Tensions Ukraine-Russie : Vladimir Poutine et Joe Biden ont échangé, "pas de concessions" des États-Unis

Publié le 7 décembre 2021 à 23h06, mis à jour le 8 décembre 2021 à 22h19

Source : TF1 Info

DIPLOMATIE - Le président américain, Joe Biden, et son homologue russe, Vladimir Poutine, se sont entretenus deux heures ce mardi autour des tensions en Ukraine. Chacun a défendu ses positions, alors qu'un échange Poutine-Macron est prévu "dans les prochains jours".

Leur échange était attendu, mais chacun semble avoir campé sur ses positions. Ce mardi 7 décembre, le président américain, Joe Biden, a échangé avec son homologue russe, Vladimir Poutine, autour de la situation en Ukraine, renouant le dialogue sur ce sujet hautement sensible. Pendant deux heures, par visioconférence, les deux chefs d'État ont tenté d'éviter l'escalade, chacun défendant sa politique.

Ce que Poutine a demandé à Biden

D'après le Kremlin, les discussions entre deux des hommes forts de la planète ont été "franches". Selon la même source, Vladimir Poutine a d'abord dénoncé le potentiel militaire croissant de l'Otan aux portes de la Russie, demandant des "garanties" sur le non-élargissement de l'alliance vers l'est. "L'Otan fait des tentatives dangereuses d'user du territoire ukrainien et développe son potentiel militaire à nos frontières, c'est pourquoi la Russie a un intérêt sérieux à des garanties juridiques sûres excluant un élargissement de l'Otan à l'est", écrit notamment le Kremlin dans un communiqué.

Vladimir Poutine a également demandé à Joe Biden de ne pas "rejeter la responsabilité (des événements en Ukraine) sur les épaules de la Russie", étant donné le comportement de l'Alliance atlantique. Il a aussi dénoncé "la ligne destructrice de Kiev" qui, selon lui, cherche à "démonter" les accords de Minsk de 2015, un processus de paix censé mettre fin au conflit entre forces ukrainiennes et séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine. "Les dirigeants se sont entendus pour demander à leurs représentants d'entamer des consultations de fond sur ces sujets sensibles", indique la présidence russe.

En outre, Vladimir Poutine a proposé à Joe Biden de lever toutes les mesures de rétorsion visant les missions diplomatiques de leurs deux pays prises ces derniers mois. "La partie russe a proposé de faire table rase de toutes les restrictions accumulées concernant le fonctionnement des missions diplomatiques, ce qui pourrait permettre de normaliser d'autres aspects des relations bilatérales" russo-américaines, selon le Kremlin, qui juge que les relations entre Moscou et Washington "ne sont pas dans un état satisfaisant".

Ce que Biden a répondu à Poutine

Mais Vladimir Poutine ne semble pas avoir été totalement entendu. Selon la Maison Blanche, le président américain n'a pas répondu favorablement aux demandes de Vladimir Poutine. Joe Biden n'a pas fait de "promesses ni de concessions" au président russe, a assuré son conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, au cours d'une conférence de presse à la suite de la rencontre virtuelle. Les États-Unis doivent pourvoir "choisir librement" leurs alliés, a-t-il insisté.

Selon un communiqué de la Maison Blanche, le président américain a également "fait savoir" à Vladimir Poutine que la Russie s'exposerait à de "fortes sanctions, entre autres économiques", en cas d'escalade militaire en Ukraine. Joe Biden a notamment exprimé au président russe la "profonde préoccupation" des États-Unis face à l'accumulation de troupes russes à la frontière avec l'Ukraine.

La Russie est en effet accusée par les Américains d'avoir préparé "d'importants actes agressifs" contre son voisin ukrainien, même si "l'armée russe ne menace personne", répond le Kremlin. Pour dissuader la Russie d'attaquer l'Ukraine, les États-Unis ont donc menacé d'utiliser comme "levier" d'action le gazoduc Nord Stream II, par lequel la Russie veut fournir l'Europe en gaz naturel lorsqu'il sera en fonctionnement. "Si Vladimir Poutine veut que le futur Nord Stream II transporte du gaz, il ne prendra peut-être pas le risque d'envahir l'Ukraine", a averti Jake Sullivan.

Quelle est la position de la France ?

Peu après la réunion avec Vladimir Poutine, Joe Biden a appelé plusieurs de ses homologues européens – Allemagne, Italie, Royaume-Uni – mais aussi le président de la République, Emmanuel Macron, pour "les informer" de la teneur des échanges "et se consulter sur la marche à suivre". Le chef de l'État s'entretiendra également "dans les prochains jours" avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, ainsi qu'avec Vladimir Poutine.

En outre, Emmanuel Macron recevra vendredi le nouveau chancelier allemand, Olaf Scholz, à l'Élysée, entre autres pour "examiner les moyens de réengager la Russie dans la cadre du format 'Normandie' entre l'Ukraine, la Russie, l'Allemagne et la France", indique ce mardi soir le palais. "Les cinq leaders ont réaffirmé leur détermination à œuvrer ensemble pour garantir la souveraineté de l'Ukraine et veiller à ce que sa stabilité et sécurité soient assurées", précise l'Élysée dans un communiqué. "À cet égard, ils demeurent vigilants sur les initiatives agressives qui pourraient être prises par la Russie envers l'Ukraine."

Les mises en garde de Londres et Berlin

Mercredi, le Royaume-Uni a réaffirmé mercredi son soutien à l'Ukraine et appelé Moscou à la "désescalade", répétant que toute incursion de la part de la Russie représenterait une "erreur stratégique".

Le nouveau chancelier allemand, Olaf Scholz, a pour sa part menacé de "conséquences" pour le gazoduc controversé Nord Stream II reliant la Russie à l'Allemagne en cas d'invasion de l'Ukraine par les troupes russes. "Notre position est très claire, nous voulons que l'inviolabilité des frontières soit respectée par tous, chacun comprend que cela aurait des conséquences si tel ne devait pas être le cas", a-t-il déclaré dans une interview à la chaîne de télévision allemande Welt TV.


La rédaction de TF1info avec AFP

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