Une journaliste française accusée de soutenir le terrorisme expulsée par la Chine

Publié le 26 décembre 2015 à 10h52
Une journaliste française accusée de soutenir le terrorisme expulsée par la Chine

LIBERTÉ DE LA PRESSE – La Chine a confirmé l'expulsion de la correspondante de L'Obs à Pékin. Ursula Gauthier est accusée de soutenir des "actes terroristes" dans un article qui décrit la politique répressive du régime sur une minorité musulmane chinoise, les Ouïgours.

C'est une première depuis trois ans. Une journaliste française, correspondante de l'hebdomadaire L'Obs à Pékin, va être expulsée de Chine au 31 décembre. Elle est accusée par les autorités de "défendre de manière flagrante des actes terroristes". En cause : un article de la journaliste sur la politique répressive de Pékin sur une minorité musulmane du pays.

La Chine a demandé des excuses publiques de la journaliste, mais face au refus de celle-ci, qui a qualifié ces excuses d'"impensables", la carte de presse et le visa d'Ursula Gauthier n'ont pas été renouvelés pour l'année 2016.

Un article qui relate la répression de Pékin sur une minorité musulmane

L'article mis en cause - intitulé "Après les attentats, la solidarité de la Chine n'est pas sans arrière-pensées"- se penchait sur la réaction de Pékin après les attaques meurtrières du 13 novembre à Paris. La Chine a vivement condamné ces attentats, et a par la même occasion appelé au soutien international dans sa propre lutte contre le terrorisme, à savoir "l'écrasement sans merci de la minorité musulmane Ouïgour", écrit la journaliste.

Ursula Gauthier y décrit les mesures répressives et la politique "antiterroriste" des autorités chinoises au Xinjiang, région en proie depuis deux ans à une recrudescence de violences où vivent les Ouïgours. Cette minorité musulmane turcophone subit des discriminations ethniques, culturelles et religieuses grandissantes. En septembre, des habitants se sont rebellés, poussés à bout par cette répression, "probablement pour venger un abus, une injustice" rapporte la journaliste : l'attaque a fait une cinquantaine de morts, et Pékin a qualifié cette attaque de "terroriste", refusant de reconnaître sa responsabilité dans la montée de l’exaspération des minorités.

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Son compte Facebook saturé d'insultes

L'article a suscité la vindicte des autorités chinoises, qui ont considéré qu'il revenait à justifier les violences survenant au Xinjiang, qu'elles qualifient d'"actes terroristes". Depuis, la journaliste est l'objet d'attaques dans la presse chinoise et son compte Facebook est saturé d'insultes, rapporte L'Obs. L'article n'a pourtant pas été traduit en chinois, et est inaccessible en version française sur le web en Chine, où s'applique une stricte censure.

Depuis six ans, Ursula Gauthier est en poste en tant que correspondante à Pékin. Elle est la première journaliste étrangère à faire l'objet d'une mesure d'expulsion par Pékin depuis 2012 et l'expulsion de Melissa Chan , qui travaillait pour la chaîne de télévision Al Jazeera.

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La rédaction de TF1info

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