Syrie : un jeune résistant à Daech se confie

Publié le 23 octobre 2014 à 17h50
Syrie : un jeune résistant à Daech se confie

MOYEN-ORIENT - Depuis que la ville syrienne de Raqqa est passée sous le contrôle du groupe armé Daech, de nombreux habitants ont été exécutés pour ne pas avoir respecté les nouvelles règles imposées. Pour témoigner de la situation, un groupe de jeunes syriens publie sur Internet des photos et des vidéos de ces crimes. Metronews a pu joindre l'un d'eux.

Au péril de leurs vies, ils dénoncent les crimes commis sous leurs yeux. A Raqqa, une ville du nord de la Syrie devenue depuis janvier le bastion des combattants islamistes de Daech, seize jeunes résistants diffusent tous les jours de courts messages, des photos et des vidéos témoignant des nouvelles conditions de vie qui leurs sont imposées. Sur Internet, leur groupe se fait appeler "Raqqa est massacrée en silence" et est très actif sur Twitter , Facebook et son site web . Dans les rues de de la ville, ils n'hésitent pas à taguer des slogans hostiles aux djihadistes.


Al Hesba, la police islamique

Qui sont ces résistants de l'ombre, qui ne sortent de chez eux que quelques heures par jour et se cachent sous de faux noms ? Metronews a pu contacter l'un d'eux, réfugié depuis peu hors de Syrie. "Nous ne sommes liés à aucun groupe politique ou militaire. Nous essayons juste de témoigner avec objectivité des atrocités commises par les terroristes du groupe Daech, et des autres parties prenantes", assure celui qui se fait appeler Abu Ibrahim. Avec ses amis, il n'a ainsi pas hésité à diffuser le témoignage d'une fille yézédi qui aurait été violée par des combattants Kurdes, opposés à Daech.

Par mail, il raconte ce qui a changé depuis l'arrivée des islamistes extrémistes : "On peut se faire arrêter pour des choses aussi simples que fumer une cigarette. Les femmes ont obligation de porter le voile et la vie est devenue très difficile pour elles. Une police islamique appelée 'Al-Hesba' patrouille dans des voitures grises pour s'assurer que tout le monde respecte les règles". Le jeune homme, 22 ans tout juste, assure que des taxes ont été instaurées pour tous les commerçants de la ville, désormais obligés de fermer cinq fois par jour à l'heure de la prière. "Et il y a de nombreuses exécutions", poursuit-il.

Menacés de mort

Abu Ibrahim avait 19 ans quand la guerre civile syrienne a éclaté. Il a aussitôt abandonné ses études de médecine pour rejoindre la rébellion contre Bachar Al-Assad. Mais peu après la "libération" de Raqqa par les combattants de l'Armée syrienne libre, "le rêve a tourné au cauchemar quand Daech est arrivé".

A leur arrivée dans cette ville qui comptait plus de 200 000 habitants avant le conflit, l es djihadistes ont exécuté des centaines de rebelles , pour certains anciens alliés, afin d'asseoir leur autorité. "Il y a beaucoup d'étrangers venus combattre pour Daech dans la ville. Je les ai surtout vus dans les cybercafés en train de parler à leurs familles. Mais je ne leur ai pas parlé, c'est trop dangereux", témoigne Abu Ibrahim.

Lui et ses amis résistants sont menacés de mort par Daech depuis des mois, et activement recherchés. Sur les 17 de départ, quatre ont fuit la Syrie, 12 sont encore à Raqqa et l'un d'eux, Moataz Billah Ibrahim, a été exécuté après que des djihadistes ont découvert des photos sur son portable. "Il a payé de sa vie le prix de la liberté, déplore Abu Ibrahim. Mais nous ne nous arrêterons pas. Nous continuerons à documenter les agressions de Daech".

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La rédaction de TF1info

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