Snowden, Assange, Brockovich : profession lanceurs d’alerte

Publié le 6 avril 2016 à 12h54
Snowden, Assange, Brockovich : profession lanceurs d’alerte

ZOOM - L'affaire des Panama Papers n'aurait jamais existé sans l'implication d'un lanceur d'alerte, un inconnu qui a mis la main sur des millions de documents compromettants. Un geste lourd de sens, comme l'illustre ces quelques exemples.

François Hollande l'assure lui-même : "Les lanceurs d'alerte font un travail utile pour la communauté internationale, ils prennent des risques, ils doivent être protégés." C'est pourquoi, en France, la loi sur la transparence de la vie économique, qui doit être prochainement adoptée, est censée leur garantir un statut et une protection. Car le temps presse : depuis plusieurs années, ils sont nombreux à s'être "mouillés" pour révéler des informations qu'ils estiment d'intérêt public.

► Derrière les Panama Papers, une source mystère
"Hello, ici John Doe. Etes-vous intéressés par des données ?" C'est par ce message, adressé il y a un an quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, que débute l'affaire qui deviendra les "Panama Papers". S'ensuit un échange surréaliste entre la mystérieuse source et deux journalistes : "Il y a quelques conditions. Ma vie est en danger. Nous communiquerons de façon codée. Nous ne nous rencontrerons pas. Ce que vous publiez est votre affaire." – "Pourquoi faites-vous cela ?" – "Je veux que ces délits deviennent publics…"

Sur plusieurs mois, le quotidien reçoit ainsi des millions de documents, épluchés grâce à l'aide du Consortium international de journalistes d'investigation (ICIJ) qui, pour le protéger, n'a pas divulgué l'identité du lanceur d'alerte. Mais selon le cabinet Mossack Fonseca, la fuite proviendrait d'une attaque informatique et non d'un employé . D’ailleurs, Mossack Fonseca aurait bien alerté ses clients d’une intrusion sur leur serveur mail, le 1er avril 2016.

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► Edward Snowden
Ancien employé de la CIA et consultant de la NSA, cet homme de 32 ans a rendu public en 2013, 2014 et 2015, par l'intermédiaire de plusieurs journaux, de nombreuses révélations sur les programmes de surveillance de masse de la NSA, l'agence du renseignement américain. Il a notamment révélé en juin 2013 un système d'écoutes appelé Prism, lancé en 2007 par le gouvernement américain pour surveiller les données des internautes sur des sites comme Google, Facebook, Apple. Le tout, sous le couvert de la lutte antiterroriste. Exilé à Hong Kong en juin 2013, puis à Moscou, Edward Snowden a obtenu le 31 juillet 2013 l'asile temporaire en Russie. Une situation compliquée, à en croire son tweet posté mardi, en réponse à François Hollande…

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 ► Julian Assange
Créé en décembre 2006 par l'Australien Julian Assange Avec une dizaine d'autres personnes, l'Australien commence à faire parler de lui en 2006 en créant le site Wikileaks. Ce dernier acquiert de la notoriété en publiant, le 5 avril 2010, une vidéo prise à bord d'un hélicoptère américain filmant son raid à Bagdad en 2007 qui a coûté la vie à une dizaine de civils. Un soldat américain, Bradley Manning est alors emprisonné pour avoir été la source de WikiLeaks (cf ci-dessous.) La même année, le site met en ligne quelque 77.000 documents classés de l'armée américaine sur la guerre en Afghanistan puis près de 400.000 rapports d'incidents. Le 28 novembre le site enfonce le clou avec la diffusion de plus de 250.000 câbles révélant les dessous de la diplomatie des Etats-Unis. Assange, visé par un mandat d'arrêt international suédois pour un viol, qu'il nie, fuit la Suède. Assigné à résidence en Grande-Bretagne, redoutant d'être extradé aux États-Unis et d'y encourir la peine de mort, il se réfugie le 19 juin 2012 à l'ambassade de l'Equateur à Londres où il est toujours confiné


► Bradley Mannings
Traître pour les uns, héros pour les autres, le soldat Bradley Manning a permis à WikiLeaks d'accéder à des centaines de milliers de documents confidentiels américains. Arrêté sur dénonciation, le jeune homme est devenu un symbole du renouveau du concept de "lanceur d'alertes".

► Nicole-Marie Meyer
Alors employée du ministère français des affaires étrangères (MAE), cette jeune femme devient en 2004 diplomate en Afrique. Elle découvre alors un circuit de malversations et de violations du droit du travail au sein même du MAE. Elle décide d'en faire part à sa hiérarchie. En vain. Victime de menaces, elle sera finalement renvoyée.

Ce qui ne l'empêche pas de continuer à parler. Son action débouche même en 2013 sur une loi qui édicte que tout agent public ou privé est protégé s’il signale un crime ou un délit. Depuis, la haute fonctionnaire continue de s’investir dans l’ONG Transparency international.

► Erin Brockovich
En 1991, cette assistante juridique d’un cabinet d’avocat commence d’enquêter sur la Pacific gas & electric company (PG&E). Elle découvre que l’entreprise utilise du chrome hexavalent, un anticorrosif très toxique qui a contaminé le réseau d’eau potable de la ville d’Hinkley en Californie, responsable de nombreux cancers. Au total, les 660 plaignants réunis par Erin Brockovich obtiendront 333 millions de dollars de dommages et intérêts. Depuis, la militante a fondé sa propre entreprise, Brockovich Research & consulting, qui poursuit l’instruction d’affaires similaires. Son combat a été porté à l'écran par l'actrice Julie Roberts, Oscar de la meilleure actrice en 2000.


Thomas GUIEN

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