DUEL - Le premier débat pour l'élection présidentielle américaine s'est tenu dans la nuit de mardi à mercredi à Cleveland, dans l'Ohio. Un débat d'une rare violence dans l'histoire de la démocratie américaine.
Le calme n’aura été que très courte durée avant que la cacophonie ne prenne le dessus. Dans la nuit du 29 au 30 septembre, Donald Trump et Joe Biden se sont affrontés au cours du premier débat de l’élection présidentielle américaine, à une trentaine jours du scrutin. Devant un public restreint pour cause de pandémie de Covid-19, les échanges ont été lancés à 21h locales (3h en France) par le journaliste de Fox News Chris Wallace depuis Cleveland, dans l’Ohio. A suivi une heure et demi de duel, où la pandémie de Covid-19, les tensions raciales, le changement climatique et la relance économique ont été balayés au rythme des passes d’armes entre le président sortant et son rival démocrate.
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Des insultes et beaucoup d'attaques personnelles
Après quelques minutes d’échanges relativement calmes sur l’enjeu d’une nomination à la Cour suprême, les invectives n’ont pas tardé à fuser, l’ensemble du débat étant dominé par les interruptions des candidats et les difficultés de Chris Wallace à s’imposer. Le 45ème président des Etats-Unis, candidat à un second mandat, a rapidement raillé celui qu’il a appelé tout au long de la campagne "Sleepy Joe" (Joe le dormeur, ndlr.), mettant en doute ses capacités physiques et mentales. "Vous n'êtes pas intelligent Joe, attaque le milliardaire. En 47 ans, vous n'avez rien accompli."
Le démocrate n'était pas en reste, appelant le président "un menteur", "un clown" ou encore "le caniche de Poutine".
Deux axes ont fait l’objet d’offensives régulières de la part du candidat républicain, qui s’est tenu constamment tourné en direction de son rival. En premier lieu, les accusations de collusion avec la "gauche radicale" et les similarités, selon Trump, entre les visions de Biden et celle de son opposant défait à la primaire démocrate, Bernie Sanders – sur les programmes santé, il va jusqu’à pointer le système de santé "socialiste" souhaité, selon lui, par son opposant.
Mais c’est ensuite vers le terrain personnel qu’il se tourne lorsqu’il choisit de mettre en cause Hunter, le fils du candidat démocrate dont il affirme qu’il a encaissé plusieurs millions de dollars de la part de la Chine ou de la Russie. "Tout cela est faux", répète à plusieurs reprises Joe Biden, qui finit par couper court : "Les Américains ne s'intéressent pas à ça."
Biden à l'offensive
Réputé prompt à faire des gaffes, l’ancien vice-président de Barack Obama était très attendu pour cet événement de la campagne qui a été suivi par plusieurs dizaines de millions d’électeurs. Il s’est finalement montré calme, mais combatif et capable de rendre les coups. "Tout le monde sait que c’est un menteur", n’a-t-il pas hésité à déclarer au sujet de Donald Trump après seulement une quinzaine de minutes d’émission.
Régulièrement interrompu par son rival, il a tenté à plusieurs reprises de s’adresser directement aux électeurs, les yeux fixés sur la caméra. Mais lui aussi a donné dans l’enchère des épithètes : "Il est impossible d’en placer une avec ce clown", assène-t-il face à celui qu’il désigne plus tard comme le "pire président que les Etats-Unis aient jamais eu". Il n’hésite par ailleurs, à exiger de ce dernier qu’il "la ferme".
Trump attaqué sur sa gestion de la pandémie de Covid-19
C’est l’un des sujets sur lequel les échanges entre les deux candidats septuagénaires ont été les plus vifs : le lourd tribut pris par la pandémie de Covid-19 aux Etats-Unis. Le pays est aujourd’hui le plus endeuillé au monde et comptabilise plus de 205.000 morts liés à une contamination au coronavirus.
Le sujet était très attendu par Joe Biden, qui n’aura cessé de dénoncer l'inaction, selon lui, de son rival républicain. "Qu'est-ce qu'il a fait ? Il a attendu, attendu et il n'a pas de programme", attaque-t-il, dans la ligne de ses prises de position ces derniers mois. Donald Trump réplique en défendant son choix de fermeture des frontières "Si on vous avait écouté, le pays serait resté ouvert et nous aurions des millions de morts, pas 200.000" et sa volonté de ne porter un masque que quand c’est "nécessaire".
Après les révélations sur ses impôts, Trump se défend comme il peut
Autre dossier ravivé par l’actualité : les impôts payés par le président sortant. Une enquête du New York Times publiée deux jours avant le débat révélait effectivement que le milliardaire n’avait payé que 750 dollars d'impôts fédéraux en 2016 et 2017, aucun pendant 10 des 15 années précédentes. La polémique avait par ailleurs été ravivée par Joe Biden en amont du débat. Le démocrate avait rendues publiques ses feuilles d’impôts pour 2019 ce mardi, pique lancée à son rival qui a toujours refusé de dévoiler les siennes depuis 2015.
Interrogé par Chris Wallace sur le montant de sa contribution fiscale en 2016, Donald Trump s’est montré catégorique : "Des millions", a-t-il affirmé. "Vous le verrez", a-t-il ajouté, sans toutefois s’engager à plus de transparence. Des déclarations en contradiction avec des propos assumés sur l’optimisation fiscale : "Avant de venir ici, j'étais un entrepreneur, un acteur privé, a-t-il admis. Et comme tous les acteurs privés, on jongle avec les lois."
The American people deserve transparency from their leaders, it's why as of today, I've released 22 years of my tax returns. https://t.co/6fwL20fWeI — Joe Biden (@JoeBiden) September 29, 2020
Accepter les résultats de l'élection ? Biden et Trump s'opposent
Si le débat a été houleux, son issue l'a été autant plus et laisse planer une ombre sur le scrutin du 3 novembre 2020. Quelques jours auparavant, Donald Trump refusait de s’engager sur une transition pacifique en cas de défaite l’élection. Ce mardi n’aura pas permis d'y voir plus clair sur la situation, le président sortant continuant ses attaques contre le vote par correspondance. "Ça va être une fraude comme on en a jamais vu auparavant", a-t-il martelé, appuyant que "cette histoire ne va pas bien se terminer".
Son rival démocrate a assuré qu’il respecterait le résultat des urnes. "Si c’est moi, tant mieux. Si ce n’est pas moi, je le soutiendrai", a assuré le démocrate, le président sortant a esquivé la question. Selon lui, les résultats de l'élection présidentielle du 3 novembre aux Etats-Unis pourraient ne pas être connus "avant des mois". C’est sur cette question que ce premier débat s’est clôt.
Deux autres débats auront lieu les 15 et 22 octobre, respectivement à Miami (Floride) et Nashville (Tennessee). Le 7 octobre, le vice-président Mike Pence et la colistière de Biden, Kamala Harris, s'affronteront à Salt Lake City (Utah).
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