Trump soutient la candidature à la Cour suprême du juge Kavanaugh, accusé d'agression sexuelle

Publié le 17 septembre 2018 à 23h39, mis à jour le 18 septembre 2018 à 19h02
Trump soutient la candidature à la Cour suprême du juge Kavanaugh, accusé d'agression sexuelle
Source : AFP

NOMINATION - Le candidat de Donald Trump pour l'un des neuf postes de juges de la Cour suprême, Brett Kavanaugh, a été accusé dimanche d'agression sexuelle. Si le Sénat américain le confirme à son poste, l'institution sera durablement à droite.

Les observateurs politiques du pays parlent de la "décision la plus conséquente" du mandat de Donald Trump. Le juge conservateur Brett Kavanaugh, 53 ans, doit être confirmé jeudi par le Sénat avant de devenir, à vie, un des neuf juges de la Cour suprême. Il avait été choisi en juillet par le président américain mais, dimanche, il a été accusé par une femme de l'avoir agressée sexuellement dans les années 1980. Des accusations qui pourraient influer durablement sur la politique américaine.

Dimanche, la professeure de psychologie Christine Blasey Ford, a affirmé dans le Washington Post avoir été agressée sexuellement agressée au début des années 1980 par Brett Kavanaugh, qui était alors scolarisé dans un lycée près de Washington. Ce dernier et un ami l'auraient coincée dans une chambre lors d"une soirée alors qu'ils étaient "complètement ivres". 

La femme, désormais âgée de 51 ans, accuse Kavanaugh de l'avoir maintenue de force sur un lit, de se livrer à des attouchements par-dessus ses vêtements, puis d'avoir essayé de lui retirer. Elle raconte également qu'il lui a couvert la bouche avec la main alors qu'elle essayait de crier, puis qu'elle a réussi à se dégager et quitter la pièce.

Si Kavanaugh est confirmé, la Cour suprême basculera à droite pendant longtemps

Alors que le vote de confirmation du Sénat, prévu jeudi, semblait acquis, cette accusation pourrait le remettre en question. Donald Trump s'est montré néanmoins confiant lundi sur la confirmation de son candidat. "Je suis certain que cela va bien se passer", a-t-il déclaré, évoquant la possibilité d'un léger retard dans le processus. Le président américain, tout  en qualifiant Kavanaugh de "juge extraordinaire, respecté par tous", a estimé qu'il était important que "tout le monde" soit entendu et que le processus soit "parfait". Mardi, il a même affirmé qu'une enquête du FBI n'est pas nécessaire sur son candidat.

Christine Blasey Ford s'est dite prête à témoigner devant le Sénat, tout comme Brett Kavanaugh, qui conteste ces accusations et a rapidement fait savoir qu'il se tenait lui aussi disponible pour se défendre. L'enjeu de cette éventuelle audition est de taille, car la nomination de ce juge très conservateur va ancrer à droite la Cour suprême pendant de longues années. Actuellement, cinq des neufs juges sont de sensibilité conservatrice, et ceux-ci doivent trancher des questions de société épineuses comme l'avortement, la discrimination positive ou le mariage homosexuel.

L'élue républicaine qui pourrait tout faire basculer

Le camp démocrate tente depuis plusieurs semaines de ralentir le processus de confirmation au Sénat qui, selon la Constitution américaine, a le dernier mot sur les candidats désignés par le président. Ils cherchent à repousser cette confirmation après les élections parlementaires de novembre, regagner la majorité sénatoriale, actuellement détenue par les Républicains (51-49).

À cette heure, le vote en commission sénatoriale est toujours prévu jeudi sur la confirmation de Brett Kavanaugh, avant le vote final en séance plénière dans la foulée. Pour le président de la commission judiciaire du Sénat en charge du dossier, le républicain Chuck Grassley, Christine Blasey Ford "mérite d'être entendue". Mais il n'évoque pas une nouvelle audition et propose des entretiens par téléphone avec M. Kavanaugh et son accusatrice. 

Les dix sénateurs démocrates de la commission judiciaire ont demandé quant à eux que leurs travaux soient suspendus le temps que le FBI mène une enquête "complète" et "professionnelle". Tout comme la républicaine modérée Susan Collins, dont la voix est cruciale pour la confirmation de Brett Kavanaugh, et qui estime que "la Professeure Ford et le juge Kavanaugh devraient tous deux témoigner sous serment devant la commission judiciaire".

Catholique pratiquant et ancien conseiller de George W. Bush

Si le Sénat confirme sa nomination, Brett Kavanaugh remplacera Anthony Kennedy, 81 ans, qui a annoncé fin juin qu'il souhaitait prendre sa retraite. Il s'agira alors de la deuxième nomination effectuée par le président à la Cour suprême en 20 mois d'exercice de sa fonction.

Âgé de 53 ans, Brett Kavanaugh est membre de la Cour d'appel du district de Columbia depuis 2006. Conseiller de la Maison blanche sous la présidence Bush, il a travaillé pour le compte de Kenneth Starr, avocat qui a enquêté sur l'ancien président démocrate Bill Clinton dans les années 1990.  Arrivé en 2001 à la Maison Blanche, George W. Bush l'avait recruté parmi ses collaborateurs directs. Plus tard, le président républicain a nommé Brett Kavanaugh à la cour d'appel de Washington. Son épouse, Ashley, avec qui il a eu deux filles, a pour sa part officié comme secrétaire personnelle du président.

ARCHIVE - Discours de Brett Kavanaugh après sa nomination à la Cour suprêmeSource : Sujet JT LCI
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Tout du long de sa carrière, Kavanaugh a fait preuve de constance dans ses décisions, généralement à droite toute. En 2012, il avait fait partie d'un panel ayant annulé une mesure de l'EPA, l'agence fédérale de protection de l'environnement, visant à réduire la pollution de l'air entre les Etats. Récemment, il a exprimé son désaccord avec une décision permettant à une adolescente entrée clandestinement aux Etats-Unis de se faire avorter. Catholique pratiquant, il est actif dans diverses associations religieuses.

En étant choisi par Donald Trump, le juge Kavanaugh a fait mentir ceux qui pensaient que ses liens avec George W. Bush seraient rédhibitoires. Jeb Bush, le frère de l'ex-président, avait été la cible répétée de quolibets du président américain lors de la primaire républicaine en 2016. Surtout, il fait définitivement passer du côté conservateur une institution qui, jusqu'à présent, avait connu des périodes de progressisme, par la présence du juge Kennedy, conservateur, mais qui avait notamment pris position pour les droits de la communauté LGBT+ à plusieurs reprises.


La rédaction de TF1info

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