VIDÉO - Afghanistan : en dehors de Kaboul, à quoi ressemble la vie sous le joug des talibans ?

V.F
Publié le 15 septembre 2021 à 10h01

Source : JT 20h Semaine

REPORTAGE - Loin de la capitale afghane, dans les campagnes, les nouveaux maîtres du pays ont déjà imposé leur application très stricte de la charia. Les envoyés spéciaux de TF1 nous racontent.

Dans la province du Logar, dans l'est de l'Afghanistan, se dresse à flanc de montagne un petit village où tout parait paisible. Shabir est surpris de voir débarquer des journalistes loin de l'agitation de la capitale. Il garde ses quatre moutons et semble se montrer satisfait de la situation : "Les talibans ont ramené la sécurité, vous savez, on est mieux. La guerre est finie", dit-il dans le reportage du JT de 20H en tête de cet article.

Peut-il seulement penser autre chose, alors qu'à quelques mètres de lui patrouille un groupe de talibans ? Ils se sont installés dans le village il y a un mois et ont aussitôt interdit aux femmes de sortir de leurs maisons. Au milieu d'un champ, Shoukria accepte tout de même de parler aux envoyés spéciaux de TF1, mais elle semble sur le qui-vive et se cache le visage. Elle ramasse des pommes de terre avec ses filles et avoue qu'elle a peur. "Ils peuvent me faire du mal s’ils veulent, ils interdisent que nos filles aillent à l’école pour le moment", lance-t-elle.

La petite Oussna et ses sœurs paraissent également bien tristes. "On voudrait bien retourner à l’école, c’est interdit pour nous les filles, mais les garçons, eux ils ont le droit", raconte-t-elle, avant de rentrer sans tarder avec sa mère. Les hommes du village confirment que les talibans ont déjà imposé leur loi. Il n'est par exemple plus possible de se raser ou d'écouter de la musique. Mais pas seulement. Hazanat fait visiter la mosquée et explique que les talibans impose de venir y prier cinq fois par jour. "C'est obligatoire", lâche-t-il. Et de poursuivre : "Celui qui ne vient pas, il sera puni : sûrement battu, frappé avec un bâton très dur au centre du village". 

On a ramené la sécurité. On a anéanti tous les groupes armés. Et s’ils réapparaissent, on montera une opération militaire.
Ziaulhak Ahmed, chef de la police de Pul-e-Alam

Ce sentiment de peur s'efface peu à peu à l'approche des villes. Munis d'une autorisation, les envoyés spéciaux de TF1 arrivent à Pol-é 'Alam, la capitale de la province du Logar, située à seulement 50 km au sud de Kaboul. Une rencontre avec le chef de la police s'impose. Ziaulhak Ahmed est un commandant taliban ultra-religieux "qui ne sourit jamais", si fier d'avoir conquis cette ville. "Depuis qu’on a repris la ville et tout le pays, il n’y a plus d’attaques, ni d’attentats. On a ramené la sécurité. On a anéanti tous les groupes armés. Et s’ils réapparaissent, on montera une opération militaire", prévient-il.

Pour avoir le droit de filmer dans la ville, deux talibans accompagnent l'équipe de journalistes. Dans leur voiture, les chants islamiques résonnent dans le transistor. C'est la seule musique désormais autorisée. D'ailleurs, on n'entend plus que ça dans les rues. Les habitants disent qu'ils apprécient la paix revenue et qu'ils sont heureux sans les Américains, mais avec les talibans. 

Le sont-ils vraiment ? Peu de femmes sont visibles à l'extérieur et celles qui s'y risquent portent toutes le voile intégral afghan. Kalsoum dit qu'elle ne peut pas faire autrement : "Si je ne mets pas ma burka, mes frères seront très énervés et vont m’insulter. J’aurai de gros problèmes. Les gens ne doivent jamais voir mon visage. C’est interdit. C’est comme ça, je suis habituée. Et quand je sors au bazar, je dois être accompagné d'un homme". Soudain, la jeune femme s'éloigne rapidement. La présence des journalistes commence à créer une certaine tension. Il est temps de quitter les lieux. 


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