Russie : Alexei Navalny en grève de la faim, ses proches craignent pour sa vie

A.P
Publié le 2 avril 2021 à 6h33
Ce samedi, le jugement de l'opposant russe Alexeï Navalny est examiné en appel ce samedi.
Ce samedi, le jugement de l'opposant russe Alexeï Navalny est examiné en appel ce samedi. - Source : Pavel Bednyakov / Sputnik / Sputnik via AFP

RUSSIE - Détenu en colonie pénitentiaire, l'opposant principal du Kremlin a annoncé mercredi sa grève de la faim. Alors qu'il a déjà perdu huit kilos et connaît des problèmes de santé, son entourage s'inquiète.

L'ennemi de Vladimir Poutine change de stratégie. Pour la première fois, l'homme au regard bleu clair et aux traits déjà tirés se lance dans une grève de la faim depuis mercredi. Le but : protester contre ses conditions de détention. Depuis la fin du mois de février, l'opposant russe Alexei Navalny est détenu dans un centre pénitentiaire réputé très dur. 

Située dans la région de Vladimir, à une centaine de kilomètres de Moscou, la "colonie de redressement numéro 2" appelée "IK-2 " est connue pour ses mauvais traitements envers les prisonniers rapporte le quotidien Le Monde. Alors que l'avocat moscovite est condamné à deux ans et huit mois de prison pour avoir violé les conditions d'un contrôle judiciaire, ses proches s'inquiètent de le voir se priver de nourriture. 

La santé du principal opposant politique reste fragile. Alexei Navalny souffre déjà de fortes douleurs au dos et a perdu de la sensibilité dans les deux jambes. Son état se serait fortement dégradé depuis l'arrivée dans la colonie début mars que l'opposant russe qualifie de "camp de concentration". Il affirme en outre être menacé d'envoi en cellule disciplinaire à cause d'infractions au règlement, comme se "lever de son lit 10 minutes" trop tôt ou encore pour un "refus de participer" à des exercices physiques obligatoires.

Selon un message publié sur Facebook par ses proches, l'homme âgé de 44 ans a perdu huit kilos depuis son arrivée dans le camp début mars. Des kilos perdus avant même le début de sa grève de la faim, dus au fait que les gardiens le réveillent "huit fois par nuit". "Nous sommes très inquiets à propos de sa santé et c'est pourquoi nous demandons un accès immédiat à un médecin", a déclaré Rouslan Chaveddinov, un collaborateur de l'opposant. "Navalny a toujours pris très au sérieux des décisions comme celle d'une grève de la faim". En d'autres termes, ces proches craignent que l'opposant politique ne s'affaiblisse davantage en allant au bout de son combat. 

Le Kremlin reste muet

Dans l'entourage d'Alexei Navalny, personne n'a oublié l'empoisonnement auquel il a tout juste survécu. C'était il y a un peu moins d'un an. À l'issue de trois semaines de coma, ce père de deux enfants avait passé cinq mois en convalescence en Allemagne avant d'être interpellé à son retour en janvier par les autorités russes. "Après un empoisonnement, personne ne sait comment l'organisme peut réagir" à un refus de s'alimenter, note Rouslan Chaveddinov, un collaborateur de l'opposant, "c'est très inquiétant". 

De son côté, l'administration pénitentiaire balaye ces inquiétudes d'un revers de main. Elle a assuré qu'il recevait "toute l'assistance médicale nécessaire" et que personne ne troublait son sommeil. Silence radio au Kremlin qui dit pour sa part n'avoir "aucun commentaire" à faire.

Alexei Navalny n'est pas le premier opposant russe à utiliser la grève de la faim comme arme politique. Le plus célèbre gréviste de la faim récent reste le réalisateur et militant ukrainien Oleg Sentsov, qui a passé près de cinq ans dans un camp russe. Pendant 145 jours, il ne s'était nourri que de compléments nutritionnels et d'injections de glucose. Il l'a cessée après avoir été menacé d'être nourri de force, mesure drastique qui selon la loi peut se faire oralement, par voie rectale ou par intubation. 

Un tel traitement, dénoncé par les militants des droits humains comme une forme de torture, est ce qui pourrait attendre Alexeï Navalny s'il décidait d'aller jusqu'au bout.


A.P

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