Traversée de la Manche : un vaste réseau de passeurs de migrants démantelé

par Marie BELOT Marie Belot
Publié le 5 octobre 2020 à 17h16, mis à jour le 5 octobre 2020 à 18h07
Traversée de la Manche : un vaste réseau de passeurs de migrants démantelé

TRAFIC - Après quatre mois d’enquête et une coopération européenne, l’Office central pour la répression de l’immigration irrégulière et de l’emploi d’étrangers sans titre (Ocriest) et la brigade de recherches de Coquelles, ont mis la main sur un réseau de passeurs faisant traverser des migrants de Calais à la Grande-Bretagne. Cinq personnes ont été mises en examen en France.

Depuis le début de l’année, et plus encore depuis la crise du Covid, le phénomène explose. Des small boats, surchargés de migrants, tentent la traversée par la mer, des côtes de Calais à la Grande-Bretagne. Jamais autant de demandeurs d’asile n’ont essayé de franchir la Manche clandestinement en bateau. 

Alors depuis fin mai, les enquêteurs français font de la surveillance active. Et l’enquête menée par l’Office central pour la répression de l’immigration irrégulière et de l’emploi d’étrangers sans titre (Ocriest) et la brigade de recherches de Coquelles (Pas-de-Calais) a fini par payer. Après plusieurs mois d’investigation, les équipes sur le terrain ont pu identifier un réseau international d’ampleur.

"On a ciblé une équipe de malfaiteurs en bande organisée, et on a réussi à comprendre leur mode de fonctionnement. Ils étaient très structurés et s’organisaient entre la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique, il y ainsi eu une équipe commune d’enquête avec l’appui d’Eurojust et Europol", explique le commissaire-divisionnaire Xavier Delrieu, chef de l’Ocriest qui dépend de la Direction centrale de la Police aux Frontières (DCPAF). 

Un trafic lucratif à 3000 euros la traversée

L’organisateur, un ressortissant iranien, avait comme base arrière des appart-hôtels à Roissy-en-France (Val d’Oise). Des membres de son équipe avaient pour mission d’acheter des bateaux aux Pays-Bas et en Allemagne et les stockaient dans le parking souterrain de l’établissement hôtelier. Quand la météo était favorable, le chef organisait les livraisons des bateaux sur les bords de mer et rabattait des migrants des camps de Calais ou Dunkerque. Le prix de la traversée ? Deux à trois mille euros par personne. Un trafic très lucratif lorsque l’on sait qu’en quatre mois d’investigation, ce sont au moins deux à trois bateaux par semaine qui ont traversé la Manche, avec à bord entre 15 et 30 migrants par semi-rigides. Soit une moyenne de 165.000 euros engrangés chaque semaine.

La semaine dernière, dans le cadre d’une opération coordonnée, les policiers sont intervenus. Cinq personnes ont été interpellées en France, dont l'organisateur principal alors qu’il rentrait d’Allemagne avec des bateaux et deux migrants iraniens dans sa voiture. Trois individus ont été interpellés en Grande Bretagne dont la compagne du leader et le "banquier" du réseau. 40.000 livres anglaises en liquide ont été retrouvées sur place. Enfin, aux Pays-Bas, sept bateaux, 102 gilets de sauvetage et  cinq voitures ont été saisis. Deux personnes y ont aussi été interpellées et écrouées dans leur pays.

5 mises en examen en France

Présentés à un juge d’instruction de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Lille, les cinq interpellés en France ont été mis en examen. Quatre d’entre eux ont été placés en détention provisoire et un sous contrôle judiciaire. "C’est une belle opération menée en peu de temps pour ce réseau d’ampleur. On est intervenu rapidement car il en va de la vie des gens. Notre objectif était de démanteler ce réseau sans foi ni loi qui met en péril la vie des migrants dans le seul but de faire des bénéfices", poursuit le commissaire-divisionnaire Xavier Delrieu. 

Le travail n’est pas terminé pour les enquêteurs, d’autres réseaux continuant d’opérer chaque jour dans ce secteur et de s’enrichir en faisant traverser la Manche, à des hommes, femmes et des enfants.


Marie BELOT Marie Belot

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