Sénégal : pourquoi le pays est le théâtre d'émeutes

TG
Publié le 5 mars 2021 à 20h05, mis à jour le 6 mars 2021 à 7h25
Sénégal : pourquoi le pays est le théâtre d'émeutes
Source : Seyllou / AFP

TENSIONS SOCIALES - Dakar a été ce vendredi le théâtre de scènes de guérilla urbaine opposant les forces de l'ordre à des centaines de jeunes. En cause : l'arrestation mercredi de l'opposant Ousmane Sonko, dont la garde à vue a été prolongée.

Des affrontements entre jeunes et forces de l'ordre, des pillages et des victimes : le Sénégal vacille depuis un mois. En particulier à Dakar, la capitale, théâtre ce vendredi d'une guérilla urbaine particulièrement violente. Quatre personnes sont mortes dans ces affrontements, a indiqué vendredi 5 mars le gouvernement, promettant de mettre en œuvre "tous les moyens nécessaires pour ramener l'ordre".

À l'origine de ces troubles : l'arrestation d'un opposant politique, Ousmane Soko. Ce député de 46 ans fait en effet l'objet d'une plainte pour viols et menaces de mort déposée par une employée d'un salon de beauté de Dakar dans lequel il allait se faire masser pour, dit-il, soulager ses maux de dos. Cette figure emblématique de la vie politique du pays – il est arrivé troisième lors de la présidentielle de 2019 et député depuis 2017 - nie les accusations et crie au complot. Ce dernier aurait été ourdi selon lui par le chef de l'État Macky Sall pour ruiner ses projets à la présidentielle de 2024. 

Plusieurs décès rapportés, des magasins pillés

Avérées ou non, ces accusations ont eu un retentissement sans précédent chez ses partisans. En particulier les plus jeunes, séduits par son discours anti-système teinté de conservatisme religieux et de nationalisme africain. Depuis que l'affaire est sortie dans la presse début février, des heurts sporadiques se déroulent dans les principales villes du Sénégal. Début mars, son parti - le Pastef-Les Patriotes - a dénoncé l'arrestation de près de 80 de ses partisans, estimant qu'ils sont les "otages politiques" du président Macky Sall. Cela n'a pas empêché le Parlement de lever l'immunité politique du député. Lequel a été arrêté mercredi, ce qui a attisé la colère de la rue.

Des groupes de jeunes et les forces de l'ordre ont échangé ces derniers jours des jets de pierres et des tirs de gaz lacrymogènes dans la capitale. Des heurts ont été rapportés dans d'autres villes, y compris en Casamance, où Sonko bénéficie d'un fort soutien. Le bilan est lourd : au moins un mort jeudi dans le sud du pays. Le gouvernement a annoncé vendredi dans la soirée que quatre personnes avaient péri ces derniers jours. "Le gouvernement regrette la perte de quatre vies humaines", lors d'événements qui "relèvent du grand banditisme et de l'insurrection", a dit en direct à la télévision le ministre de l'Intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome

En outre, 14 supermarchés Auchan de Dakar ont été "attaqués", dont dix "pillés", a annoncé le groupe français, qui assure que ses collaborateurs ont été "mis à l'abri". Deux télévisions privées, Sen TV et Walf TV, à qui il a été reproché la diffusion "en boucle des images de violence", ont quant à elles été suspendues.

Le principal intéressé, lu, a été remis vendredi en garde à vue sous la surveillance des gendarmes après sa présentation à un juge. Cette garde à vue, commencée mercredi, doit s'achever dimanche et il doit être présenté à nouveau au juge lundi, selon ses avocats. D'ici là, de nouveaux affrontements sont à craindre : l'ONU a lancé un appel au "calme et à la retenue", exhortant les autorités à "prendre les mesures nécessaires pour apaiser la situation et assurer le droit constitutionnel de manifester pacifiquement". 


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