Trop d’œuvres juives à l'Institut culturel polonais de Berlin ? La directrice licenciée, la Pologne dément

MÉMOIRE – Selon des médias allemands, la directrice de l’Institut culturel polonais de Berlin aurait été remplacée car trop encline à promouvoir des œuvres liée aux Juifs. La Pologne souhaiterait en finir avec cette "culture de la honte".
Selon des médias allemands, la directrice de l'Institut culturel polonais de Berlin Katarzyna Wielga-Skolimowska aurait été évincée de son poste par le ministère polonais des Affaires étrangères, à cause de l’importance trop grande qu’elle attachait aux œuvres juives. Une accusation vigoureusement démentie par l’ambassade de Pologne, mais qui s’appuierait sur une note privée du diplomate, selon l’agence de presse spécialisée JTA.
D’après les journalistes allemands qui ont révélé l’affaire, l’ambassadeur polonais en Allemagne Andrzej Przylebski se serait plaint dans un mémo privé que l'établissement diffuse trop de sujets juif-polonais, plutôt qu’ukraino-polonais ou lituano-polonais.
Le gouvernement polonais veut en finir avec la "culture de la honte"
"Lier la décision de rappeler notre collègue Katarzyna Wielga avec l’affirmation qu’elle est due à 'une proximité avec le sujet juif' est non seulement trompeur et faux, mais aussi particulièrement agaçant", a tenu à régir l’ambassade. Pas autorisée à s’exprimer dans les médias car toujours employée par le ministère des Affaires étrangères, l’ex-directrice a reçu le soutien du musée juif de Berlin, voyant en elle une "excellente représentante" de la Pologne.
Selon les observateurs, cette décision intervient sur fond de division idéologique en Pologne, entre les nationalistes conservateurs au pouvoir et les personnes adoptant une autocritique de l’histoire contemporaine polonaise (la communauté juive a presque été anéantie durant la Shoah, soit près de 2,7 millions de victimes sur les 6 millions, selon le dictionnaire de la Shoah). Le ministre de la Culture Piotr Glinski avait notamment fait référence à une "culture de la honte" à propos de l’Holocauste, que l’Institut de Berlin, entre autres, "promouvait". Selon le journal de gauche berlinois Tageszeitung, qui a révélé l’affaire, le régime conservateur polonais souhaiterait mettre en place une personne plus proche de son idéologie.
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Au printemps, Katarzyna Wielga avait pris la décision de diffuser le film "Ida", qui raconte l’histoire d’une femme prête à devenir nonne, avant d’apprendre ses origines juives et l’assassinat de ses parents par des voisins polonais. Après son visionnage, l’ambassadeur polonais avait demandé à l’Institut "de ne pas exagérer l’importance grandissante de la langue juive-polonaise dans les échanges interculturels en Pologne". Celle-ci a toujours été en avance sur les autres, précisait-il.
Il avait alors écrit que les langues ukraino-polonaise et lituano-polonaise devaient devenir prioritaire. Concluant d'un mystérieux : "Pour des raisons que je n’ai pas besoin de dire ici".
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