Afflux de migrants aux Etats-Unis : Joe Biden face à la crise

V. F
Publié le 7 avril 2021 à 14h26

Source : TF1 Info

ACCUEIL - Alors que l'afflux de migrants à la frontière mexicaine crispe de plus en plus l'opinion américaine, Joe Biden a souhaité, dans une vidéo, la bienvenue aux centaines de milliers de personnes qui traversent la frontière légalement. Une façon de rappeler que les États-Unis sont une terre d'immigration.

Deux mois seulement après son entrée en fonction, Joe Biden doit gérer sa première crise liée à l'afflux de migrants sur le sol américain. Les républicains lui reprochent de ne pas avoir totalement bouclé la frontière de près de 3.200 km avec le Mexique et l'accusent d'avoir provoqué cette situation. Tandis que les démocrates progressistes lui reprochent de ne pas accepter plus de migrants et de tarder à améliorer leurs conditions d'accueil, alors que les centres de rétention regorgent de monde. Mais pour le président américain, ces flux ne sont pas nouveaux : "Les gens quittent le Honduras, le Guatemala, le Salvador d'abord à cause des tremblements de terre, des inondations, du manque de nourriture et de la violence des gangs", a-t-il rétorqué, rappelant avoir confié à sa vice-présidente Kamala Harris le soin de travailler avec ces pays pour s'attaquer aux causes structurelles des migrations. 

Des milliers de mineurs isolés

En attendant, sur le terrain la situation se tend : en février, près de 10.000 mineurs isolés ont franchi illégalement la frontière, soit 28% de plus qu'en janvier. Et en mars, plus de 14.000 sont arrivés, selon les autorités, qui estiment que leur nombre continuera d'augmenter. Oscar, 12 ans, est l'un d'eux. Il a accosté le 27 mars au Texas après avoir traversé le Rio Grande sur un bateau piloté par des passeurs. "Je suis venu tout seul", dit-il face aux caméras dans e reportage de TF1 en tête de cet article, après un dangereux voyage d'un mois depuis le Guatemala. 

"Je suis venu ici parce que nous n'avions rien à manger", explique ce garçon maigre aux grands yeux noirs, apeuré et affamé, qui a débarqué à Roma, une petite ville américaine à la frontière mexicaine, avec plusieurs familles de migrants. Avant de partir, "ma mère m'a dit : 'ne pleure pas'. Mais j'ai pleuré", raconte cet enfant unique d'une femme de ménage célibataire, qui ne peut retenir ses larmes. "Le pire de ce voyage, dit-il, ce sont les 12 heures passées dans un semi-remorque sans aération rempli de migrants près de la frontière avec le Mexique. "Il faisait chaud et les gens ont commencé à s'évanouir", se rappelle-t-il, espérant bientôt retrouver son oncle, qui vit à Los Angeles depuis 15 ans.

Les conditions sont spartiates

Une fois sur le territoire américain, par petits groupes, les migrants parcourent quelques centaines de mètres pour se rendre aux agents de la police aux frontières. Souvent leur voyage a été long et périlleux, certains préfèrent conserver l'anonymat pour s'exprimer. "J'ai été bloqué deux ans au Mexique avant d'arriver. C'était dur. Toute ma famille est restée à Cuba", explique un jeune homme. Parfois ils sont accompagnés de personnel médical. Ils viennent de passer le test du Covid dans des tentes dressées derrière des grilles. Certaines familles sont aussi accueillies dans un centre géré par des religieuses où elles reçoivent de la nourriture et des affaires de toilette. Mais les conditions sont spartiates. 

Et cela ne devrait pas s'améliorer, car le nombre de migrants augmente tous les jours. Résultat, dans les tentes s'entassent près de 3000 personnes, dont de très nombreux enfants. Là où ces installations étaient faites à l'origine pour 250 personnes. Une situation qui scandalise une bonne partie de l'opinion publique américaine. À l'intérieur se trouvent de nombreux mineurs isolés qui n'ont aucun espace et qui sont retenus dans ces centres en attendant d'être placés dans des familles d'accueil. Alors que la loi exige que les enfants n'y passent pas plus de 72 heures, il y bien longtemps que ce délai n'est plus respecté. 

Pendant ce temps, le long du Rio Grande, la surveillance s'exerce 24 heures sur 24 sur les chemins qui bordent le fleuve. Cela fait dix ans que l'officier de police Santos Alaniz  travaille dans la région. Il en connaît tous les recoins et pense que les migrants vont être de plus en plus nombreux à essayer de venir aux États-Unis. "Sous l'administration Trump l'immigration avait diminué, mais avec Joe Biden ils pensent tous qu'ils vont avoir l'asile politique, donc ils sont plus nombreux à tenter leur chance", analyse-t-il. 

Le mois dernier, près de 100.000 personnes ont franchi illégalement la frontière et les autorités américaines s'attendent à l'afflux de migrants le plus important de ces vingt dernières années. 

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