"Raid anti-Pyongyang" à Madrid : qu'est-ce que cet assaut qualifié d'attaque "terroriste" par la Corée du Nord ?

Publié le 31 mars 2019 à 14h44
"Raid anti-Pyongyang" à Madrid : qu'est-ce que cet assaut qualifié d'attaque "terroriste" par la Corée du Nord ?

RÉCAP' - La Corée du Nord a dénoncé dimanche le raid effectué le mois dernier contre son ambassade à Madrid et revendiqué par un mystérieux groupe d'opposants. L'attaque a eu lieu quelques jours avant le deuxième sommet, à Hanoï, entre Donald Trump et Kim Jong Un.

Le faits remontent à la fin du mois de février, quelques jours avant le deuxième sommet, à Hanoï, entre le président américain Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un. Après des semaines de mutisme total, un juge d'instruction espagnol a dévoilé mardi dernier une foule de détails sur un mystérieux assaut contre l'ambassade de Corée du Nord à Madrid. 

Mais que sait-on de ce raid anti-Pyongyang qualifié ce dimanche d'attaque "terroriste" par un porte-parole du ministère nord-coréen des Affaires étrangères ?

Que s'est-il passé ?

C'est le 22 février que la représentation diplomatique de Corée du Nord a été attaquée par un commando armé. Selon le juge d'instruction, deux des assaillants avaient amené le chargé d'affaires de l'ambassade au sous-sol pour l'inciter à faire défection, se présentant "comme des membres d'une association ou d'un mouvement de défense des droits de l'Homme pour la libération de la Corée du Nord".

Le commando, composé d'une "dizaine de personnes", avait "utilisé la force, avec des armes à feu factices, des machettes, des barres de fer et des couteaux" avant de prendre en otage les occupants, ligotés et la tête recouverte de sacs, a précisé le tribunal. Les membres du commando s'étaient ensuite enfuis à bord de deux véhicules de l'ambassade nord-coréenne, abandonnés plus tard, en emportant des ordinateurs, des documents et des téléphones.

Qui se cache derrière ce raid ?

Dans la foulée de la communication du tribunal espagnol chargé de cette ténébreuse affaire, le groupe Défense civile Cheollima (DCC) a revendiqué le raid, expliquant vouloir mettre en lumière les activités "illégales" des représentations diplomatiques de Pyongyang à l'étranger. Plusieurs de ses membres font l'objet d'un mandat d'arrêt international, a précisé le juge d'instruction.

Le magistrat a encore fait savoir que le chef présumé du commando était un certain Adrian Hong Chang, de nationalité mexicaine mais résidant aux Etats-Unis. Il a déclaré que cinq jours après l'assaut, Hong Chang était "entré en contact avec le FBI" à New York "afin de lui remettre des informations relatives à l'incident (...) ainsi que du matériel audiovisuel obtenu".

Le quotidien espagnol El Pais, citant des sources policières et au sein du contre-espionnage espagnol (CNI), a récemment affirmé qu'au moins deux membres de ce commando "ont été identifiés et ont des liens avec les services secrets des Etats-Unis", à savoir la CIA. Toujours d'après El Pais, Madrid a demandé des explications à l'agence américaine de renseignement mais celle-ci a démenti toute implication.

Que sait-on de la DDC ?

La nébuleuse Défense civile Cheollima (du nom d'un mythique cheval ailé coréen) propose son aide aux Nord-Coréens tentant de fuir leur pays et veut renverser le régime. En février, ce groupe s'est autoproclamé gouvernement nord-coréen en exil, baptisé "Joseon libre", du nom de la dynastie qui occupa le trône coréen de 1392 à 1910, année de l'annexion par le Japon. La DCC est apparue en 2017 lorsqu'elle a publié sur internet une vidéo du neveu de Kim Jong Un expliquant s'être mis en sécurité après l'assassinat de son père Kim Jong Nam, demi-frère exilé du dirigeant nord-coréen, à l'aéroport de Kuala Lumpur en février 2017. 

La DCC a annoncé jeudi la suspension provisoire de ses opérations, tout en promettant de "plus grandes choses à venir".

"Nous sommes un groupe de transfuges qui se sont rassemblés avec des compatriotes du monde entier", a expliqué la DCC dans un communiqué diffusé sur son site internet. Divers préparatifs pour renverser le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un sont en cours mais ils ont été entravés par le brouhaha médiatique, a-t-elle ajouté. "Les activités des membres ont été provisoirement suspendues. Les médias doivent s'abstenir de mettre leur nez dans les affaires de notre groupe et de nos membres. De plus grandes choses nous attendent", a-t-il prévenu.

Une attaque terroriste ?

Dans son communiqué, la DCC a expliqué que l'assaut contre l'ambassade n'avait aucun rapport avec le sommet de Hanoï -- qui s'est terminé sur un échec, et qu'aucun gouvernement étranger n'était impliqué dans le raid lui-même. Dans sa première réaction officielle, la Corée du Nord évoque dimanche une possible implication des Etats-Unis dans cette opération et exhorte les autorités espagnoles à traduire "en justice les terroristes et ceux qui tirent les ficelles".

"Une grave attaque terroriste s'est produite le 22 février, au cours de laquelle un groupe armé a attaqué l'ambassade de la RPDC (la République populaire démocratique de Corée, ndlr) en Espagne", a déclaré dans un communiqué relayé par l'agence officielle de presse KCNA un porte-parole du ministère nord-coréen des Affaires étrangères.

"Nous entendons les rumeurs de toutes sortes qui circulent sur une implication du FBI des Etats-Unis et du menu fretin d'un 'organisme' anti-RPDC", a ajouté le porte-parole. "Nous attendons des autorités compétentes en Espagne (...) qu'elles mènent l'enquête sur cet incident jusqu'au bout et de façon responsable."


La rédaction de TF1info

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