazonienne : 13 682 départs de feu y ont été constatés depuis janvier 2019, en hausse de 87 % par rapport à toute l’année 2018. L’Etat de Rondonia (ouest), lui, a vu près de 1 000 hectares de forêt détruits par le feu. C’est au mois d’août que cette région est la propice à des incendies. L’Amazonas (nord-ouest) a pour sa part déclaré l’état d’urgence le 12 août, compte tenu de la situation. A noter que la Guyane française, frontalière du Brésil, n'est pas touchée par les feux de forêt, apprend à LCI l'Office National des Forêts (ONF) de Guyane.

Interrogé par l'AFP, Rocardo Salles, ministre de l'Environnement brésilien, a précisé que "le gouvernement a mobilisé tous les effectifs des secouristes et tous les avions (...) qui sont désormais à pied d'oeuvre avec les gouvernements régionaux". Pour autant, les prises de position de Jair Bolsonaro au sujet de l'Amazonie ne manquent pas de choquer la population. Climato-sceptique et libéral notoire, il souhaite avant tout exploiter les terres amazoniennes à des fins commerciales. Là encore, le président brésilien s'est illustré mercredi 21 août en insinuant que les ONG étaient responsables des incendies en cours, "pour attirer l'attention" et réagir à la suspension des subventions allouées par le gouvernement.


Caroline QUEVRAIN

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