Infidèle ou contagieux ? Le ministre de la Santé britannique démissionne pour "non-respect des consignes sanitaires"

Publié le 26 juin 2021 à 19h43, mis à jour le 26 juin 2021 à 19h49
Le ministre de la Santé britannique lors d'une conférence de presse le 14 décembre
Le ministre de la Santé britannique lors d'une conférence de presse le 14 décembre - Source : TOLGA AKMEN / POOL / AFP

EXCUSES - Le ministre de la Santé britannique, Matt Hancock, démissionne pour avoir enfreint les gestes barrière. Des images publiées dans la presse et tirées d'une caméra de surveillance dans son bureau le montrent en train d'embrasser une conseillère, à une période où, de surcroit, les accolades étaient interdites.

Il a montré le mauvais exemple et le paie cher. Le ministre de la Santé britannique Matt Hancock a démissionné ce samedi 26 juin : "Nous nous devons d'être honnêtes envers les gens qui ont tant sacrifié pendant cette pandémie, quand nous les avons déçus comme je l'ai fait en enfreignant les consignes", a-t-il écrit dans sa lettre de démission remise au Premier ministre Boris Johnson.

Il avait présenté ses excuses la veille après qu'un tabloïd avait révélé qu'il entretenait une liaison avec une conseillère. The Sun a publié en première page une image tirée d'une caméra de surveillance où on voit l'homme marié et père de trois enfants embrasser Gina Coladangelo, une amie de longue date, dans son bureau le 6 mai, à une période où les accolades étaient interdites.

J'ai déçu les gens et je suis vraiment désolé.
Matt Hancock, ministre de la Santé britannique

"Je reconnais avoir enfreint les consignes de distanciation sociale", avait déclaré dans un premier temps le ministre dans un court communiqué. "J'ai déçu les gens et je suis vraiment désolé", avait-t-il ajouté, demandant "le respect de sa vie privée sur ce sujet personnel". Le Premier ministre avait "accepté les excuses" de Matt Hancock et considérait "le sujet clos", avait alors déclaré un porte-parole de Downing Street.

Matt Hancock a donc tenté de rester en poste dans l'immédiat, mais sa position avait éé jugée "intenable" par la présidente du parti d'opposition travailliste, Anneliese Dodds. "Il a fixé les règles. Il admet les avoir enfreint. Il doit partir", avait-elle tweeté après la diffusion du communiqué de Matt Hancock.

La nomination au ministère de Gina Coladangelo, une affaire déjà houleuse

La nomination au ministère de Gina Coladangelo, une lobbyiste que Matt Hancock connaît depuis l'université et qui dirige actuellement la communication d'une chaîne de boutiques fondée par son mari, n'avait pas été déclarée avant d'être révélée par la presse. Un porte-parole du Labour a déclaré que le gouvernement devait dire si le ministre avait enfreint des règles et s'il y avait eu des "conflits d'intérêts" dans la nomination de sa conseillère. "Les ministres, comme tout le monde, ont droit à une vie privée", a ajouté ce porte-parole du Labour. "Cependant, lorsque l'argent des contribuables est en jeu ou que des emplois sont proposés à des amis proches qui entretiennent une relation personnelle avec un ministre, cela doit être examiné. Le gouvernement doit être ouvert et transparent pour savoir s'il y a des conflits d'intérêts ou des infractions aux règles."

Le ministre des Transports Grant Shapps a déclaré jeudi sur Sky News que toute nomination devait suivre un processus "incroyablement rigoureux" et qu'il n'existait "pas de raccourci", refusant de commenter davantage une affaire "entièrement personnelle".

Des précédents embarassants

Avant cette affaire, un influent conseiller scientifique du gouvernement, Neil Ferguson, avait démissionné en mai 2020 après avoir reçu chez lui une femme, présentée comme sa maîtresse, pendant le premier confinement, imposé deux mois plus tôt. En 2004, Boris Johnson, alors député et marié à l'avocate Marina Wheeler, avait également été exclu de la direction du Parti conservateur après avoir menti au sujet d'une liaison qu'il entretenait avec la journaliste Petronella Wyatt.

D'autres accusations embarrassantes avaient déjà visé le ministre au cœur de l'action gouvernementale face à la pandémie de coronavirus, qui a fait plus de 128.000 morts au Royaume-Uni. Lors d'une audition parlementaire en mai, l'ex-conseiller du Premier ministre Boris Johnson, Dominic Cummings, avait accusé Matt Hancock d'avoir "menti" à plusieurs reprises et jugé qu'il aurait dû être "viré". Mi-juin, il a affirmé, capture d'écran à l'appui, que Boris Johnson avait qualifié l'intéressé de "putain de nul" dans sa gestion de la pandémie.


La rédaction de TF1info

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