Tunisie : le ministre de la Santé limogé en plein pic de contamination

Publié le 21 juillet 2021 à 6h31
Une femme tunisienne reçoit une dose du vaccin chinois Sinopharm au Palais des Congrès de la capitale Tunis, le 20 juillet 2021
Une femme tunisienne reçoit une dose du vaccin chinois Sinopharm au Palais des Congrès de la capitale Tunis, le 20 juillet 2021 - Source : FETHI BELAID / AFP

CRISE SANITAIRE - Alors que le petit pays du Maghreb est ébranlé par un fort regain de l'épidémie et que les services hospitaliers sont à bout de souffle, le ministre de la Santé a été remercié mardi soir.

Des hôpitaux engorgés, des médecins qui pleurent au téléphone ou encore des pénuries d'oxygène... L'addition est salée pour le ministre de la Santé tunisien qui a été limogé, mardi soir, en plein regain de la crise sanitaire. Son départ coïncide avec le premier jour d'une campagne de vaccination exceptionnelle ouverte à tous les adultes pour la plus importante fête musulmane - l'Aïd al-Adha. Dans un communiqué lapidaire, le chef du gouvernement tunisien Hichem Mechichi a décidé de remercier le ministre de la Santé Faouzi Mehdi sans expliquer les raisons de ce limogeage. Il s'agit d'un nouveau coup porté au gouvernement qui est déjà affaibli par des tensions.

Hichem Mehdi est à l'origine de l'ouverture temporaire de la vaccination à tous les Tunisiens de plus de 18 ans pendant deux jours mardi et mercredi. Cette ouverture a entraîné une ruée dans les 29 centres de vaccination concernés. Au menu : des scènes de bousculades et de nombreuses déceptions face à l'épuisement rapide des doses disponibles. Le quotidien local La Presse de Tunisie n'hésite pas à parler d'un"fiasco".

Alors que de nombreuses personnes ont été laissées sur le carreau, le ministère de la Santé avait annoncé plus tôt dans la journée qu'il la poursuivrait "pendant les prochains jours" avant de restreindre l'accès à la vaccination aux plus de 40 ans dès mercredi pour éviter de nouvelles cohues. Le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, deviendra ministre de la Santé par intérim, dans un gouvernement déjà affaibli par le départ de nombreux ministres non remplacés après un remaniement resté inabouti.

Seulement 8% de la population vaccinée

Depuis mars, la Tunisie convoque ses habitants pour se faire vacciner par tranche d'âge. Seuls les plus de 50 ans et certaines professions prioritaires sont pour le moment concernés alors que le pays connait depuis quelques semaines une hausse des cas inédite avec des hôpitaux débordés.

La Tunisie a officiellement enregistré près de 550 000 cas de coronavirus, dont 17 644 décès. La campagne de vaccination est longtemps restée poussive, d'autant que les stocks de vaccins étaient jusqu'à récemment très limités. Quelque 937 000 personnes ont été complètement vaccinées, soit environ 8% de la population, un taux trop bas pour freiner la contagion même s'il est parmi les plus élevés d'Afrique.

Face à la détresse du personnel médical et des patients malades du Covid-19, de nombreux pays ont envoyé de l'aide médicale ces derniers jours. La Tunisie, 12 millions d'habitants, dispose désormais d'environ 3,2 millions de doses et devrait dépasser les 5 millions de vaccins disponibles à la mi-août, a indiqué le ministère de la Santé." C’est une course contre la montre", a indiqué la pédiatre Rafla Tej Dellagi, responsable du centre de vaccination de Tunis centre. Selon elle, il faudrait vacciner 100 000 personnes par jour contre 40 000 actuellement pour couper la chaîne de transmission. 

Les vaccins devraient être accessibles en pharmacies à partir de la semaine prochaine pour les personnes âgées de plus de 40 ans. Le gouvernement s'est vu reprocher sa gestion de l'épidémie, notamment après une réunion gouvernementale dans un hôtel haut de gamme avec piscine à Hammamet (est), ce week-end, en dépit des interdictions de circuler et alors que des dirigeants d'hôpitaux, à bout, craquaient.


La rédaction de TF1info

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