Élection présidentielle en Algérie : des tensions et une abstention record

Publié le 12 décembre 2019 à 20h20, mis à jour le 13 décembre 2019 à 7h50

Source : JT 20h Semaine

ELECTIONS - Les Algériens étaient appelés aux urnes ce jeudi pour élire le successeur de l'ancien président Abdelaziz Bouteflika. Une journée marquée par une abstention record et des tensions.

Les Algériens attendent les résultats de l'élection présidentielle qui s'est tenue jeudi 12 décembre, mais qui a été marquée par une très forte abstention. L'Autorité nationale indépendante des élections (Anie) a fait savoir qu'elle annoncerait les résultats du premier tour vendredi à 11 heures. Comme les 42 semaines précédentes, les Algériens pourraient encore envahir les rues. Depuis plusieurs mois, le mouvement de contestation populaire qui avait emporté en avril le président Abdelaziz Bouteflika, nommé "Hirak" secoue les rues du pays.

Pour le moment, aucune projection de résultat n'a été publiée. Mais cela n'a pas empêché  le camp d'Abdelmajid Tebboune, ancien bref Premier ministre d'Abdelaziz Bouteflika en 2017, de revendiquer jeudi soir la victoire dès le premier tour. "Selon les premiers éléments en notre possession (...) Abdelmadjid Tebboune a remporté la présidentielle, a déclaré Abdelatif Belkaim, directeur adjoint de la communication du candidat.

"Makache l'vote"

C'est peu dire que les Algériens ont boudé ce scrutin. Jeudi, seuls 39,93% des inscrits ont voté au premier tour (41,41% sur le territoire national et 8,69% pour les Algériens de l'étranger), selon le président de l'Anie Mohamed Charfi. C'est la plus faible participation de toutes les présidentielles pluralistes de l'histoire de l'Algérie. L'"Hirak" a d'ailleurs fait une démonstration de force jeudi en bravant un très fort déploiement policier pour défiler en masse. 

Une foule estimée à plusieurs dizaines de milliers de personnes est parvenue à envahir les rues du centre de la capitale, malgré les interventions systématiques et souvent brutales de la police à chaque tentative de rassemblement. "Makache l'vote" (pas de vote!), a scandé la foule qui s'est séparée en fin d'après-midi, avant que la police ne disperse à coups de matraque la centaine de protestataires restants.

L'"Hirak" demande la fin du "système" Bouteflika

Ce "mouvement" de contestation populaire massif et inédit du régime qui a contraint M. Bouteflika à la démission, rejetait catégoriquement la tenue de cette élection, vue comme un moyen de se régénérer pour le "système" au pouvoir depuis l'indépendance du pays en 1962. L'"Hirak" exige la fin de ce "système" aux manettes depuis l'indépendance en 1962, et le départ de tous les anciens soutiens ou collaborateurs des vingt ans de présidence Bouteflika. Ce que sont les cinq candidats à la présidentielle (Abdelaziz Belaïd, Ali Benflis, Abdelkader Bengrina, Azzedine Mihoubi et Abdelmajid Tebboune).

Dans la journée, un petit groupe de manifestants est parvenu à s'introduire dans un centre électoral du centre-ville. Le vote a été brièvement suspendu le temps de les évacuer. Mercredi, des personnalités proches du "Hirak" avaient exhorté les contestataires à ne pas "répondre aux provocations" à "ne pas empêcher l'exercice par d'autres citoyens de leur droit à s'exprimer librement" --un mot d'ordre respecté à Alger.

Des affrontements en Kabylie

Le vote s'est également déroulé normalement à travers le pays sauf dans la région traditionnellement frondeuse et majoritairement berbèrophone de Kabylie, théâtre de graves incidents. Un centre de vote a été saccagé, une antenne de l'Anie a été incendiée et les forces de l'ordre ont repoussé à l'aide de grenades lacrymogènes des manifestants qui tentaient de pénétrer au siège de la wilaya (préfecture) de Tizi-Ouzou, à 90 km à l'est d'Alger.

Des affrontements ont également opposé gendarmes et manifestants à Tichy, près de Béjaïa (180 km à l'est de la capitale), et ont fait six blessés dans les rangs des forces de l'ordre, selon une source sécuritaire ayant requis l'anonymat.


La rédaction de TF1info

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