JUSTICE - La justice russe a maintenu la condamnation à de la prison ferme prononcée contre l'adversaire du Kremlin, revenu en Russie en janvier dernier. Il devra purger une peine de deux ans et demi de détention.
Retour devant le tribunal pour Alexeï Navalny. La justice russe a confirmé samedi en appel la condamnation à de la prison ferme de l'opposant au Kremlin pour violation d'un contrôle judiciaire. L'opposant de Vladimir Poutine devra purger une peine de deux ans et demi de prison.
Dans cette affaire, la justice a converti une peine de prison avec sursis pour fraude datant de 2014 en sentence ferme, pour violation de contrôle judiciaire. Revenu en Russie en janvier d'une convalescence après l'empoisonnement dont il accuse le Kremlin, Alexeï Navalny avait été arrêté dès son arrivée à l'aéroport.
Notre pays est bâti sur l'injustice
Alexeï Navalny
Mais où sera incarcéré l'opposant ? La porte-parole du palais de justice de Moscou a indiqué que les services pénitentiaires seront libres de transférer l'opposant vers l'un des nombreux camps de travail de Russie. Héritage de l'Union soviétique, la plupart des peines d'emprisonnement en Russie sont effectuées dans des camps pénitentiaires très reculés.
Présent à l'audience, Navalny a rejeté les accusations prononcées contre lui. "Notre pays est bâti sur l'injustice", a lâché Alexei Navalny avant l'énoncé du verdict. L'opposant a déclaré qu'il n'avait jamais tenter d'échapper aux autorités russes en allant en Allemagne."J'ai acheté un billet et j'ai dit à tout le monde que je rentrais à la maison (...) C'est juste absurde", a-t-il affirmé à la juge. Le procureur a rétorqué en affirmant que l'opposant avait "ouvertement et effrontément" défié la loi.
La CEDH demande sa libération
Par ailleurs, samedi après-midi, Alexeï Navalny a aussi été reconnu coupable de "diffamation" envers un vétéran de la Seconde Guerre mondiale. "Navalny a commis le délit", a déclaré la juge Vera Akimova lors de la lecture de l'énoncé de sa décision, la peine devant être annoncée à l'issue de l'audience. Le Parquet a requis dans ce dossier 950.000 roubles d'amende (10.600 euros environ) et réclamé qu'une peine avec sursis de l'opposant soit converti en prison ferme.
Au niveau diplomatique, l'affaire Navalny a créé de vives tensions diplomatiques notamment entre Bruxelles et Moscou. Cette semaine, la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a demandé la libération du militant russe anti-corruption de 44 ans. Ils ont justifié leur réclamation estimant qu'il y avait un risque pour la vie de cet opposant. Cette décision a été immédiatement rejetée par Moscou, qui avait déjà balayé les appels en ce sens de l'Union européenne, malgré la menace de nouvelles sanctions.
Lire aussi
Affaire Navalny : le conflit tourne à la crise diplomatique avec l'UE
Lire aussi
Le parcours politique déroutant d'Alexeï Navalny, principal opposant à Poutine
Lire aussi
Russie : accusé de diffamation, Navalny demande à la juge "d'aller prendre des cours" de droit
Depuis plusieurs semaines, l'opposant russe Alexei Navalny est devenu le symbole de la défiance à l'égard du président russe Vladimir Poutine. En janvier, son incarcération avait conduit à trois jours de manifestations réprimées par la police. Selon l'opposant, le Kremlin veut le jeter en prison pour le faire taire - avec des procédures qu'il estime montées de toutes pièces. De son côté, Moscou rejette ces accusations. D'autres affaires sont en cours contre Alexei Navalny. Une enquête pour escroquerie le vise notamment, un dossier en cours d'instruction dans lequel la peine maximale encourue est de 10 ans de prison.