DIPLOMATIE - Le général et ancien espion nord-coréen Kim Yong-Chol a joué un rôle décisif dans l’organisation de la rencontre qui se tiendra ce mardi entre Donald Trump et Kim Jong-Un. Pourtant placé sur liste noire par les Etats-Unis et la Corée du Sud, c’est lui qui a remis une lettre du dictateur nord-coréen au président américain.
Son visage a fait le tour des télévisions lors des Jeux olympiques cet hiver. Emissaire de Kim Jong-un lors de la compétition qui s'est déroulée en Corée du Sud, Kim Yong-Chol est l’homme au centre de la nouvelle diplomatie nord-coréenne. Général quatre étoiles et ancien responsable des services de renseignement du pays, il symbolise l’ouverture entreprise par son leader sur la scène internationale et concrétisée par la rencontre avec Donald Trump ce mardi à Singapour.
Né en 1945, ce septuagénaire, vice-président du Comité central du Parti des travailleurs de Corée (le parti unique en Corée du Nord), est l’homme de confiance du dictateur. C'est lui qui a rencontré plusieurs fois Mike Pompeo, chef de la diplomatie américaine, pour préparer le sommet, avant de remettre une lettre écrite par Kim Jong-un à destination de Donald Trump.
Sur liste noire aux Etats-Unis et en Corée duSud
Membre dirigeant du service de renseignement nord-coréen pendant une trentaine d’années, Kim Yong-Chol a pourtant longtemps été considéré comme indésirable sur la scène diplomatique mondiale. Placé sur liste noire par les Etats-Unis et la Corée du Sud (respectivement depuis 2010 et 2016), il est accusé par Séoul d’avoir été le cerveau d’attaques meurtrières contre un navire de la marine sud-coréenne et une île en 2010. Les services de renseignement américains l’ont également relié à une cyberattaque massive contre Sony Picture en 2014.
Son rôle central dans le rapprochement entre les Etats-Unis et la Corée du Nord n’était donc pas gagné d’avance. "C’est un négociateur dur en affaires et un expert des pourparlers intercoréens. Mais il est vrai qu’il représentait jusqu’à cette année plutôt une ligne dure que l’harmonie et la réconciliation", rappelle l’ancien responsable de la défense sud-coréenne Moon Sang-Gyun. Il était notamment "parti en claquant la porte" d’une rencontre militaire avec ses voisins en 2014, lorsque ces derniers avaient exigé des excuses pour les attaques de 2010.
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Rétrogradé après s'être endormi en réunion
Même dans son pays, Kim Yong-Chol n’a pas toujours fait l’unanimité. Selon les services de renseignement sud-coréens, il avait été rétrogradé à général trois étoiles en 2015 après s’être endormi à une réunion. En 2016, il aurait également été envoyé brièvement en camp de rééducation pour manières "autoritaires" et abus de pouvoir.
Des sanctions qui paraîtront bien loin mardi, quand Donald Trump et Kim Jong-Un se rencontreront en grande partie grâce à lui.