Il affirme avoir déjà personnellement tué des criminels : qui est Rodrigo Duterte, le très brutal président des Philippines ?

Publié le 14 décembre 2016 à 8h19, mis à jour le 14 décembre 2016 à 8h32
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Source : Sujet JT LCI

OUTRANCIER – Le président des Phiilippines Rodrigo Duterte a affirmé ce mardi avoir déjà personnellement tué des criminels présumés pour montrer l'exemple à la police. De quoi renforcer encore un peu plus son image de personnage peu fréquentable. Portrait du "Trump philippin".

Il n’a fait que confirmer des accusations de longue date. Le président des Philippines Rodrigo Duterte a affirmé ce mardi avoir personnellement tué des criminels présumés à l'époque où il était maire de Davao, la troisième ville du pays, pour "montrer" l'exemple à ses forces de police. De quoi ajouter une ligne de plus à son CV d’homme politique brutal déjà long comme le bras et de renforcer encore un peu plus son image de personnage peu fréquentable. 

"A Davao, je le faisais personnellement, juste pour montrer aux gars (de la police, ndlr) que si je peux le faire, pourquoi ne pourraient-ils pas ?" a déclaré le chef d’Etat de l’archipel asiatique. "J'allais dans Davao avec une moto et je patrouillais dans les rues à la recherche de problèmes. Je cherchais vraiment l'affrontement pour pouvoir tuer."

Répondant aux critiques de la communauté internationale, il a redit qu'il n'avait pas l'intention de mettre un terme à sa politique anti-drogue qui a fait plus de 5000 morts depuis son entrée en fonction le 30 juin dernier. 

"Fils de p***" : son insulte préférée

Rodrigo Duterte n'a de toute façon rien à faire des reproches de ses homologues étrangers. Homologues qu'il n'hésite d'ailleurs pas à vilipender dès qu'il en a l'occasion. En septembre dernier, faisant comme un souvent un usage très personnel de l'élégance et de la bienséance diplomatique, il avait ainsi insulté Barack Obama de "fils de p***" - son juron préféré, déjà utilisé pour qualifier le pape François, l’ambassadeur américain aux Philippines ou encore l’ONU, personnifiée pour l’occasion - avant de promettre de lui "porter malheur". 

S'il avait ensuite dit regretter, cette saillie avait permis au monde de découvrir plus largement cet avocat de 71 ans, surnommé "Dirty Harry" en référence à l’atypique inspecteur campé par Clint Eastwood dans la série de films éponyme,que les Philippins ont élu triomphalement le 9 mai pour un mandat de 6 ans. 

"J'ai promis à Dieu de ne plus parler de manière familière": Rodrigo Duterte prend de bonnes résolutionsSource : Sujet JT LCI
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Oubliez les droits de l’Homme
Rodrigo Duterte, s'adressant aux Philippins durant la campagne présidentielle

Dans un pays où la corruption est endémique et la haine des élites prégnante, ses déclarations choc et son positionnement anti-système avaient plus que plu aux électeurs. "Oubliez les droits de l’Homme", lâchait-il alors par exemple dans ses discours. "Si je deviens président, ça va saigner."

Plaisanterie douteuse sur le viol d’une Australienne

Mais même avant la campagne présidentielle, son goût pour la polémique avait déjà pu se vérifier. Des polémiques parfois douteuses, sinon abjectes. En avril dernier, Rodrigo Duterte avait en effet provoqué un tollé en plaisantant du viol d’une missionnaire australienne en 1989 dans une prison de la ville.   

"J'ai vu son visage et je me suis dit : 'Put***, quel dommage, ils l'ont violée, ils ont tous attendu leur tour'", lançait-il alors devant un auditoire hilare. "J'étais en colère qu'ils l'aient violée mais elle était si belle. Je me suis dit : 'Le maire aurait dû passer en premier'." Cette sortie avait provoqué l’ire des associations féministes de l’archipel, à qui il avait tranquillement répondu "d’aller en enfer".

Des appels à tuer

Élu pour sa promesse d’éradiquer le trafic de drogue et l'insécurité qui gangrène les Philippines, Rodrigo Duterte avait juré de faire la peau à des dizaines de milliers criminels, dont les corps seraient ensuite "jetés dans la baie de Manille". Et pour arriver à ses fins, le "Trump philippin" avait appelé ses concitoyens au meurtre. "Si vous connaissez le moindre drogué, allez-y et tuez le", déclarait-il au lendemain de son investiture le 30 juin dernier. 

Prié de savoir ce qu’il comptait faire après la mort d’un reporter à Manille au mois de mai, Duterte s’était laissé aller à une réponse hasardeuse : "Ce n'est pas parce que vous êtes journaliste que vous êtes exempté d'assassinat, si vous êtes un fils de p*** (…) La plupart de ceux qui ont été tués, pour être franc, ont fait quelque chose. Si on ne fait rien de mal, on n'est pas tué". 

Duterte dresse un parallèle entre Hitler et luiSource : Sujet JT LCI
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Alexandre DECROIX

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