Le nombre de déplacés à cause des guerres et des exactions a doublé en 10 ans

Publié le 18 juin 2021 à 11h32
Une réfugiée kurde iranienne pose dans le camp de réfugiés de Bahrka à une dizaine de kilomètres à l'ouest d'Arbil, dans la région autonome du Kurdistan, le 9 juin 2021.
Une réfugiée kurde iranienne pose dans le camp de réfugiés de Bahrka à une dizaine de kilomètres à l'ouest d'Arbil, dans la région autonome du Kurdistan, le 9 juin 2021.

CONFLITS - Alors que la moitié de la planète était confinée en raison de la pandémie en 2020, le nombre de personnes fuyant les guerres et les persécutions n'a pas décru. Selon un rapport de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés, ces derniers sont deux fois plus nombreux qu'il y a 10 ans.

La pandémie n'aura donc pas calmé les conflits. Selon le rapport annuel de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés publié ce vendredi, le nombre de personnes fuyant les guerres, les crises et les persécutions a atteint en 2020 un record de 82,4 millions, un chiffre en progression de 4% par rapport à 2019 et deux fois plus élevé qu'il y a dix ans. 2020 représente ainsi la neuvième année de hausse continue des déplacements forcés dans le monde.

Pendant la pandémie, "tout s'est arrêté, y compris l'économie, mais les guerres, les conflits, la violence, les discriminations et les persécutions - tous ces facteurs qui poussent les gens à fuir - ont eux continué", a expliqué à l'AFP le chef de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi. Aujourd'hui, 1% de l'humanité est déplacé.

Un nombre "sans précédent" de personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays

Fin 2020, le monde comptait 30,3 millions de réfugiés et autres personnes déplacées de force hors de leur pays, dont 5,7 millions de réfugiés palestiniens et 3,9 millions de Vénézuéliens, rapporte l'ONU. Les demandeurs d'asile, eux, représentaient 4,1 millions de personnes. 

Mais "le grand saut concerne le chiffre des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays", qui s'élève maintenant à 48 millions, "un nombre sans précédent", a souligné Filippo Grandi lors de la présentation du rapport. Principalement engendré par les crises en Ethiopie, au Soudan, dans les pays du Sahel, au Mozambique, au Yémen, en Afghanistan et en Colombie, le nombre de déplacés internes a augmenté de plus de 2,3 millions l'an dernier.

Les Syriens, citoyens les plus nombreux à fuir leur pays en 2020

L'an dernier, plus des deux tiers de toutes les personnes ayant fui à l'étranger étaient originaires de seulement cinq pays : Syrie (6,7 millions), Venezuela (4 millions), Afghanistan (2,6 millions), Soudan du Sud (2,2 millions) et Birmanie (1,1 million). Les jeunes, filles et garçons, de moins de 18 ans représentent 42% de toutes les personnes déracinées.

Et selon les estimations de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés, près d'un million d'enfants sont nés en tant que réfugiés entre 2018 et 2020. "La tragédie de tant d'enfants nés en exil devrait être une raison suffisante pour faire beaucoup plus d'efforts pour prévenir et mettre fin aux conflits et à la violence", a soutenu Filippo Grandi.

Le difficile accueil des réfugiés au plus fort de la pandémie

Le rapport note également qu'au plus fort de la pandémie en 2020, plus de 160 pays avaient fermé leurs frontières et 99 d'entre eux n'avaient fait aucune exception pour les personnes en quête de protection.

Grâce à l'adoption de mesures telles que des examens médicaux à la frontière, des certificats de santé ou une quarantaine temporaire à l'arrivée, des procédures d'enregistrement simplifiées et des entretiens à distance, de plus en plus de pays ont ensuite trouvé les moyens de garantir l'accès aux procédures d'asile malgré la pandémie.

Pour la septième année consécutive, la Turquie a accueilli la plus importante population de réfugiés au monde (3,7 millions), suivie par la Colombie (1,7 million), le Pakistan (1,4 million), l'Ouganda (1,4 million) et l'Allemagne (1,2 million).

"Si la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et le Pacte mondial sur les réfugiés offrent un cadre juridique et des outils pour faire face aux déplacements, nous avons besoin d’une volonté politique bien plus forte pour régler les conflits et éviter les persécutions qui, en premier lieu, forcent les personnes à fuir leur foyer", a déclaré dans un communiqué Filippo Grandi, appelant les dirigeants et les personnes influentes du monde entier à mettre "fin à une approche égoïste de la politique". 


La rédaction de TF1info

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