Sept Afro-américains graciés 70 ans après leur exécution pour le viol d'une femme blanche

Publié le 1 septembre 2021 à 6h27
Sept Afro-américains graciés 70 ans après leur exécution pour le viol d'une femme blanche
Source : iStock

SOCIÉTÉ - Le gouverneur démocrate de Virginie a accordé mardi 31 août une grâce posthume à sept Afro-Américains exécutés en 1951 pour l'agression d'une femme blanche, après une enquête et des procès entachés de racisme.

Il aura fallu attendre 70 ans.  Sept Afro-Américains exécutés en 1951 pour le viol d'une femme blanche, ont été graciés à titre posthume après une enquête et des procès entachés de racisme. Le gouverneur de Virginie, Ralph Northam, a annoncé sa décision après avoir rencontré des descendants de ces hommes surnommés "les Sept de Martinsville". Les grâces "ne portent pas sur la question de leur culpabilité" mais "reconnaissent qu'ils n'ont pas eu droit à une justice impartiale", selon un communiqué de ses services. Leur couleur "a joué un rôle indéniable dans leur identification, dans l'enquête et dans leur condamnation" à la peine capitale, notamment parce qu'ils ont été jugés par des jurys entièrement blancs, ajoute son décret.

"Même si on ne peut pas changer le passé, j'espère que cette mesure apporte un peu de paix", a ajouté  le gouverneur démocrate, un partisan des réformes du système pénal. En mai dernier, la Virginie est devenu le premier État sudiste à abolir la peine de mort. Selon Ralph Northam, la sanction ultime, injustement utilisée contre les Noirs, a représenté en Virginie “une forme de lynchage parrainé par l’État”. 

Depuis le début de son mandat en 2018, le gouverneur de la Virginie a accordé un nombre record de 604 grâces. Le dossier de Martinsville, dans le sud de la Virginie, remonte à janvier 1949. Une femme blanche de 32 ans avait rapporté avoir été violée par un groupe d'hommes noirs et la police avait rapidement procédé à sept interpellations et obtenu des aveux signés. 

Mais les sept hommes - interrogés sans avocat -  avaient donné des versions différentes de la scène et plusieurs étaient illettrés et incapables de lire leurs confessions. Malgré des manifestations en leur faveur, devant la Maison Blanche, ils étaient passés sur la chaise électrique en février 1951, portant à 45 le nombre de condamnés pour viols exécutés en Virginie depuis 1908 - tous des Afro-Américains.

Des années plus tard, en 1977, la Cour suprême jugeait contraire à la Constitution d'imposer la peine capitale dans les dossiers de viols. La Virginie a aboli en mars la peine de mort, une décision symbolique pour cet État qui possède le record d'exécutions dans l'histoire américaine, et qui est devenu le premier de l'ancien Sud ségrégationniste à mettre fin à l'application du châtiment capital.

Les Etats-Unis sont engagés depuis quelques années dans une relecture critique de leur passé et multiplient les initiatives pour reconnaître les victimes du racisme, un mouvement qui s'est encore accéléré depuis le meurtre de l'Afro-Américain George Floyd en mai 2020. En juin dernier,  le président américain Joe Biden a promulgué une loi créant un nouveau jour férié fédéral, le "Juneteenth", pour commémorer l'émancipation des derniers esclaves au Texas il y a 156 ans, le 19 juin 1865.


La rédaction de TF1info

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