Srebrenica : le Premier ministre serbe touché par un jet de pierre lors des cérémonies

Publié le 11 juillet 2015 à 11h40
Srebrenica : le Premier ministre serbe touché par un jet de pierre lors des cérémonies

COMMÉMORATION - 20 ans après le massacre de Srebrenica, des milliers de personnes étaient présente pour participer aux cérémonies en Bosnie-Herzégovine. Si la justice internationale a qualifié la tuerie de génocide, le débat règne toujours et les cérémonies ne se sont pas déroulées sans heurts.

Des milliers des personnes étaient présentes ce samedi 11 juillet à Srebrenica, en Bosnie-Herzégovine, pour participer aux cérémonies marquant le 20e anniversaire du massacre de 8 000 hommes et garçons musulmans, une tuerie qualifiée de génocide par la justice internationale.

"J'ai perdu mon père ici. J'imagine ses souffrances"

À cette occasion, les cercueils de 136 victimes identifiées du massacre de juillet 1995 seront mis en terre en début d'après-midi. Environ 50 000 personnes, dont des proches des victimes et des survivants, sont attendues. À ce jour, 6 241 victimes retrouvées et identifiées ont été enterrées au mémorial de Srebrenica et 230 autres dans d'autres cimetières.

"J'ai perdu mon père ici. J'imagine ses souffrances", soupire Emina Malic, âgée de 20 ans, à peine née, lorsque le massacre a eu lieu. "De tels drames ne doivent plus se répéter", dit en s'effondrant en larmes cette jeune femme qui vit aujourd'hui à Chicago, aux États-Unis. Begajeta Salihovic, 51 ans, va enterrer son père. "Quand j'ai appris que les restes de mon père avaient été retrouvés, j'ai eu l'impression qu'il venait à peine de mourir", murmure cette femme qui a également perdu un frère dans le massacre et dont deux autres frères, tués au début de la guerre, n'ont toujours pas été retrouvés.

Juste avant son départ de Belgrade pour Srebrenica, le Premier ministre Serbe, Aleksandar Vucic, a publié une lettre pour dénoncer le massacre. Qualifiant la tuerie de "crime monstrueux" et rappelant sa "tristesse et ses regrets pour les victimes", allant même jusqu'à faire part de sa "colère à l'égard de ceux qui ont commis ce crime monstrueux", Aelksandar Vucic n'a toutefois pas employé le mot "génocide". Preuve que la tension est grande sur ce sujet, le Premier ministre a été conspué à son arrivée. Touché par un jet de pierre, il a réussi à quitter le mémorial en courant, entouré de ses gardes du corps.

Le débat règne toujours autour du mot "génocide"

La Serbie refuse en effet toujours d'accepter qu'un génocide a été perpétré, un sujet qui empoisonne ses relations avec la Bosnie, et largement débattu sur la scène politique internationale. L'ONU ne qualifie d'ailleurs pas à ce jour le massacre de Srebrenica de génocide, la Russie ayant opposé son veto mercredi à un projet de résolution sur le sujet. Une décision dont Belgrade s'est félicité et que les familles des victimes ont déplorée, estimant qu'elle "rendait la réconciliation impossible".

Comme le rappelle Le Figaro , Yves Ternon, historien spécialiste des génocides, conteste de son côté fermement la qualification de génocide par la Cour Internationale de Justice (CIJ) et le Tribunal pénal pour l'ex-Yougoslavie. Dans une interview donnée au Monde en 2007, il accusait ainsi le CIJ d'avoir ouvert "la boite de Pandore". "Cela aurait été un génocide si des actes de cette nature avaient été exécutés en de nombreux autres endroits, comme ce fut le cas pour le génocide des Arméniens en 1915-1916, celui des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, et celui des Tutsis au Rwanda en 1994", expliquait-il alors.

Pour rappel, en juillet 1995, alors que la région était déclarée "zone protégée" par l'ONU, 8 000 hommes et garçons musulmans ont été tués à Srebrenica par les forces serbes bosniennes. Il s'agit de la pire tuerie en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La guerre intercommunautaire de Bosnie (1992-1995) a fait 100 000 morts et environ 2 millions de réfugiés, soit près de la moitié de la population à l'époque.


La rédaction de TF1info

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