Syrie - Ghouta orientale bombardée : la France réclame une trêve, Moscou réclame une réunion d'urgence à l'ONU

Publié le 21 février 2018 à 18h54
Syrie - Ghouta orientale bombardée : la France réclame une trêve, Moscou réclame une réunion d'urgence à l'ONU

PILONNÉS - Plus de 300 personnes ont été tuées en 3 jours dans la Ghouta orientale à cause de bombardements du régime syrien. La France a réclamé une trêve ce mercredi pour permettre l'évacuation des civils. Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU a demandé l'arrêt immédiat des combats et Moscou demande une réunion d'urgence du Conseil de Sécurité. Pourquoi la situation s'est elle à ce point aggravée dans ce secteur proche de Damas ? On vous explique.

Au moins 299 personnes ont été tuées en trois jours par des bombardements des forces gouvernementales syriennes sur la région rebelle assiégée de la Ghouta orientale. C'est le pire bilan depuis une attaque survenue dans ce secteur proche de Damas depuis 2013 et une attaque chimique. Même les hôpitaux ont été bombardés. Les organisations humanitaires sont démunies.  Où est située cette région, et pourquoi la situation s'est à ce point dégradée ?

C'est où ?

La Ghouta orientale est une enclave rebelle située à l’est de Damas. Assiégée depuis 2013, elle est régulièrement bombardée par le régime du président syrien Bachar al-Assad. 400.000 personnes vivent dans cette région dont la principale ville est Douma. Elle est censée être une des quatre "zones de désescalade" mise en place l’an dernier en Syrie, où les belligérants s’engagent à réduire le niveau des violences.

Que s'y passe-t-il ?

La Ghouta orientale est la cible de bombardements quasi-quotidiens du régime. En représailles, les rebelles tirent régulièrement des obus sur Damas. 

En juillet 2012, les rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL) lancent depuis la Ghouta la bataille de Damas. L’armée de Bachar al-Assad reprend rapidement le contrôle de la plus grande partie de la capitale après une semaine de combats. Mais des zones de sa banlieue passent sous contrôle rebelle. A la fin de l’année, la périphérie de Damas se retrouve au cœur des affrontements : l’ALS a installé ses bases arrières dans la Ghouta orientale.

Cette région est régulièrement visée par de nombreux bombardements aériens et tirs d’artillerie meurtriers, qui touchent marchés, écoles et hôpitaux. Le secteur est totalement assiégé à partir de 2013.

En août 2013, des centaines de personnes dont un grand nombre d’enfants sont tuées dans une attaque chimique dans la Ghouta orientale et à Mouadamiyat al-Cham, un autre bastion de la rébellion près de Damas. L’opposition accuse le régime de Bachar al-Assad, qui dément.

La Ghouta est ces dernières années le théâtre d’une grave crise humanitaire. Le siège a provoqué une flambée des prix. En 2017, l’ONU a condamné la "privation de nourriture délibérée de civils" comme une tactique de guerre. L’Unicef a dénoncé la pire crise de malnutrition depuis le début de la guerre en 2011, avec 11,9% des enfants de moins de cinq ans souffrant de sévère malnutrition, contre 2,1% en janvier.

Le 5 février 2018, le régime de Bachar al-Assad a intensifié ses frappes contre la Ghouta, tuant près de 500 personnes en une semaine, dont une centaine d’enfants. Ces derniers jours, six hôpitaux de l'enclave rebelle ont été bombardés, dont trois sont désormais hors service et deux opèrent partiellement.

La France réclame une trêve, la Russie dément son implication

Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves le Drian, dit craindre "un  cataclysme humanitaire". Mercredi, Emmanuel Macron a réclamé une trêve pour permettre l'évacuation des civils. "Au prétexte de la lutte contre les terroristes jihadistes, le régime, avec  quelques uns de ses alliés, a décidé de s'en prendre à des populations civiles  et vraisemblablement à certains de ses opposants", a-t-il ajouté.  "Nous demandons ainsi l'adoption immédiate de la résolution des Nations Unies  sur ce sujet", a précisé Emmanuel Macron.

 Le département d'Etat américain se dit lui aussi "extrêmement  préoccupé" et dénonce les "tactiques" du régime consistant à "assiéger et  affamer". Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres se dit "profondément  inquiet" et demande l'arrêt immédiat des combats. Selon lui, la Ghouta orientale est devenue "l'enfer sur Terre". "J'appelle toutes les parties impliquées à un arrêt immédiat de toute action de guerre dans la Ghouta orientale afin de permettre une aide humanitaire à ceux qui en ont besoin", a-t-il déclaré au Conseil de sécurité.

Mais la situation ne cesse d'empirer ces dernières heures malgré les condamnations internationales. Le rôle de la Russie est notamment pointé du doigt. La Russie, qui soutient depuis 2015 les forces de Bachar al Assad, a estimé "sans fondement" les accusations de l'Occident rendant l'armée de l'air russe responsable de ces morts civiles.  "Nous ne savons pas sur quoi sont fondées (ces accusations). Nous ne sommes pas d'accord avec elles", a declaré le porte-parole du Kremlin Dmirti Peskov. Le 20 février notamment, l'aviation russe a bombardé la Ghouta orientale pour la première fois  depuis trois mois, touchant notamment un des principaux hôpitaux de la région,  à Arbine, désormais hors service. Outre celui d'Arbine, six autres hôpitaux ont  été visés par les bombardements au cours des dernières 48 heures, dont trois  sont désormais hors service, selon l'ONU. Mais ce mercredi soir, changement d'orientation côté russe : ils réclament la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation dans l'enclave rebelle de la Ghouta orientale près de Damas. 

Des centaines de blessés continuent d'affluer dans les hôpitaux de fortune. Les lits manquent et les blessés sont soignés à même le sol. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) réclame l'accès à  l'enclave. "Les combats risquent vraisemblablement de causer davantage de  souffrances dans les jours et les semaines à venir", avertit-il.


La rédaction de TF1info

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