Qui était Slobodan Praljak, le Croate de Bosnie, qui s'est suicidé en pleine audience en buvant du poison ?

PORTRAIT - Slobodan Praljak, 72 ans, était un haut responsable des forces croates de Bosnie. Reconnu coupable de crimes de guerre et crimes contre l'humanité, il est considéré comme un héros national par les Croates.
Slobodan Praljak, 72 ans, est mort ce mercredi après avoir bu du poison dans la salle d’audience du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie à La Haye. Alors qu’il venait d’entendre le tribunal confirmer sa condamnation à 20 ans de prison, l’ex-haut responsable des forces croates de Bosnie a déclaré : "Slobodan Praljak n’est pas un criminel de guerre. Je m’oppose avec mépris à votre verdict", a-t-il dit, en parlant de lui à la 3e persoenne, avant de boire le contenu d’une fiole de poison.
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L’accusé a été un haut responsable des forces armées de la république croate de Herceg-Bosna qui a combattu les Bosniaques en 1993-94, lors d'affrontements qui ont fait plusieurs milliers de morts. Il a été cité comme l’un des responsables de la destruction du pont ottoman de Mostar en novembre 1993, l’une des images les plus symboliques de la guerre.
Le conflit entre les Croates et les Bosniaques s'inscrit plus largement dans la guerre de Bosnie, qui a fait près de 100.000 morts entre 1992 et 1995. Croates et Bosniaques sont des nationalités d'ex-Yougoslavie. À la chûte de l'URSS en 1991 puis 1992, la Yougoslavie a éclaté en plusieurs pays : Slovénie, Croatie, Macédoine, Bosnie-Herzégovine, Serbie (et Monténégro en 2006). Mais certains de ces états comptent plusieurs peuples. En Bosnie, on trouvait notamment des Serbes (majoritairement orthodoxes), des Bosniaques (majoritairement musulmans) et des Croates (majoritairement catholiques), qui se sont affrontés pendant la guerre de Bosnie.
Un héros national
Pour beaucoup de Croates, Slobodan Praljak, ingénieur devenu directeur de théâtre - et qui n’était donc pas militaire de métier - reste un héros. "La contribution du général Slobodan Praljak a été d’une immense importante à la fois pour la défense de la Croatie et de la Bosnie contre l’agression ‘grand serbe’ et pour la survie du peuple croate sur son territoire historique durant la guerre patriotique" a d’ailleurs déclaré la semaine dernière la présidente Kolinda Grabar-Kitarovic lors d’un hommage.
De son côté, le Premier ministre Andrej Plenkovic a estimé que le "geste" de Slobodan Praljak illustrait "la profonde injustice morale" commise par le tribunal de La Haye envers les six Croates de Bosnie et "contre le peuple croate". Il a également présenté ses "sincères condoléances" à la famille de Praljak.
Slobodan Praljak assistait ce mercredi avec cinq autres responsables à l’audience d’appel de leur condamnation pour leur rôle dans la guerre qu’ils ont livrée en 1993 et 1994 aux forces bosniaques. Ils avaient été reconnus coupables d’une "entreprise criminelle commune" pour imposer une domination croate, en usant de l’épuration ethnique dans les zones que leurs forces contrôlaient.
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