Coupe du monde en Russie : pourquoi Poutine est-il si populaire dans le pays ?

Publié le 23 mai 2018 à 15h04
Coupe du monde en Russie : pourquoi Poutine est-il si populaire dans le pays ?

LA COUPE DU MONDE DE POUTINE – La Russie accueille du 14 juin au 15 juillet le Mondial. Un événement crucial pour le chef de l'Etat, qui a bien l'intention d'utiliser le sport comme instrument de "soft power" afin de promouvoir son autorité. Aujourd'hui, zoom sur la popularité du chef de l'Etat. Les recettes de son succès ? La stabilité et l'ordre.

Ingérence dans les élections américaines, soutien militaire au régime de Damas, soupçons d'empoisonnement d'un ex-agent au Royaume-Uni… Hors de ses frontières, Vladimir Poutine croule sous les critiques. Sauf que sur ses terres, l'image du chef de l'Etat russe est tout autre : il est un président populaire et soutenu.

Comment expliquer un tel engouement ? Pour Julien Nocetti, chercheur au Centre Russie de l'Institut français des relations internationales, la popularité de Poutine est "réelle au sein de la population". Elle trouve sa source dans ses deux premiers mandats, entre 2000 et 20008 : "Il a su redonner une stabilité aux Russes, qui en avaient beaucoup besoin à la fin des années 1990. Ces années furent chaotiques, marquées par une transition compliquée vers l’économie de marché." 

"Si Poutine part, il n’y aura personne pour le remplacer"

De la stabilité mais également de l'autorité, souligne le chercheur. "Les russes avaient envie d’un retour à l’ordre, notamment après les deux guerres de Tchétchénie qui ont beaucoup marqué la population. N’oublions pas qu’au début des années 2000, Moscou a d’avantage été visée que Tel Aviv par des attentats."

Si Vladimir Poutine a su consolider son pouvoir et sa popularité, c'est en mettant à l'écart toute forme de concurrence. Sous sa présidence, les médias ont été mis sous contrôle et les libertés publiques ont été réduites à coup de lois. "L'opposition est très faible, divisée et fragmentée, abonde Julien Nocetti. Elle a été ciblée par des attaques du Kremlin, comme on a pu le voir avec l'opposant Alexeï Navalny, qui jongle entre peine de prison et assignation à résidence." Avant d'ajouter : "On constate une forme de réalisme désabusé au sein de la population. Celle-ci se dit : si Poutine part, il n’y aura personne pour le remplacer."

La réputation à l'étranger du chef de l'Etat, paradoxalement, s'avère elle aussi un atout sur la scène nationale. Car pour Vladimir Poutine, tous ces reproches montrent en réalité que l'idée d'une Russie forte gêne les Occidentaux. C'est justement avec le leitmotiv d'un "président fort pour un pays fort" que le chef du Kremlin a fait campagne pour être réélu le 18 mars. Début mars, lors d'un discours devant le Parlement, il a ainsi fait étalage d'une puissance militaire retrouvée grâce aux nouvelles armes "invincibles" de la Russie, lançant aux Occidentaux : "Ecoutez-nous maintenant !".


Thomas GUIEN

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