Ukraine : L'Europe défie la montagne russe

Publié le 20 mars 2014 à 17h54
Ukraine : L'Europe défie la montagne russe

UKRAINE - Les dirigeants européens tentent de trouver une riposte commune au rattachement de la Crimée à la Russie. Mais les intérêts économiques pèsent lourd. Et Vladimir Poutine n'a pas dit son dernier mot.

Le fossé se creuse entre l'Europe et la Russie. Pomme de discorde, la Crimée va en effet officiellement battre pavillon russe ce vendredi, après l'ultime feu vert de la Douma pour son rattachement à Moscou. Ironie du calendrier, l'Ukraine post-Ianoukovitch va acter au même moment son divorce avec le voisin russe, en signant le volet politique d'un accord d'association avec l'UE. Diplomatique, le duel pourrait se muscler ces prochaines heures. Car la volonté de Vladimir Poutine de remodeler les frontières de la Russie n'a jamais été aussi forte, poussant les Européens à trouver une riposte crédible.

Que peut faire l'Europe ?
Une première vague de sanctions a été adoptée lundi par Bruxelles. Plutôt symboliques – un gel des avoirs et des visas -, elles concernent un nombre limité de responsables russes. Les récents événements - la mort d'un militaire ukrainien en Crimée - poussent l'Europe à muscler son jeu : François Hollande a annoncé l'annulation le sommet UE-Russie prévu en juin à Sotchi, son homologue Angela Merkel soulignant que le G8 prévu connaître le même sort. Des mesures qui pourraient faire mouche, comme nous l'explique le géopolitologue et directeur du site Diploweb Pierre Verluise. "Poutine a une obsession : être à la table des négociations et ne pas avoir le sentiment d'être humilié. L'annulation d'un sommet où se manifeste la puissance russe peut le contrarier."

Qui a le plus besoin de l'autre ?
Face aux élans guerriers de Poutine , certaines voix s'élèvent pour attaquer le portefeuille Moscou.
Sur ce front, l'UE est en position de force : elle représente 50 % du commerce extérieur de la Russie. La Russie, elle, ne constitue que 1 % du sien. Reste la question du gaz russe, qui représente 25 % de la consommation européenne, et dont certains pays s'inquiètent déjà d'une coupure des livraisons. Autre piste avancée par l'Europe : imposer des sanctions bancaires pour plomber la confiance dans l'économie moscovite. La France pourrait aussi repousser la vente de deux navires militaires Mistral, et le Royaume-Uni l'engouement des sociétés russes pour la City de Londres.

A-t-on déjà fait plier Moscou dans un dossier similaire ?
Selon Pierre Verluise, "ceux qui ont déjà réussi à faire plier Moscou sont les Américains durant la guerre froide, en relançant en 1983 la course aux armements qui entrainera la chute de l'URSS en 1991." Nicolas Sarkozy, lui, avait freiné l'avancée russe en Georgie, en 2008. "Mais le retrait des soldats russes d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie ne s'est pas fait. Aujourd'hui, la Georgie n'est pas souveraine sur 20 % de son territoire", tempère le géopolitologue.


Thomas GUIEN

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