ELECTION - Selon les premiers résultats partiels portant sur 27% des votes, l'universitaire indépendant Kais Saied arrive en tête du premier tour de la présidentielle tunisienne avec 19% des voix. Il devance l'homme d'affaires emprisonné Nabil Karoui (14,9% des voix).
Deux candidats "anti-système" sont en lice pour devenir le nouveau chef de l'Etat tunisien. Kais Saied et Nabil Karoui – malgré son incarcération - arrivent en tête du premier tour de la présidentielle tunisienne avec 19% des voix, selon des résultats officiels préliminaires portant sur 27% des suffrages, a annoncé ce lundi l'Instance des élections (Isie).
Selon ces premiers résultats, avec 19% des suffrages Kais Saied devance l'homme d'affaires emprisonné Nabil Karoui (14,9% des voix), lui-même au coude à coude avec le candidat du parti d'inspiration islamiste Ennahdha, Abdelfattah Mourou (13,1% des voix). Dimanche soir, les deux hommes arrivés en tête avaient revendiqué leur qualification au second tour de la présidentielle.
"Un jour exceptionnel pour la démocratie et pour l'histoire du pays"
Les résultats officiels préliminaires ne seront annoncés que mardi par l'Isie, l'instance chargée de l'organisation du scrutin. Mais s'ils se confirment, ces résultats sont un véritable coup de tonnerre qui balaye la classe politique tunisienne au pouvoir depuis la révolution de 2011, et ouvrent une période de grande incertitude dans le pays pionnier du printemps arabe.
"C'est un jour exceptionnel pour la démocratie et pour l'histoire du pays (…) Aujourd'hui le peuple tunisien a choisi deux candidats pour le 2e tour", a déclaré Nabil Karoui dans une lettre lue par sa femme Salwa Smaoui, au QG de son parti Qalb Tounes. "Nous espérons qu'il sera libéré demain et qu'il pourra mener campagne de façon équitable", a ajouté l'épouse de Nabil Karoui, devant une foule de partisans en liesse.
Le parti d'inspiration islamiste Ennahdha a pour sa part déclaré attendre les résultats officiels, confirmant ou non sa troisième position, avant de se prononcer. "Seule l'Instance des élections (Isie) donne les résultats", a souligné le député d'Ennahdha Samir Dilou, également directeur de campagne d'Abdelfattah Mourou. "Que ce soit au niveau du classement ou même dans les pourcentages de voix, nos propres résultats diffèrent, mais nous allons attendre d'en être sûrs." "Je ne doute pas du travail des instituts de sondage", mais "ce n'est pas le rôle des instituts de sondage d'imposer à l'opinion publique une certaine vérité", a-t-il martelé.
"Si je suis élu président j'appliquerai mon programme"
Nabil Karoui, 56 ans, est derrière les barreaux depuis le 23 août, sous le coup d'une enquête pour blanchiment et fraude fiscale. Si sa qualification au second tour se confirme, il s'agira d'une situation sans précédent dans le monde. Fondateur de la chaîne privée Nessma, il s'est construit une forte popularité en organisant des opérations caritatives dans les régions défavorisées du pays.
De son côté, l'universitaire indépendant Kais Saied, 61 ans, surnommé "Robocop" en raison de sa diction rigide et de son visage impassible, a assuré être "le premier du premier tour". "Si je suis élu président, j'appliquerai mon programme", a-t-il déclaré à l'AFP, dans un petit appartement délabré du centre de Tunis, entouré d'une quinzaine de personnes ayant participé à sa campagne. Kais Saied, connu des Tunisiens pour avoir commenté la scène politique sur les plateaux de télévision depuis la révolution de 2011, n'a aucun parti pour le soutenir et n'avait jamais disputé de campagne électorale.