Que s’est-il passé lors du génocide au Rwanda en 1994 ?

ML (avec AFP)
Publié le 27 mai 2021 à 12h05, mis à jour le 27 mai 2021 à 12h43

Source : TF1 Info

CHRONOLOGIE - À l’occasion de la visite d’Emmanuel Macron ce jeudi à Kigali, retour sur le génocide de 1994 au Rwanda, année sanglante qui a fait près d’un million de morts en à peine trois mois, en majorité chez les Tutsis.

Plus d’un quart de siècle après le génocide, la venue du président de la République au Rwanda ce jeudi devrait contribuer à la normalisation des relations entre Paris et Kigali. Le pays attend que lumière soit faite sur la responsabilité de la France dans ce drame survenu entre avril et juillet 1994, instigué par le régime extrémiste hutu et qui a fait plus de 800.000 morts, essentiellement parmi la minorité tutsie, mais aussi chez les Hutus modérés, selon l'ONU.

Tout débute le soir du 6 avril 1994. L'avion du président rwandais hutu, Juvénal Habyarimana, est abattu au-dessus de Kigali. Le chef d’État était de retour d'Arusha, en Tanzanie, où se tenaient des négociations de paix avec la rébellion du Front patriotique rwandais (FPR), à majorité tutsie, qui est aujourd'hui au pouvoir. Le mouvement politique et militaire est jugé responsable de l’attaque par les extrémistes hutus.

Une attaque survenue sur fond de tensions latentes entre les Tutsis et les Hutus depuis plusieurs décennies, attisées par les colons belges jusqu’à l’indépendance du pays en 1962. Le FPR, fondé par des descendants d’exilés tutsis des années 1960, avait lancé une première offensive contre le Rwanda en 1990, depuis l’Ouganda. Une tentative de prise de pouvoir soldée par un échec. La communauté tutsie est réprimée dans la violence par les extrémistes hutus au pouvoir, tandis que les négociations de paix d’Arusha n’aboutissent pas. 

Dans les heures qui suivent la mort du président hutu, plusieurs ministres sont tués, accusés de collusion avec la rébellion du FPR. La Première ministre, Agathe Uwilingiyimana, Hutu modérée, est assassinée par des militaires, de même que dix Casques bleus belges de la Mission d'observation des Nations unies (Minuar) chargés de la protéger.

Des massacres à la machette étendus à tout le pays, la communauté internationale paralysée

Commencent alors les massacres à grande échelle. Le pouvoir, dominé par les Hutus, accuse les Tutsis de soutenir le FPR. Des listes de personnes à tuer sont établies par les autorités. Leurs bras armés, les milices Interahamwe et les Forces armées rwandaises (FAR), fouillent les maisons et massacrent méthodiquement les "Inyenzi", les "cafards" en kinyarwanda qui désignent les Tutsis. Les Hutus opposés au parti d'Habyarimana et ceux qui refusent de participer aux tueries sont aussi pris pour cible.

Les tueries s'étendent à tout le pays. Hommes, femmes et enfants sont exterminés à coups de machettes, déchiquetés par les grenades et les obus, dans les rues, chez eux, et même dans les églises et les écoles où ils s'étaient réfugiés. La population prend largement part aux massacres, gargarisée par les autorités et des médias, dont la tristement célèbre Radio-télévision libre des Mille collines (RTLM) devenue le principal “média de la haine”.

La communauté internationale reste paralysée. Le 21 avril, au plus fort des massacres, l'ONU décide de réduire drastiquement l'effectif de la Minuar (mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda) de 2.300 à seulement 270 hommes, pour des raisons de sécurité. Une semaine plus tard, la branche belge de l'organisation Médecins sans frontières (MSF) affirme qu'un véritable génocide est en cours.

Plusieurs dizaines de condamnations à perpétuité par le Tribunal pénal international pour le Rwanda

Les tueries prennent fin le 4 juillet, lorsque le FPR s'empare de Kigali, après une centaine de jours d’affrontements. La victoire des rebelles déclenche un exode de centaines de milliers de Hutus vers le Zaïre voisin (aujourd'hui République démocratique du Congo). Le conflit fera ainsi deux millions de réfugiés et 1,5 million de déplacés internes. La France, de son côté, lance une opération militaro-humanitaire baptisée Turquoise. Celle-ci sera accusée par le FPR de vouloir sauver le régime et les auteurs du génocide.

Le 8 novembre 1994, l'ONU crée un Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) à Arusha, en Tanzanie. Quatre ans plus tard, il prononce ses premières peines de réclusion à perpétuité. Ses décisions constituent la première reconnaissance du génocide contre la minorité tutsie par la justice internationale. Plusieurs dizaines de condamnations sont prononcées, allant jusqu’à la prison à vie. 

Plus de 12.000 tribunaux populaires, les “gacaca”, ont également jugé près de deux millions de personnes entre 2005 et 2012 : 65% d'entre elles ont été condamnées, le plus souvent à des peines d’emprisonnement. 


ML (avec AFP)

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